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Pascal Tournillon,Devoteam : « on voit une montée en puissance du stockage open source »
Dans un entretien avec LeMagIT, Pascal Tournillon, le directeur open solutions de Devoteam revient sur l'émergence du Software Defined Storage et du stockage open source dans les entreprises françaises.
LeMagIT s’est récemment entretenu avec Pascal Tournillon, le directeur de l’activité Open Solutions de Devoteam, qui chez la SSII, pilote les projets autour des technologies open source. L’occasion de discuter avec lui de l’émergence des projets SDS chez les clients français, mais aussi de faire le point sur les atouts du SDS et sur les blocages qui empêchent aujourd’hui sa progression.
Pascal Tournillon a pris ses fonctions chez Devoteam en octobre 2015. Ce spécialiste des projets d’infrastructure a par le passé participé au pilotage de grands projets de transformation chez Orange, Axa Private Equity et Engie (ex GDF-Suez).
LeMagIT : Le Software Defined Storage a le vent en poupe chez les fournisseurs, mais comment les clients approchent-ils réellement ces technologies. Voyez-vous une adoption réelle dans les projets que vous menez ?
Pascal Tournillon : On voit un décollage des solutions de stockage non structurées et objet dans l’industrie ou dans les médias, mais aussi chez des clients qui commencent à comprendre que leurs développeurs utilisant des API, ils peuvent désormais adresser ces nouveaux stockages.
Cela bouge aussi sur la virtualisation et le cloud. De nombreux clients OpenStack s’intéressent à Ceph parce que Ceph a une communauté active avec de grosses avancées en ce moment sur l’objet et sur le stockage fichiers. On a des clients qui commencent à identifier Ceph comme un back-end stockage potentiel pour l’ensemble de leurs technologies.
LeMagIT :Et sur les solutions NAS ?
Pascal Tournillon : Pour ce qui est du stockage en mode fichiers, hormis des besoins très spécifiques, la plupart de nos clients regardent le SDS pour des besoins NFS., par exemple avec Gluster. De façon générale, nos clients voient d’un très bon œil le fait d’utiliser des serveurs standards pour leurs besoins. Ce qui leur permet de changer de solution logicielle si besoin, sans avoir à remplacer leur matériel.
Nous avons même quelques grands clients qui sont en train de commencer à acheter des serveurs en marque blanche ou de s’éloigner des grands constructeurs traditionnels pour aller vers des fournisseurs comme SuperMicro. Ils ont compris que la valeur n’est plus dans le matériel, mais aussi que cela leur permet de réaliser des économies substantielles sur la maintenance.
LeMagIT : Y a-t-il des secteurs verticaux qui sont plus enclins à adopter ces technologies ?
Pascal Tournillon : On voit actuellement pas mal de projets dans les laboratoires Pharmaceutiques. Il y a des besoins dans les hôpitaux pour l’imagerie médicale. On a aussi des projets dans le monde de la recherche. Dans le monde de la finance, il y a en ce moment des projets autour du Big Data et pas al de chose autour des DevOps. On a aussi pas mal de projet Big Data dans la finance autour de Back-End de stockage Hadoop. Cela commence aussi à bouger dans l’industrie et les ministères. Par exemple un acteur comme Scality marche fort côté industrie. Tous les secteurs qui font du PLM sont intéressés par la solution.
LeMagIT : Quels sont aujourd’hui les principaux obstacles à l’adoption du SDS ?
Pascal Tournillon : Il y a un cran difficile à passer pour nos clients. Une configuration EMC ou NetApp a une performance bien définie sur catalogue. Dans le software defined la réponse est souvent moins claire. La performance dépend des configurations, des architectures retenues. A la question quelle est la performance de votre solution la réponse est souvent ça dépend et cela inquiète un peu certains comptes qui n’ont pas l’habitude.
LeMagIT : On l’a vu récemment par exemple avec HP autour de Suse Storage (Ceph) ou avec Lenovo avec Cloudian, les constructeurs tentent d’approcher le marché du SDS en proposant des appliances prêtes à l’emploi...
Pascal Tournillon : L’émergence de configurations prévalidées chez les constructeurs permet de lever certains obstacles chez ces clients. Mais, nous avons aussi des clients qui veulent conserver une séparation absolue entre couche matérielle et software. Ils ne veulent plus l’adhérence. En tant qu’ESN, nous sommes contraints d’être agnostiques sur les solutions. Le fait d’avoir des packages constructeurs permettra de répondre à certains clients. D’autres ne veulent pas en entendre parler. On a même de grands clients qui réagissent de façon épidermique et regardent désormais systématiquement comment ils peuvent remplacer les grands fournisseurs traditionnels.
LeMagIT : Vous dirigez l’activité Open Solutions de Devoteam. Le fait de travailler autour des solutions open source vous expose-t-il à des clients qui par nature sont plus prêts que d’autres à adopter le SDS ?
Pascal Tournillon : Il est vrai que de par la nature de notre activité, nous voyons plus de SDS que la moyenne. L’adoption reste toutefois encore timide notamment du fait du choc de culture que génère le SDS. Les assurances que fournissent les baies de stockage des fournisseurs historiques restent importantes pour certains clients.
Mais nous avons aussi beaucoup de clients qui se posent vraiment les bonnes questions autour des démarches devops et qui sont dans ce changement de culture. Les bastions traditionnels sont en train de tomber.
LeMagIT : Les solutions de stockage open source ont récemment fait une percée via des projets comme Hadoop, Ceph ou plus anciennement Gluster. Comment vos clients approchent-ils ces solutions ?
Pascal Tournillon : Aujourd’hui, nous sommes convaincus de l’émergence des couches open source. Elles permettent de démarrer avec des POC peu cher sur du matériel standard et offrent, pour les clients les plus inquiets, la possibilité, si nécessaire, de se réassurer chez uns fournisseur ou un autre [typiquement Red Hat ou Suse pour Ceph, par exemple].
Notre conviction forte est que l’on croit au découplage entre logiciel et HW dans le stockage. La possibilité de faire évoluer séparément les couches est moins fan des solutions packagées.