Dell Technologies : l'intégration peut commencer
Le lancement officiel de Dell Technologies hier n'a pas permis d'en savoir plus sur la roadmap du nouvel ensemble et sur la façon dont la firme entend piloter la convergence de ses différentes lignes de produits
Dell et EMC ont officialisé hier leur fusion en lançant le site Dell Technologies. À l’instar d’EMC et de son organisation en fédération, le nouveau Dell Technologies sera organisé en divisions autonomes à même de définir de façon indépendante leur stratégie tout en contribuant à la stratégie globale de l’ensemble.
La division postes clients conservera la marque Dell, tandis que la division infrastructure (Serveurs, stockage, réseaux, systèmes convergents et cloud) adoptera la marque Dell-EMC. VMware, Pivotal, RSA, SecureWorks et Virtustream continueront à opérer sous leurs marques actuelles et resteront largement autonomes.
Jour-J : beaucoup de poudre aux yeux, peu de précisions sur les roadmaps
La fusion des deux sociétés a été abondamment mise en scène hier avec dans une série de vidéos nous apprenant, à minima, qu’il y a du bon café sur le campus de VMware ou que Coca Cola est un client fidèle — et qu’à ce titre les frigos des cafétérias sont généreusement approvisionnés avec les boissons du groupe d’Atlanta. Les spectateurs se seront aussi vu rappeler que les dirigeants de l’ex-EMC, dont Jeremy Burton, l’ex-directeur marketing d’EMC et nouveau directeur marketing de Dell Technologies, ont une passion pour les véhicules haut de gamme à plus de 100 000 € . Spécifiquement, Jeremy Burton et Dave Goulden ont utilisé une Audi RS7 et une Tesla Model S, comme métaphores pour la migration des applications de type client-serveur vers le monde des applications cloud stateless.
Dans toutes les vidéos présentées, aucun détail n’a pour l’instant été fourni sur ce qu’il adviendra des différentes gammes de produits, sur la façon, dont EMC et Dell vont combiner leurs savoir-faire ou sur la façon dont les canaux de ventes et les structures des deux sociétés vont s’intégrer. Après des mois et des mois de préparation de la fusion, on aurait pu s’attendre à plus d’informations concrètes. Il faudra donc patienter un peu plus.
L’intégration des deux sociétés reste à faire
Jusqu’à présent, les deux sociétés ont continué à agir comme si elles étaient séparées. Par exemple, alors que VCE dispose déjà d’un abondant catalogue de solutions convergées et hyperconvergées, Dell a jugé bon lors de VMworld de présenter ses « Validated System for Virtualization », en fait une offre de systèmes hyperconvergés basés sur ses serveurs FX2 et sur les technologies hyperconvergées de VMware. Ces systèmes font largement double emploi avec l’offre VxRail — basée sur des serveurs Quanta — et ils sont aussi une alternative potentielle aux VxRack assemblés par VCE et que Dell revend déjà en OEM. On voit mal comment tous ces systèmes survivront à la fusion.
De même, EMC a passé les dix dernières années à enrichir son portefeuille de stockage désormais composé d’une multitude de systèmes, dont Data Domain, DSSD, ECS, Isilon, Unity, VMAX, XtremIO. Dell de son côté dispose aussi d’un portefeuille stockage assez large (Dell Fluid File System, Dell DR, Dell PS – ex Equallogic —, Dell SC – ex Compellent —, Powervault). Autant d’offres qui, vues du côté positif, se complètent et qui, vues du côté négatif, se chevauchent. La question n’est pas de savoir si tous ces systèmes vont survivre. Cela paraît improbable, ne serait-ce que parce que l’on voit mal la firme financer à long terme la R&D nécessaire pour maintenir autant de systèmes concurrents. Mais surtout, à l’heure où nombre de ces systèmes migrent vers le 100 % Flash, il va être de plus en plus délicat de les différencier. Or, en face, les concurrents concentrent leurs investissements et donc leur innovation sur un nombre plus restreint de plates-formes.
Les mois à venir vont donc être intéressants, car ils devraient permettre de clarifier ce que sera la roadmap du constructeur pour ces différentes lignes de produits et donc sa stratégie à plus long terme. Une chose est sûre : Dell Technologies est aujourd’hui à la tête du portefeuille datacenter le plus complet du marché. Si elle réussit l’intégration entre ces différentes offres, la firme a le potentiel, de dominer la plupart des marchés de l’infrastructure. D’autant que concurrents traditionnels, IBM et HP, soit reculent soit se séparent d’actifs présentés jusqu’il y a peu comme stratégiques. Nul ne doute de l’aptitude de Dave Goulden, Jeremy Burton ou Pat Gelsinger à produire de jolies vidéos (ce que le lancement d’hier à démontré). Mais les clients attendent sans doute un message clair sur les directions technologiques et sur les plates-formes que le nouveau Dell Technologies entend mettre en avant pour la modernisation de leurs datacenters. Si l’on s’en tient aux déclarations des responsables des deux firmes à EMC World, la situation devrait être clarifiée d’ici le mois de janvier 2017, qui marquera le début de la nouvelle année fiscale du constructeur. A moins que Dell ne profite de Dell World, en octobre, pour en dire plus sur ses intentions.