Avec 10 nouveaux datacenters d’ici à 2017, OVH change de dimension
C’est sous le patronage d’Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat au Numérique et à l'Innovation que l’édition 2016 de l’OVH Summit a ouvert ses portes cette semaine à Paris. Une édition marquée par l’annonce par Octave Klaba de l’ouverture prochaine de 10 nouveaux datacenters.
Engagé dans une bataille mondiale avec Amazon Web Services, Microsoft, IBM et Google, OVH doit accélérer sa croissance pour passer du statut de 3ième hébergeur Web mondial au classement très fermé des opérateurs Cloud de taille planétaire.
C’est en plein mois d’août qu’Octave Klaba, fondateur et président d’OVH, annonçait d’un tweet l’entrée de deux fonds d’investissement au capital d’OVH, les fonds KKR et Towerbrook. Celui qui a mené cette ouverture du capital d’OVH, Nicolas Boyer, directeur financier d’OVH a livré quelques détails sur cette opération.
« Pourquoi une entreprise familiale comme OVH, qui a toujours su financer sa croissance seule ou avec ses banquiers, a-t-elle décidé de faire venir des investisseurs extérieurs ? Je le résume en un seul mot : vitesse ou plutôt accélération. La vitesse a toujours été une obsession pour nous mais cette levée de fond va nous permettre d’accélérer encore. »
Le directeur financier souligne que les clients d’OVH réclamaient plus d’infrastructures, plus de produits innovants, plus de services à destination du marché professionnel et entreprise, plus de datacenters sur d’avantage de zones géographiques et un réseau plus performant et plus global.
« Nous vous avons écouté et traduit ces attentes avec un gigantesque plan d’investissement de plus d’un milliard et demi d’euros pour les cinq prochaines années », a-t-il ajouté à destination des 2 500 personnes assistant à la conférence d’ouverture.
Attaqué en France par Amazon, Microsoft et Salesforce, OVH devait répliquer
C’est bien évidemment à Octave Klaba qu’est revenue la charge de détailler ce plan d’investissement. Si ce dernier a détaillé les multiples nouveaux services que compte lancer OVH dans les semaines et mois à venir, c’est sur le volet des datacenters que son discours était le plus attendu.
De nombreux clients et journalistes étaient dans la salle et désormais la puissance d’un opérateur Cloud ne se juge pas au nombre de salariés ou à ses budgets publicitaires, mais bien au nombre de datacenters qu’il peut aligner dans son infrastructure.
Attaqué sur son territoire national après les annonces de Salesforce.com puis d'Amazon Web Services et tout récemment de Microsoft de se doter de datacenters en France, OVH peut de moins en moins s’appuyer sur un argumentaire « souverain » pour tenir les américains à distance. OVH doit répliquer et montrer que lui aussi est capable d’accompagner ses clients aux Etats-Unis et en Asie.
« Comment peut-on être de taille mondiale lorsqu’on opère 17 datacenters dans deux pays seulement. On ne peut pas ! », reconnait Octave Klaba. Et d’ajouter : « 27 datacenters dans 11 pays, c’est déjà mieux. Le réseau d’OVH fait déjà letour du monde. Il part d’Europe, traverse l’Atlantique, arrive sur la côte est des Etats-Unis, traverse les Etats-Unis, passe le Pacifique pour s’arrêter à Singapour et enfin revient en France par Marseille. Sur ce réseau, nous connectons 10 nouveaux datacenters : Singapour, l’Australie, la Pologne, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Espagne et bien sûr les Etats-Unis. »
Trois de ces nouveaux datacenters sont d’ores et déjà opérationnels. Il s’agit de Varsovie, de Singapour et de Sydney. OVH prend déjà les précommandes de ressources dans ces centres, pour une livraison annoncée dans quelques jours, a promis le fondateur d’OVH.
OVH aux US, un problème de Majijuana
Dans son ascension vers le statut d’opérateur Cloud mondial, la zone géographique la plus critique pour OVH sera bien évidemment les Etats-Unis.
