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Google affute ses services de données Cloud : suffisant pour les entreprises ?
La firme de Mountain View peaufine ses services Cloud de gestion des données, histoire de livrer une plateforme complète pour venir concurrencer AWS et Microsoft sur le marché des entreprises. Un secteur sur lequel Google peine encore.
En ce mois d’août, Google a décidé de finaliser officiellement les services de gestion de bases de données de sa plateforme Google Cloud Platform. Une brique clé que Google doit avoir dans sa besace, alors que justement AWS et Microsoft Azure, ses deux concurrents les proches, ont soit mis en route depuis longtemps (c’est le cas du premier), soit peaufiné avec le temps (Microsoft a récemment sorti SQL Data Warehouse).
Pourtant, si Google occupait le terrain dans ce domaine, certains de ses services de données étaient encore en phase de test (béta), ou insérés dans des stacks peu accessibles et donc peu visibles par les entreprises – cible désormais essentielle pour la firme de Mountain View.
C’est par exemple le cas de Cloud Datastore, le service de base de données NoSQL orienté document (JSON), qui sous-tendait App Engine depuis sa création. Mountain View a donc décidé de découpler ce service de son Paas et de le rendre accessible via une API dont la version 1 est aujourd’hui rendue disponible. Concrètement, avec Cloud Datastore, Google vient officiellement se positionner face à AWS DynamoDB (initié en 2012) ou encore DocumentDB chez Microsoft (présentée en 2014).
De son côté, Cloud SQL seconde génération, autre service sorti officiellement des phases béta, représente le service de base de données managé reposant sur la base de données Open Source MySQL. Grosso modo, Google propose de gérer des instances MySQL sur son Cloud. Par rapport à la première génération, cette seconde génération repose sur un mode de tarification différent, supporte MySQL 5.7 par défaut, la réplication GTID et InnoDB comme seul moteur de stockage, par exemple. Dans un billet de blog, Google oppose son service de base de données à AWS Aurora, un service de gestion des données compatible avec les API MySQL.
Avec Cloud BigTable (annoncé en mai 2015), Google libère enfin une version Cloud de la base de données, dont la mécanique a donné naissance à HBase, par exemple. Cette base NoSQL en colonne se distingue par sa capacité à pouvoir ingérer de gros volumes de données, et de les traiter avec une faible latence. BigTable soutient d’ailleurs certains services Google, comme Gmail, Maps, Analytics et Search.
Notons aussi que Google se positionne aussi plus fortement sur le segment du Cloud hybride avec le support d’images SQL Server (et de licences associées – cette fonction est en béta) et la possibilité de migrer ses propres licences, a aussi expliqué Google dans son billet de blog. En se rapprochant du monde Windows, clairement installé dans les entreprises, Google veut inscrire son Cloud dans le prolongement de leur SI.
Pour Gartner, Google souffre encore de lacunes fonctionnelles
Restera alors une question. Ces capacités plurielles de gestion des données vont-ils permettre à Google de mettre en place une rampe de lancement si attendue vers le segment des entreprises ?
A la peine sur ce segment, le groupe a en effet remodelé sa stratégie autour d’une unique entité, et placer à sa tête une cadre du secteur, Diane Greene, ex fondatrice de VMware et au board de Google depuis 2012.
Si une partie de sa mission est bien d’aller conquérir une clientèle d’entreprise – elle a déjà signé quelques contrats en ce sens comme Spotify -, Diane Greene a fort à faire avec une concurrence acerbe : AWS, le pionnier du secteur et toujours du n°1, et Microsoft dont la plateforme Azure gagne peu à peu du terrain.
La tâche semble d’ailleurs ardue. Si l’on en croit le Magic Quadrant de Gartner pour le marché du Iaas, publié début août, le marché s’est aujourd’hui consolidé autour de deux acteurs : AWS et Microsoft. Si ces deux acteurs sont les seuls à rester positionnés parmi les leaders du secteur (selon la grille d’évaluation de Gartner), Google peine à s’extirper de sa position de visionnaire – il est le seul dans cette catégorie - , rappelle encore le cabinet d’analystes. Qui critique la stratégie de Mountain View.
Si AWS et Microsoft parviennent à proposer un champ fonctionnel complet, adapté aux différents cas d’usages identifiés par Gartner – même s’il reste nombre d’écueils -, Google peine encore à proposer des fonctions et des services, « importants pour des entreprises établies », note Gartner, citant par exemple le manque de gestion des utilisateurs pour les grandes entreprises, de contrôle d’accès au rôle et de gestion des topologies réseau complexes. « Même s’il a régulièrement présenté de nouvelles fonctions clés, la disponibilité générale des fonctions sur la Google Cloud Platform n’a pas été suffisamment rapide pour devenir un leader sur ce marché hautement concurrentiel », explique le cabinet d’analystes.
Autre écueil pointé du doigt : une percée sur le marché des entreprises qui reste difficile, surtout vers celles qui ne sont pas issues du monde technologique. Gartner note qu’en 2015 Google « n’a réalisé que des progrès incrémentaux liés à GCP ». « En dépit d’un changement de direction au début 2016, nous pensons que les avancées en matière service, ventes, marketing, mondialisation et réseau de partenaires sont encore insuffisantes » pour faire de Google un acteur du Iaas largement attractif, souligne aussi Gartner dans son Magic Quadrant.
Un ensemble de griefs sur lesquels Diane Greene a confirmé travailler, lors d’un entretien avec nos confrères britanniques de ComputerWeekly.