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Grands comptes : Veritas est de retour pour gérer vos données

Lors de son premier salon depuis l’ère Symantec, Veritas a multiplié les annonces autour du stockage et de la gestion de données pour se hisser bien au delà de son image d’éditeur de la sauvegarde.

Veritas, l’éditeur du logiciel de sauvegarde pour datacenters NetBackup, redevient un acteur du stockage et même, à présent, du stockage hybride. À l’occasion de son salon Vision 2016 qui s’est tenu mi-septembre à Las Vegas, la marque a lancé Access, une sorte de super NAS virtuel dont l’espace de travail est assemblé à partir de ressources hétéroclites (serveurs physiques, espaces en Cloud...), ainsi que Hyperscale, un SDS (Software Defined Storage) qui simule une baie SAN à partir de ressources gérées par OpenStack. À cela s’ajoutent de nouveaux connecteurs Cloud pour NetBackup, ainsi que la console Information Map, depuis laquelle il devient facile de faire l’inventaire des sites où l’on stocke des sauvegardes. 

« On nous voit comme un spécialiste de la protection et de la disponibilité des informations (la sauvegarde, ndr). Nous voulons maintenant être reconnus comme celui qui rend les données visibles, celui qui permet de les contrôler et celui qui leur donne un accès en Cloud. Veritas est de retour ! », a déclaré Bill Coleman, le CEO de l’éditeur.

Le retour d’un ancien du stockage pour le milieu bancaire

En l’occurrence, Veritas vendait dans les années 90 des systèmes de fichiers journalisés pour les serveurs Unix des grands comptes (banques, en particulier) et même un SDS avant l’heure (InfoScale). Puis, cette activité fut reléguée au fin fond du catalogue au profit des logiciels de backup, dont le très grand public Backup Exec, après le rachat par Symantec en 2005. Une période désormais révolue puisque Veritas s’est séparé de Symantec en janvier dernier. Vision 2016, son premier salon dédié depuis lors, devait signer le renouveau de la stratégie grands comptes.

« C’est un vrai réconfort de voir Veritas se redonner tout entier à la gestion de la donnée. Contrairement à d’autres fournisseurs, Veritas est capable de mobiliser ses ingénieurs pour adapter ses solutions aux besoins spécifiques de ses clients. C’est très important quand il s’agit de résoudre des problématiques complexes, avec des contraintes de grandes capacités et d’éparpillement géographique, et des technologiques historiques différentes sur chaque site », commente Josserand Moraillon, directeur technique de C-Storage, une société de services qui accompagne les banques, notamment, dans leurs projets d’accès à la donnée. 

NetBackup duplique désormais ses sauvegardes dans tous les Clouds

Dans le détail, si NetBackup savait déjà dupliquer ses sauvegardes dans les espaces en ligne d’AWS et de Google (via le module Auto Image Replication), ses nouveaux connecteurs étendent cette fonction à Azure ainsi qu’à tous les hébergeurs qui proposent un Cloud basé sur OpenStack. Mieux, le logiciel de sauvegarde intègre à présent le logiciel Veritas Resiliency Platform (VRP, ici en version 2 .1), lequel sert à déployer automatiquement des VM en allant chercher leurs images dans les sauvegardes NetBackup et, ce, où qu’elles soient stockées.

Sur Vision 2016, l’annonce a visiblement fait mouche. «  Il y a une demande croissante de mes clients d’aller enregistrer et rapatrier des données en Cloud. Le fait que Veritas sache désormais le faire m’évite de devoir me tourner vers d’autres fournisseurs. Ce que je ne me suis jamais résolu à faire depuis 1998. NetBackup est un produit qui permet tout autant de sauvegarder des bases de données Oracle que des serveurs virtuels, qui ne tombe jamais en panne et sur lequel je peux engager ma responsabilité », confit par exemple au MagIT Didier Brun, en charge des systèmes de stockage et de sauvegarde chez Thalès.

Information Map pour faire le ménage dans le stockage 

En revanche, Information Map a reçu un accueil plus mitigé. Il faut dire que ce moteur de recherche qui affiche toutes les données sauvegardées sur une mappemonde très graphique et permet, d’un clic, d’en changer les propriétés (fréquences des sauvegardes, dé-comissionnement de telles ressources, droits d’accès, etc.) ne s’adresse qu’aux très grands comptes qui soupçonnent leurs filiales à l’étranger de trop dépenser en ressources de stockage. « Il est certain qu’une entreprise qui n’est implantée qu’en France n’en aura rien à faire du reste de la mappemonde. Néanmoins, l’intérêt du produit est surtout dans les rapports qu’il génère. On peut par exemple identifier qu’un administrateur duplique 10 fois une base SQL sans raison. Cela dit, je pense qu’en France, ce produit ne va intéresser que les banques. Information Map décollera sans doute moins vite chez nous qu’il ne va le faire aux USA, où ils ont totalement embrassé la culture de la gestion du patrimoine de la donnée », analyse Josserand Moraillon.

