Cloud Foundry : la communauté se donne les moyens de pérenniser le Paas Open Source

S’il reste le socle Open Source des Paas les plus importants du marché, Cloud Foundry doit s’appuyer sur sa fondation pour structurer sa communauté et imposer un modèle de gouvernance pérenne. L’édition 2016 du Cloud Foundry Summit Europe a permis de constater les travaux en cours.

Le projet désormais hébergé par la Linux Foundation, en tant que projet collaboratif, et encadré par ses précieux mécanismes collaboratifs, la Cloud Foundry Foundation a décidé de mener une mission de structuration de sa communauté. Et d’y placer les utilisateurs aux côtés des fournisseurs. C’est l’un des messages que nous aurions pu extraire de l’édition 2016 du Cloud Foundry Summit Europe qui s’est tenu le mois dernier à Francfort.

Sam Ramji, CEO de la Cloud Foundry Foundation, présent lors de l’événement, a décrit quelques dispositifs en place dont la vocation est de stimuler une communauté mondiale, mais aussi d’assurer la pérennité d’une technologie qui sert de socle à d’autres plateformes du marché. Cisco, SAP, HPE, Pivotal (son créateur) et IBM avec Bluemix font partie des membres de cette fondation et ont tous misé sur ce Paas Open Source comme fondation de départ.

Si jusqu’alors la fondation était justement marquée par une présence marquée des fournisseurs IT, l’heure est aujourd’hui de donner la parole aux utilisateurs de Cloud Foundry, avec pour objectif de leur laisser défendre leurs intérêts. La communauté doit être une caisse de résonnance de tous, aurait d’ailleurs pu marteler Sam Ramji.

Dessiner des usages verticaux avec les utilisateurs

Delà sont nés des SIG (Special Interest Groups), des groupes d’intérêts qui font émerger des cas d’usage afin de mieux cibler les besoins métiers. L’idée est bien de confronter utilisateurs et fournisseurs. Presque logiquement, l’Internet des objets (IoT) est l’un thème porteur. Des grands noms du secteur comme Bosh Software, General Electric (GE) ou encore Siemens sont parti de la fondation et compte appuyer sur les développements.

Conséquence logique : Sam Ramji s’est fixé pour mission d’inclure davantage des utilisateurs dans les processus de gouvernance de la fondation. « Remettons à plat les règles concernant la collaboration avec l’industrie », illustre-t-il, histoire de ne pas être qu’une fondation de fournisseurs IT. Six sièges ont donc été ajoutés au board de la fondation pour faire de la place  à ses représentants de l’industrie. « Nous sommes en discussion avec nombre d’utilisateurs de Cloud Foundry pour leur proposer un siège au board afin qu’ils puissent participer à la gouvernance de la fondation. Bosh, Siemens, Daimler, UBS, Ericsson, ...autant d’industriels qui « doivent comprendre que leurs intérêts sont ici bien représentés, et ce pour de nombreuses années ».

Pour le moment, toutefois, les contributions de code de ces utilisateurs restent limitées. Mais, « nous sommes dans une mécanique qui doit encore mûrir. Depuis des années, certaines entreprises paient des prestataires pour développer du code. Mais ils se rendent désormais compte qu’elles peuvent aussi y dédier des ingénieurs. » GE, qui mène actuellement une stratégie d’évolution vers le logiciel, fait par exemple parti des sociétés qui contribuent au quotidien.

Inclure les utilisateurs dans les développements et la gouvernance d’une fondation Open Source n’est pourtant pas nouveau. L’un des succès de la fondation Eclipse repose justement sur le fait d’avoir inclus dans son équation des membres actifs, utilisateurs des outils de développement, et d’avoir été à l’écoute. Certains projets de la fondation Eclipse sont même le résultat d’une contribution d’un de leurs membres. A l’image du projet de modélisation Java Papyrus, né chez Ericsson.

Un 2e centre d’excellence à Walldorf en Allemagne

Mais dans cette stratégie d’ouverture aux contributions, il est également nécessaire de maintenir un niveau de qualité du code. C’est là qu’intervient alors le programme de formation Cloud Foundry Dojo, un autre dispositif qui sert à semer les graines d’une communauté ramifiée. Son concept : former des développeurs aux spécificités techniques de la plateforme et aux principes de la contribution. Il s’agit d’un programme de 6 semaines pendant lesquels les développeurs s’exercent aux méthodes de test et développement et à l’Extreme Programming, par exemple. Un processus accéléré en somme pour accroitre naturellement le nombre de contributeurs et au final de contributions, résume encore le CEO de la fondation. 

Concrètement, avant de mettre les mains dans le code, explique  Cornelius Schumacher, un responsable de l’ingénierie chez Suse, « on démarre par une relation à distance ». Puis le développeur est finalement pris en main par une série de spécialistes au sein du Dojo, en fonction de leurs compétences, du projet ou du code dont ils sont responsables.  La formation repose donc sur ce principe de tandem permanent formateur / apprenant, sur les principes du Pair Programming, résume encore Cornelius Schumacher. « La prise en main avec la technologie est certes importante, mais le côté relationnel pour le partage de connaissances l’est tout autant. »

Plusieurs dojos a été mis en place aux Etats-Unis, dont un à San Francisco dans les locaux de Pivotal, mais cette localisation n’est pas facile d’accès pour tous. Aux développeurs donc qui en sortent de créer leur propre Dojo dans le monde et d’alimenter ainsi un réseau de contributeurs.

En Europe, un premier Dojo s’est déjà installé à Londres, mais SAP a décidé d’en créer un second à Walldorf pour stimuler la communauté européenne. La fondation compte également multiplier les Dojos en Chine, assure encore son CEO.

Des certifications pour garantir la promesse d’interopérabilité

L’autre levier que Sam Ramji a décidé d’activer pour structurer la communauté est les certifications. Si certes, Cloud Foundry, tout comme OpenStack, sont censés traduire les promesses d’interopérabilité des Clouds, seules l’Open Source et la fondation ne peuvent pas garantir une cohésion entre fournisseurs. Les certifications créent donc le ciment nécessaire. « Lorsque vous avez plusieurs entreprises autour d’un même projet, il est nécessaire d’avoir certains standards. Les certifications ont donc été conçues pour garantir un terrain d’entente commun. Que ce soit IBM, HPE, Pivotal, SAP, VMware, Cisco ou  encore Swisscom, cela propose une zone identique et commune », lance Sam Ramji.

Mais au-delà de cela, ce sceau certificateur est aussi - surtout - une façon de sécuriser et de pérenniser la technologie et sa communauté. « J’ai pu apprendre que dans l’Open Source, en tant que fondation, il est nécessaire de détenir la marque. La chose la plus importante que nous ayons fait l’année dernière est de s’approprier la marque Cloud Foundry. Ainsi, si vous utilisez désormais la marque Cloud Foundry, vous faites la promesse aux utilisateurs que cela fonctionnera comme toutes les autres plateformes Cloud Foundry. Si vous cassez et modifiez les interfaces, et que cela ne fonctionne pas de la même façon, vous ne pourrez pas l’appeler Cloud Foundry », souligne-t-il.

A ce jour, 11 entreprises ont reçu cette certification.

 

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