ra2 studio - Fotolia

Cloud hybride : le balancier repart du côté de la DSI

Présentée lors de la Cloud Week 2016, une nouvelle étude de PAC pointe l'essor du Cloud dans les entreprises françaises. Celles-ci ont désormais franchit le pas mais il leur reste de nombreux écueils à éviter. Notamment l'intégration entre Cloud et applications "historiques".

Avec une croissance attendue de 21% par an jusqu'en 2019, le marché français du Cloud se porte bien. Selon les derniers chiffres présentés par Mathieu Poujol, Principal Consultant Infrastructures & Cyber Security chez PAC France, ce marché a représenté 4 milliards d'euros en France pour l'année 2015. Le cabinet d'étude vient d'interroger 200 responsables informatiques d'entreprises françaises afin d'évaluer leur maturité vis-à-vis du Cloud et plus particulièrement du Cloud hybride.

Sans grande surprise, la réduction des coûts reste le moteur numéro 1 qui pousse les entreprises à se tourner vers le Cloud. C'est un critère cité par 76% des responsables interrogés, devant la fiabilité qui est citée par 75% d'entres-eux. Ils sont bien plus nombreux que ceux qui évoquent une véritable stratégie d'externalisation (65%).

Le passage au Cloud est aussi vu comme un véritable levier de la transformation numérique de l'entreprise. 75% des responsables y voit un support à leur stratégie vis-à-vis de la mobilité, 71% un outil pour développer des produits innovants.

Pour Mathieu Poujol, le vrai atout du Cloud va effectivement au-delà de la simple réduction des coûts attendue par les dirigeants d'entreprise. « Avec le Cloud, l'informatique passe de l'artisanat au niveau industriel, à une chaine de montage totalement robotisée. L'automatisation, c'est l'apport numéro 1 du Cloud, qu'il soit public ou privé, et sur ce plan le réseau est critique. Il n'y a pas si longtemps que cela, certains fournisseurs de Cloud étaient incapables de provisionner des ressources instantanément et demandait un délai afin de reconfigurer manuellement leur réseau. Si le provisioning était automatisé au niveau de leurs systèmes, ils n'avaient pas mis en place de configuration automatisée de leur réseau. Il faut être capable d'assurer un SLA sur toute la pile, depuis l'application jusqu'au réseau ».

2016, la DSI reprend la main sur le Cloud

Bon nombre d'entreprises sont venues au Cloud poussées par les métiers, parfois même en n'impliquant la DSI que tardivement, ce qui s'est traduit par la montée du phénomène du "Shadow IT". 35% des projets Cloud ont une direction métiers ou une Business Unit pour sponsor principal, contre 32% pour les DSI et 29% pour le Comex directement.

Certaines entreprises ont vu le marketing prendre le pouvoir sur les applications Cloud. Mais si la DSI n'est à l'origine que du tiers des projets, c'est elle qui doit au final mener sa mise en œuvre dans 76% des cas.

Pour Mathieu Poujol, l'hybridation - et donc la complexification des projets Cloud - va replacer les DSI au centre des projets. « Les métiers ont pu penser pouvoir se passer des DSI mais le balanciers est en train de revenir vers les eux car on ne peut mener de projets de Cloud hybrides sans "les hommes du métier IT". […] Le rôle du DSI est en train d'évoluer, il va reprendre de l'importance tout simplement parce que cela devient très complexe ».

https://cdn.ttgtmedia.com/rms/LeMagIT/images/PAC2016-DSIvsMetiers.jpg

Pour autant, peu de DSI françaises se sont véritablement muées en prestataires de services internes. 36% affirment que c'est déjà le cas contre 40% qui veulent aller dans cette voie. Le but des DSI est donc de se replacer au centre des projets Cloud face aux directions métier, et non plus comme celui que l'on sollicite une fois le projet Cloud lancé.

Que faire des systèmes existants ?

S'il est toujours aisé de lancer de nouveaux projets dans le Cloud, le poids de l'existant pèse toujours lourdement sur les budgets informatiques.

L'idée de tailler dans les coûts de support des applications historiques fait son chemin dans le cerveau de bien des responsables informatiques. 50% ont basculé certaines de leurs applications historiques sur un Cloud privé et 48% affirment l'avoir réalisé dans un Cloud public. Un résultat impressionnant et plutôt surprenant quant on se souvient des réticences des DSI à aller dans le Cloud il y a 10 ans de cela.

Sans surprise, le principal frein avancé à cette marche vers le Cloud est celui de la sécurité informatique. 78% l'évoquent devant le problème des performances mais aussi celui de la difficulté d'intégration des services Cloud avec l'informatique historique.

« Les RSSI que je rencontre me confient qu'ils ont toujours ce problème de sécurité du Cloud à traiter » déplore Olivier Melwig, Directeur Technique Entreprises & Opérateurs chez Juniper Networks.

« On sait traiter le problème de la performance en augmentant la bande passante des réseaux, on passe au 10 Gbit/s, au 40 Gbit/s mais le problème de la sécurisation perdure. Il faut aujourd'hui penser différemment, évouer de la sécurité périmétrique qui n'est plus aussi efficace en termes d'efficacité dans une architecture où avec le Cloud l'informatique est répartie. Il faut changer de paradigme et passer d'une sécurité périmétrique à unes sécurité virtualisée, au plus près des applications, et d'un trafic horizontal qui est croissant puisqu'il y a de plus en plus d'échanges entre applications dans ce contexte hybride ».

Quelques applications font encore de la résistance

L'enquête PAC révèle que seules 34% des applications "historiques" sont exécutées dans un environnement Cloud hybride, contre 47% des tâches de test d'applications, 40% de l'hébergement des sites Web et 38% des outils de communication et de collaboration.

Actuellement, ce sont les systèmes de gestion financière qui sont les systèmes les moins souvent "cloudifiés" par les DSI. 44% des entreprises jugent ces applications non éligibles à un environnement Cloud hybride, de même que 29% de leurs systèmes de gestion de production industrielle.

A l'opposé, les plateformes de Business Intelligence, les systèmes RH, le CRM et les outils de la Supply chain posent beaucoup moins de problèmes aux DSI et ont été les premiers à avoir été basculés dans le Cloud.

Si le recours au Cloud n'effraie plus les entreprises françaises, de nombreux chantiers restent ouverts pour les DSI. Le premier d'entres eux porte sur la gestion des opérations, devant la mise en œuvre des SDN (Software Defined Networks). Pour 35% des DSI le prochain chantier porte sur une refonte globale de leur architecture informatique alors que 36% veulent se transformer en broker de services Cloud dans leur entreprise.

Pour approfondir sur Administration et supervision du Cloud