PaaS : Oracle joue l'ouverture pour contrer Azure et Salesforce
Depuis deux ans, par touches successives, le PaaS d'Oracle a changé de nature. Initialement lancé comme un complément de son SaaS, pour créer des extensions et des modules spécifique, il se pose aujourd'hui comme une plateforme de développement à part entière. Mais la route reste longue.
Depuis deux ans, le PaaS d'Oracle évolue. Si la plateforme n'est toujours pas totalement indépendante, stratégiquement, des autres offres Cloud de l'éditeur, elle se veut aujourd'hui plus ouverte et moins liée aux applications (ERP, HCM, CRM, Sales) et aux technologies maison (Java, Oracle DB).
"Nous visons toutes les entreprises"
Reggie Bradford, Senior Vice-Président responsable du Développement Produits chez Oracle, confirme cette évolution. « Nous visons toutes les entreprises avec notre PaaS, pas seulement celles qui utilisent du Oracle », répond-il au MagIT lors d'une discussion à l'OpenWorld 2016.
Cette transition se voit aujourd'hui - et d'abord - dans les langages supportés par le Cloud d'Oracle. Java et Java EE, bien sûr, mais aussi JavaScript et sa déclinaison côté serveur Node.js. Mais pas que. JRuby (l'implémentation de l'interpréteur de Ruby en Java) et PHP sont désormais également de la partie, et bientôt - même si la technologie apparaît déjà sur les présentations - Ruby.
Le mot le plus important dans la précision de Reggie Bradford reste néanmoins "entreprise". Le PaaS d'Oracle - comme Oracle dans son ensemble - ne vise pas les développeurs indépendants (même si le site officiel parle d'ISV, ce qui est légèrement différent dans le vocable Oracle), mais bel et bien les entreprises. Et plus précisément les grandes entreprises (et donc les gros ISV).
"Notre concurrent dans le PaaS est Microsoft", Larry Ellison
Or ces groupes ont de plus en plus de souches logicielles différentes. Et ils testent de multiple technologies, le plus souvent open source (Hadoop en est l'exemple actuel le plus criant). Thomas Kurian, Président en charge du Développement Produits, et Larry Ellison, Chief Technical Officer, ont bien senti ce mouvement. Ils savent également qu'Oracle n'a pas une réputation d'ouverture, ce qui devient un handicap face à la nouvelle stratégie "agnostique" d'un Microsoft - désigné comme concurrent principal dans le PaaS par le CTO et fondateur d'Oracle.
L'OpenWorld 2016 a donc tenté de "casser" cette image en affirmant haut et fort, en présentation générale, que "le Cloud d'Oracle est le meilleur pour le développement open source", au regard du nombre de projets open source supportés en natif par sa plateforme.
Une ouverture également soulignée - à la limite entre PaaS et IaaS - avec la disponibilité générale d'un service de conteneurs compatible avec Docker et le Oracle Container Registry.
Gestion des APIs, DevOps
Dernier ajout pour coller à l'esprit du temps, le PaaS d'Oracle s'est également enrichi d'une plateforme de gestion des APIs, au moment où Google met la main sur Apigee.
Bien sûr, la vision intégrée d'Oracle - à l'oeuvre dans le SaaS ou dans le Big Data - se retrouve dans le développement. Il ne s'agit pas de repartir de zéro ou de faire du full Cloud.
Il s'agit au contraire - dans la vision d'un Larry Ellison - à la fois de préserver l'existant de ses clients (qui ont investi massivement dans du Oracle) et en parallèle de permettre des développements "Cloud centrics".
Le tout en proposant, comme les Clouds de Google ou de Microsoft, d'appuyer ces nouveaux développements ou d'enrichir les anciens sur des services (Mobile, l'analytique Big Data, l'IoT ou d'intégration) qui sont, eux, liés aux technologies Oracle, même si ces services utilisent évidemment en compléments des outils open-source (Spark, Kafka, Hadoop, etc.).
L'autre angle d'attaque d'Oracle touche aux méthodes de développement elles-mêmes, que les grandes entreprises veulent aujourd'hui Agile et DevOps. Là encore l'ouverture est de mise pour Oracle pour séduire ces clients. Son "DevOps pipeline" (sic) automatisé s'articule autour de Maven, Puppet, Chef et autre Jenkins et Hudson.
Sur ce point, le PaaS d'Oracle se targue aujourd'hui de proposer un système de tracking des taches et des problèmes, des dashboards de suivi des projets Agiles, des outils de communications et de collaboration d'équipe, un gestionnaire des sources, un système de revue de codes, un outil d'automatisation des builds, un moteur d'intégration continue, et des processus de déploiements automatisés.
Microsoft et IBM, clients du PaaS d'Oracle
Côté clients le "PaaS de développement" d'Oracle revendique officiellement BT et Telefonica, le FC Barcelone, la Société Générale, BBC News, US Food ou encore - assez ironiquement - Microsoft Mobile Oy (ex-Nokia) ou IBM (pour son Mobile PaaS).
Malgré ces références, la route reste longue pour Oracle dans ce secteur. Car si sa plateforme semble plus ouverte, elle reste également très propriétaire sous de nombreux angles.
Un écosystème à construire, pour Gartner
C'est en tout cas l'avis de Gartner pour qui "la plus grande partie de la couche technologique de l'aPaaS (Application PaaS) d'Oracle est propriétaire. Cette approche peut faciliter la conception de capacité différenciantes. Mais elle crée également un risque d'enfermement (lock-in) pour les clients".
Le cabinet analyse modère donc grandement la communication d'Oracle sur le PaaS et souligne une autre faiblesse. D'après lui, un écosystème d'éditeurs et de partenaires est indispensable pour la réussite d'une plateforme. Or "le manque de support spécialisé va certainement ralentir la progression du PaaS d'Oracle et pourrait être exploité par ses concurrents".
Parmi lesquels on trouve Microsoft, mais aussi Salesforce.com, qui est décidément le meilleur ennemi d'Oracle.
Pour approfondir sur PaaS
-
L'essentiel sur les trois versions d’Oracle Cloud at Customer
-
La face cachée de l'OpenWorld 2017 : BYOL, annonces hardware et un IaaS qui séduit les français
-
OpenWorld 2017 : Oracle met du Serverless, Docker et plus d'Open Source dans son Cloud
-
Revue de presse : les brèves IT de la semaine (15 septembre)