Raphael Feddawi, consultant avant-vente chez la société de services AntemetA, est plus optimiste : « tout l’intérêt d’Information Map est d’obtenir, à partir des sauvegardes, une vue complète du cycle de vie de la donnée. Cela va nous permettre de mieux nous engager sur des niveaux de service quand nous proposons à nos clients de prendre en charge des processus IT. Parmi ceux-ci, le PRA-as-a-Service, qui nous est très demandé en ce moment et qui bénéficie pleinement des rapports d’Information Map », dit-il.

Ne fonctionnant qu’avec NetBackup, Information Map est cependant une option à acheter à part.

Access, un NAS non-objet pour les stockages hybrides

De la sauvegarde qui s’auto-duplique sur des espaces en ligne à la présentation de tous les espaces de stockage au travers d’un volume NAS classique, il n’y avait qu’un pas et Veritas l’a franchi avec sa nouvelle passerelle Access. Pragmatique, Josserand Moraillon voit surtout dans Access l’opportunité d’amalgamer facilement toute la flotte de volumes de stockage - sur site ou en Cloud - qu’une entreprise peut posséder. « Il faut considérer qu’Access va rendre un grand service aux entreprises qui ont une implantation internationale, avec des sites géographiques qui avaient fait leurs propres choix technologiques », commente-t-il.

Chez Veritas, le discours se veut plus tourné vers l’avenir. « Il ne s’agit pas seulement de proposer un point de partage CIFS/NFS avec de la capacité de stockage qu’on étend à volonté en piochant, ici, sur les serveurs OpenStack très rapides du datacenter ou, là, dans des offres de Cloud peu chères. Les entreprises doivent désormais stocker les informations que vont envoyer leurs objets connectés, leurs applications SaaS et leurs apps mobiles. Elles n’auront d’autres choix que d’aller les stocker à différents endroits, qui respectent à chaque fois des contraintes particulières de montée en charge. Mais elles ne veulent pas pour autant devoir se retrouver à gérer une kyrielle de volumes de données, car au final, ce seront les mêmes services et les mêmes applications d’analyse qui devront récupérer toutes ces données », explique Mike Palmer, en charge des solutions pour Datacenters chez Veritas.

Problème, les autres fournisseurs qui ont eu une idée similaire ne proposent jamais une solution basée sur du partage de fichiers (agencés en répertoires), mais plutôt du stockage de type objet, où chaque contenu est indexé avec des métadonnées. IBM avec COS (ex-Cleversafe), par exemple. « Ce n’est qu’une question de vocabulaire. Nous proposons notre propre API et notre propre moteur de métadonnées pour que les applications analytiques puissent directement puiser dans les contenus d’Access », rétorque Mike Palmer.

« Honnêtement, le mode objet va surtout rendre des services aux médias. Chez les grands comptes, on a juste besoin d’archiver des données. Et les acteurs du stockage, EMC en tête avec ECS, répondent à ce besoin avec des solutions qui sont basées sur du mode objet. Mais c’est un détail technique qui n’a aucune incidence sur le besoin des entreprises. La réplication des données, par exemple, se fait tout aussi bien sur ECS qu’avec le mode fichiers d’Access. C’est bien simple : chez C-Storage, nous ne recevons aucune demande pour une solution qui fasse spécifiquement du stockage objet », défend Josserand Moraillon. 

Hyperscale, un SDS compatible Oracle, KVM, Docker...

Le SDS Hyperscale, enfin, est la suite logique du SDS Infoscale que Veritas édite depuis plusieurs années. Celui-ci sert à simuler une baie SAN à partir d’un cluster de 16 serveurs  génériques pour, généralement, des progiciels (Veritas cite les applications SAP, BEA, Siebel et Oracle, ou encore PeopleSoft, voire juste pour Microsoft Exchange). Hyperscale va au-delà de la limite des 16 serveurs en allant puiser ses ressources de stockage dans la batterie d’unités que référence OpenStack. Sur le plan fonctionnel, Hyperscale propose une qualité de service granulaire (qui prend en compte la performance des disques pour faire du tiering), du Thin provisionning, de la déduplication et de la compression.  

« L’intérêt, surtout, est de proposer du stockage persistent qui fonctionne aussi bien pour les serveurs Oracle, pour les machines virtuelles - et pas seulement VMware ; on pense plutôt à KVM - et aussi pour les conteneurs Docker. Ce que ne sait pas faire ScaleIO d’EMC, par exemple, car il va plutôt fonctionner conjointement avec VMware. Nous le faisions jusqu’à présent en déployant de l’Infoscale sur des serveurs Fujitsu fonctionnant sous Red Hat Linux avec KVM. Hyperscale va nous permettre d’ajouter la composante OpenStack qui est demandée par 80 à 100% de nos clients », commente Josserand Moraillon. Et de justifier l’engouement actuel pour OpenStack : « il n’y a pas mieux en ce moment pour déployer en cinq minutes 200 frontaux Web sur KVM avec la même adresse IP », dit-il en sous-entendant que les entreprises qui proposent à leurs clients des services en ligne sont directement concernées.

 

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