NetSuite
NetSuite : Oracle s'offre l'autre ERP de son (ex-)PDG
Le rachat de l’ERP 100 % SaaS, dont Larry Ellison est actionnaire principal, permettra mécaniquement à Oracle d’atteindre les 10% de revenus dans le Cloud dès 2016. Et de renforcer son offre applicative hébergée avec une solution en pleine croissance.
Comme une évidence. Oracle, société fondée par Larry Ellison dont il est à présent le CTO, vient de racheter NetSuite, société dont un des principaux investisseurs avec 40% des parts est… Larry Ellison.
Le rapprochement entre les deux entités fait sens à plus d’un titre. NetSuite est en effet un ERP en mode SaaS, modulaire, de plus en plus populaire (30.000 clients revendiqués). Pour Oracle, qui a entamé un très lourd chantier de refonte en profondeur de son offre de PGI, mettre la main sur un produit 100% Cloud, déjà opérationnel n’est pas une mauvaise idée d’un point de vue technologique et catalogue.
NetSuite est par ailleurs un outil qui vise principalement le Midmarket. Il pourra ainsi compléter avantageusement la gamme d’Oracle qui vise, elle, prioritairement les grands groupes - tout comme son éternel rival SAP (Business Suite).
Commercialement, enfin, le fait que Larry Ellison cite plusieurs fois NetSuite comme un concurrent possible d’Oracle montrait en creux qu’il considérait désormais son second poulain comme un étalon potentiel. Et donc une cible à intégrer sous peine de le voir cannibaliser de plus en plus ses clients.
L’offre de rachat d’Oracle a été accepté par le Board de NetSuite, dont le PDG actuel (Zach Nelson) n’est autre qu’un ancien d’Oracle, où il a été le plus jeune directeur marketing monde (il avait alors 31 ans) nommé par Larry Ellison lui-même.
De source officielle, le prix proposé par Oracle est d’environ 9.3 milliards. Soit une « prime » d’environ 20 % par rapport au cours du jour de l’annonce.
L’offre NetSuite, « qui s’appuie déjà sur des technologies d’Oracle » dixit Zach Nelson, continuera à être commercialisée et supportée telle quelle comme l’assure son PDG dans une lettre à ses clients.
Et de trois ERP rachetés
NetSuite est le troisième « gros » ERP racheté par Oracle. L’activité historique de l’éditeur étant la base de données, pour renforcer sa couche applicative – et notamment E-Business Suite lancé en 1987 - la société de Larry Ellison a déjà déboursé 10.3 milliards de dollars en 2004 pour PeopleSoft (dont le fondateur a immédiatement quitté Oracle pour créer Workday).
Avec cette opération Oracle avait également mis la main sur JD Edwards, un ERP lui-même acquis par PeopleSoft en 2003 pour environ 2 milliards.
En parallèle, dans le CRM, Oracle a dépensé 5.9 milliards pour Siebel en 2005.
Par la suite, Oracle a décidé de « fusionner » ces produits épars pour proposer une nouvelle offre cohérente, plus unifiée et intégrée. Une gestation qui a accouché d’une première version de l’offre « Fusion Applications » en 2010.
Mais depuis le Cloud est passé par là. Et même si elles sont encore minoritaires, les solutions ERP SaaS, infogérées et plus modulaires, sont le nouveau relais de croissance du marché. Avec à la clef un nouveau défi (et un nouveau casse-tête ?) pour Oracle, celui de porter sa nouvelle offre dans le Cloud, d’en refondre l’ergonomie et surtout de repenser son business model.
Oracle et le SaaS : une nouvelle histoire d’amour
C’est en substance ce qu’il a entrepris avec Oracle Cloud Applications, des solutions également destinées à cohabiter avec des solutions sur site dans des environnements de productions hybrides pour ménager la chèvre et le chou. NetSuite viendra donc compléter cette gamme Cloud - encore en gestation, même si Larry Ellison assure qu’elle est complète et achevée depuis mi 2015 et qu’Oracle est « incontestablement » le « Roi du SaaS » pour les entreprises.
Dans le Cloud, Oracle réalise aujourd’hui 2.9 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Dont 2.2 milliards dans le PaaS et le SaaS. Un résultat en progression globale de 36 %, et de 50% pour la partie SaaS et PaaS. Au final, l’éditeur tutoie la barre des 8 % de CA dans le Cloud (avec un CA global de 37 milliards).
NetSuite affiche lui un CA de 740 millions pour un cashflow de 100 millions sur 2015 – avec un taux de croissance de 30 % des revenus et de 50 % du cashflow au deuxième trimestre fiscal 2016. Des chiffres qui témoignent de la dynamique très positive de cet acteur 100% Cloud et 100% SaaS.
Avec ce rachat, Oracle frôlera mécaniquement la barre des 10 % de revenus Cloud. La transaction devrait être officiellement entérinée par les autorités compétentes d’ici la fin de l’année 2016 (la position de Larry Ellison dans le capital de NetSuite étant une des questions en cours de règlement).
Hors ERP, la brique CRM de NetSuite devrait également appuyer l’offensive d’Oracle contre son nouveau meilleur ennemi : Salesforce.com.