OVH veut se doter d’un datacenter sur la côte est et d’un second sur la côte ouest.
Le premier est situé en Virginie, non loin de Washington et surtout d’Ashburn, la capitale mondiale des datacenters, si l'on en croit le fondateur. L’ouverture de ce premier datacenter OVH aux Etats-Unis serait proche.
En revanche, sur la côte ouest, Octave Klaba a partagé ses difficultés à trouver un site adéquat pour faire du hosting. « Nous avons dû faire face à un concurrent totalement improbable et c’est la première fois dans ma vie que je suis en concurrence avec… les producteurs de marijuana. La production a été légalisée dans plusieurs Etats de l’ouest des Etats-Unis et tous les grands bâtiments qui disposent d’une forte alimentation électrique ont disparu du marché. Nous ne désespérons pas et nous devrions démarrer début 2017. »
Pour l’Europe, OVH annonce vouloir démarrer des infrastructures en Allemagne et au Royaume-Uni entre mars et avril 2017, puis en Italie et en Espagne en juin et juillet 2017.
Avant la fin de l’année 2017 viendront enfin s’ajouter les Pays-Bas.
« Cela signifie que nous clients pourront exploiter l’ensemble de notre gamme de services partout dans le monde. Ils vont pouvoir faire du scale-out de leurs infrastructures dans nos datacenters. »
OVH veut être légitime auprès des grandes entreprises
Acteur incontournable de l’hébergement Web, OVH veut manifestement séduire les grandes entreprises multinationales. Le groupe a signé un partenariat avec Capgemini en ce sens et surtout, il va mettre à la disposition des multinationales une infrastructure réellement internationale qui va enfin intégrer les Etats-Unis (OVH n’était présent qu’au Canada) et surtout l’Asie.
Sur le plan technique, cette offensive intègre aussi la dimension Cloud hybride.
« Les entreprises qui disposent d’un Cloud interne n’ont pas cette capacité de réaliser un scale-out, notamment à l’international. C’est pourquoi je suis un grand fan des architectures Cloud hybride. Avec vRack Connect, vous pouviez interconnecter le Cloud interne avec OVH, profiter des instances cloud publics, privées, des VPS, des serveurs dédiées OVH, etc. Il s’agit d’une connexion dédiée entre nous et vous. C’est une solution idéale lorsqu’on a besoin de beaucoup de bande passante de type 1 Gbit/s, 10 Gbit/s ou même 40 Gbit/s. Aujourd’hui, j’annonce un nouveau service vRack Easyconnect, la meilleure solution lorsqu’on a besoin de 200 Mbit/s à 1 Gbit/s de bande passante. Les clients Equinix Cloud Exchange sont déjà connectés sur la plateforme et cette connexion peut être étendue jusque chez OVH. »
Octave Klaba a promis d’autres accords inter-Cloud de la sorte à l’avenir, preuve de l’ouverture d’OVH sur le marché du Cloud.
Une feuille de route très chargée
D’ailleurs, la fin d’année et surtout 2017 s’annoncent extrêmement chargé pour l’hébergeur français, car en parallèle la roadmap produit est particulièrement riche. Côté services, OVH se positionne sur l’hébergement du backend des applications mobiles avec sa nouvelle offre Mobile Hosting, et sur l’hébergement VDI avec une offre d’hébergement de postes de travail qui, selon le fondateur d’OVH connait déjà un grand succès.
Enfin, OVH devrait décrocher son agrément d’hébergement de données de santé, ce qui va lui ouvrir de nouveaux horizons en France.
Pour le volet purement technique, de nouveaux serveurs dédiés quadri-processeurs sont annoncés, de même que l’arrivée des puces FPGA qui va venir compléter la gamme d’instances avec GPU.
Enfin, avec Kosc Telecom, OVH veut étendre son offre commerciale jusqu’au déploiement de liens optiques FTTH auprès des entreprises. Octave Klaba a maintenant les moyens de ses ambitions et il compte bien le montrer dans les mois à venir.