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Formations au numérique : des carences qui commencent à inquiéter les pouvoirs publics
Un rapport rendu en février dernier pointe le manque de ressources humaines dans les métiers technologiques et numériques. Une clarification des nomenclatures et une meilleure sensibilisation dès l’enseignement secondaire sont nécessaires.
La France manque de compétences dans le secteur du numérique et les formations ne sont pas adaptées aux besoins des organisations. C’est le constat que tire un rapport rendu en février dernier suite à une lettre de mission émanant (entre autres) des ministères de l’éducation nationale, du travail, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Une analyse que les entreprises font depuis de nombreuses années mais que semblent découvrir les pouvoirs publics. Cependant ne vaut il pas mieux tard que jamais ? D’autant que si le rapport enfonce quelques portes ouvertes, il a le mérite d’appuyer là où ça fait mal et de faire plusieurs propositions. D’abord un premier conseil : alors que les entreprises sont engagées dans leur transformation digitale, « l’articulation entre leurs besoins et l’appareil de formation au numérique est un élément essentiel pour le bon fonctionnement de l’économie ». L’un des problèmes, c’est que l’on ne sait pas bien évaluer les besoins ni à l’échelle française ni à celle de l’Europe. « la Commission européenne a estimé la pénurie de compétences dans le numérique en Europe à quelques 900 000 emplois vacants à l’horizon 2020 » rappelle l’étude qui souligne «La quasi impossibilité de quantifier précisément les besoins, laquelle pourrait être résolue à partir d’un travail méthodologique dédié au numérique ». Cette incapacité est liée en partie au manque de définition des « métiers du numérique. « Les nomenclatures institutionnelles sont peu adaptées à des métiers en forte évolution » dénonce le rapport. Surtout que chaque organisation, chaque branche ou association (Syntec numérique et OPIIEC, CIGREF, CAP Digital, APEC…) possède sa nomenclature. Ce qui fait dire aux auteurs de l’étude que « compte tenu de la croissance du secteur du numérique, « il est impératif de faire évoluer notre appareil statistique » et il devient indispensable de structurer l’offre. L’étude propose donc de segmenter les métiers en fonction de l’impact qu’a le numérique sur l’exercice de la profession en trois catégories : les métiers au cœur du numérique (ceux de l’informatique, des télécoms, et de la filière électronique) ; les nouveaux métiers (par exemple Community manager) et enfin les métiers où le numérique est un support à l’activité.
Des manques mais toujours du chômage
Une fois ces recommandations faites, le rapport s’intéresse à la population qui occupe ces emplois du numérique : « une forte proportion de cadres (les 2/3 des emplois concernés) et un haut niveau d’études. 50 % des personnes en emploi ayant un diplôme égal ou supérieur au niveau bac +3 ». Par ailleurs, 50 % des emplois se trouvent dans des entreprises de plus de 50 salariés, avec des concentrations territoriales particulières en Île-de-France et, à un degré moindre, en Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Provence-Alpes Côte d’Azur et Bretagne ».
Parmi les métiers en carence, celui de développeur est le plus souvent cité par les entreprises interrogées. Un besoin qui paradoxalement explique « l’accroissement du chômage des informaticiens depuis la crise de 2008-2009. L’augmentation du chômage est particulièrement constante pour les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans. Ainsi, l’ancienneté n’est pas valorisée dans la profession de développeur, seule l’expérience l’est. De fait si le chômage des informaticiens est nettement moins élevé que la moyenne générale, (entre 6 et 7% contre 11%) il a tendance à perdurer en raison de la non adéquation des compétences aux besoins d’expertise. Ce faisant, il est donc nécessaire « de bien cerner les dimensions qualitatives des évolutions propres aux métiers du numérique ». Et l’étude de pointer les secteurs qui ont des besoins urgents : les technologies SMACS (Social, Mobility, Analytics, Cloud, Security) ; Les métiers des réseaux sociaux ; les développeurs, Les métiers des télécommunications impactés par la mobilité et les solutions cloud ; Les métiers de l’analyse de données … Et de poursuivre dans une seconde partie sur les formations pour noter que dans la formation initiale, l’offre est insuffisante particulièrement dans le secondaire. Tandis que dans la formation continue, « L’identification des métiers et des flux sont deux préalables à ce jour non réunis ».