MS Experiences : Microsoft installe bien deux datacenters en France…pour commencer
Microsoft commencera par installer deux datacenters sur le sol français, localisés dans la région parisienne et le sud de la France. Pour les partenaires, certains verrous du Cloud sautent.
Ce sera finalement deux datacenters que Microsoft ouvrira en France en 2017. A l’occasion de la 2e journée de son événement Microsoft Experiences qui se tient actuellement à Paris, Scott Guthrie, le vic-président de la division Cloud et Entreprise du groupe – l’autre star américaine après le CEO Satya Nadella également présent lors de cet événement – a confirmé que Microsoft ouvrira un datacenter dans la région parisienne et un second dans le sud de la France, sans autre précision.
« Nous pouvons garantir que toutes les données qui y seront stockées ne quitteront pas la France », a-t-il ajouté, rappelant au passage que ces centres sont là aussi pour répondre aux régulations européennes, et françaises, en matière de protection des données. « Le Cloud Microsoft a plus de certifications (de sécurité, ndlr) que tous les autres fournisseurs », rappelle -t-il encore, pointant du doigt la régulation européenne
Cette arrivée de 2 datacenters Microsoft en France suit ironiquement l’annonce par AWS de la création d’une région sur le sol français. AWS, de son côté, compte dès 2017 délivrer 3 zones de disponibilités dans cette région France, supportées par 3 datacenters au minimum, nous avait précisé un porte-parole d’AWS.
Ce que Scott Guthrie avait à l’esprit, lorsqu’il a rappelé au public français que Microsoft avait déployé 36 régions dans le monde, soit « plus que AWS et Google ». En Europe, Microsoft a déployé ses datacenters à Dublin et à Amsterdam, par exemple.
Et comme pour montrer ce que représente la France en matière de Cloud, Microsoft a fait défiler les représentants d’AccorHotels, d’Orange Business Services et de Dassault Systèmes sur scène. Il a aussi convié Ben Golub, le CEO de Docker, le fleuron des conteneurs, à parler de ses relations avec l’éditeur de Redmond et Azure.
Si pour l’heure, ce sont deux datacenters, d’autres pourraient également voir le jour, précise Microsoft lors de son événement. Sans toutefois préciser s’il comptait, ou pas, s’adosser à un partenaire opérateur de datacenters sur le sol français. Quoiqu’il en soit, apprenons-nous, il s’agira d’un modèle calqué sur celui de l’Angleterre, où Microsoft contrôle toutes les couches. En Allemagne, Microsoft repose sur T-Systems qui sert de tiers de confiance. Mais, pour le moment, Microsoft n’en dira pas plus, ni sur le choix de l’implantation ni sur ce qui sera déployé dans les centres.
Microsoft a par exemple annoncé lors de sa récente conférence Ignite l’intégration de puces programmables (FGPA) à certains de ses centres . Leur objectif est d’adapter son infrastructure aux environnements de traitements des données à grande échelle.
Déverrouiller une partie du marché
Pour l’heure, les partenaires de l’éditeur accueillent favorablement ces datacenters d’Azure. A l’image d’Hortonworks, un partenaire technologique de Microsoft autour d’Hadoop – Hortonworks a par exemple co-développé la distribution Hadoop HDInsight pour les environnements Windows et Azure. « Nous connaissons plusieurs clients qui veulent aller sur le Cloud, mais à cause de contraintes règlementaires, ne peuvent pas choisir n’importe quel fournisseur », résume Abdelkrim Hadjidj, ingénieur solution chez Hortonworks, présent sur l’événement. Pour lui, cette présence physique est « un frein en moins pour les clients français ». D’autant que, justement, certains clients issus du secteur public – et donc assujettis à des contraintes de localisation des données – semblent être intéressés par le Cloud chez Hortonworks.
Un point sur lequel s’accorde aussi Laurent Perret, responsable des projets d’intégration Cloud pour les activités Cloud Infrastructure Services France de Capgemini – Sogeti. Pour lui, cette dimension physique « fait sauter beaucoup de freins quant à la localisation des données ». Mais pas uniquement pour le secteur public. Il évoque également les problématiques des acteurs de la santé ou encore de la banque ou de l’assurance. Des secteurs certes très contraints par des contextes réglementaires changeants et rigoureux, mais également sous pression d’un point de vue concurrentiel. Comprendre les Fintech par exemple, pour les services bancaires. Pour ses acteurs historiques, «le Cloud (s’ils sont désormais libres d’y aller) leur permet de répondre à l’agression des Fintech. »
En revanche, chez les OIV (opérateurs d’importance vitale), des secteurs très protégés, cela ne changera rien, poursuit-il , rappelant que le Patriot Act est toujours actif. « Les OIV ne veulent qu’aucune donnée ne soit hébergée chez un hébergeur soumis au Patriot Act (qui implique qu’un juge américain puisse avoir le droit de regard sur les données des utilisateurs). »
Et comme avec AWS, la présence de datacenters sur le sol français n’aura pas d’impact d’un point de vue performance et technique, souligne-t-il. Microsoft proposant des points de présence en France, dont un à Paris.
Restera enfin une question : cela aura-t-il un impact dans le choix des plateformes ? Un client préférera-t-il une plateforme Microsoft (ou AWS) à Google, parce qu’il dispose de centres localisés en France ? Non, répond Laurent Perret, pour qui tout est question d’usage. Google a ses forces et ses faiblesses. « Chaque demande va avoir sa réponse. Il faut l’étudier par service (fourni par les plateformes). »