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Samsung rachète Joyent, un pionnier du cloud et des conteneurs
Samsung a annoncé le rachat de Joyent, un pionnier du cloud d'infrastructure, du PaaS et des conteneurs basé à San Francisco. Joyent va servir de fondation au cloud mobile et IoT de Samsung tout en continuant son activité de cloud public.
Samsung Electronics a annoncé hier le rachat du pionnier du cloud californien Joyent, basé à San Francisco. Joyent va devenir une filiale autonome de la division mobile de Samsung et servira de pilier à l'infrastructure cloud IoT et mobile du géant coréen. La firme californienne continuera toutefois ses activités traditionnelles et continuera à fournir des services de cloud publics.
Joyent, un pionnier du cloud et des conteneurs
Joyent s’est illustré au cours des dix dernières années, en appuyant son architecture cloud sur un OS libre dérivé d’OpenSolaris et en étant le premier à croire en l’avenir des conteneurs applicatifs dans un contexte cloud. La firme a aussi servi de berceau au framework javaScript serveur node.js – voir à ce propos cette vidéo d’une rencontre avec Joyent en 2010 - , a piloté le portage de KVM sur le noyau OpenSolaris/Illumos et a plus largement massivement contribué à l’évolution de technologie libres comme Dtrace ou OpenZFS. Plus généralement, Joyent a fait un pari sur l’open source, puisque le code de l’ensemble de ses technologies clés, dont l’OS SmartOS, la technologie d’orchestration de conteneurs Triton et le système de stockage objet Manta, est aujourd’hui dans le domaine public.
Dans un billet de blog, le CTO de Joyent, Brian Cantrill - l’un des pères de Dtrace chez Sun Microsystems et du projet Fishworks, qui a donné naissance aux appliances de stockage ZFS - explique que « le cloud est parvenu à accomplir ce qu’aucune révolution informatique n’avait réussi jusqu’alors : déplacer la source de l’innovation des constructeurs de machines, vers ceux qui les utilisent pour résoudre leurs propres problèmes.
Cette bascule – accélérée (sinon facilitée) par la montée de l’open source – a désorienté les leaders de l’informatique d’hier ; non seulement ils n’ont plus la solution aux problèmes, mais d’une façon générale, ils ne comprennent pas le problème : la plupart de ces sociétés n’ont jamais vraiment déployé elles-mêmes un cloud et elles continuent à avoir du mal à comprendre pourquoi quiconque devrait utiliser le cloud.
Cantrell explique que Joyent a été aux premières loges pour constater ce paradoxe. Il explique ainsi que la quasi-totalité des grands constructeurs ont, à un moment ou à un autre discuté d’une acquisition de Joyent. « Dans ces conversations, il était clair que bien qu’impressionnés – comme si leur pire cauchemar était que notre technologie décolle sous leur égide et ne devienne une menace mortelle pour lignes de produits existantes. De ce fait, ces conversations – toujours à l’initiative de ces acteurs - n’ont jamais mené à rien, ce qui a toujours été un soulagement ».
Samsung veut faire de Joyent la fondation de son cloud
Les premiers contacts avec Samsung ont été très différents explique Cantril. « Certains des gourous techniques de la division mobile de Samsung ont commencé à poser des questions très pointues sur notre système de stockage objet Triton. Visiblement très au fait des technologies, ils ont commencé à tester Manta et notre service de conteneurs Triton de façon agressive ». Ils ont aussi posé des questions à la fois sur le fonctionnement des systèmes mais aussi sur d’autres aspects du portefeuille technique de Joyent.
Étonnamment Samsung a posé des questions précises pour connaître les limites d’extensibilité de Manta. Et quant Joyent a répondu qu’en théorie, il pensait que le système était capable d’atteindre les niveaux attendus par Samsung sans avoir eu jusqu’alors les moyens financiers de le tester, Samsung a proposé de fournir le matériel nécessaire pour réaliser le test. Qui s’est avéré probant.
Comme l’explique Cantrill, Joyent, bien qu’ayant de nombreux grands clients, n’avait jamais eu un client aussi grand et aussi sérieux. Et lorsque Samsung a exposé sa vision, visant à utiliser Triton et Manta comme la fondation côté serveurs d’une nouvelle génération de services mobiles et d’applications, les choses sont devenues plus sérieuses. Et de fil en aiguille, les discussions ont basculé vers un mariage entre les deux sociétés.
Joyent va continuer à opérer son cloud public et continuera à maintenir l’ensemble du code de sa pile technologique sous forme open source. Mais le soutien et la clientèle de Samsung vont lui permettre de changer rapidement de taille et de doper son infrastructure à l’échelle mondiale afin de servir les besoins de la division mobile du constructeur. Ce soutien pourrait à son tour accélérer la croissance de Joyent en validant ses technologies pour les entreprises qui jusqu’alors hésitaient face à la taille modeste du fournisseur cloud face à ses grands concurrents comme Google, Amazon ou Microsoft.
Notons que Samsung n’a pas précisé le montant payé pour Joyent. La start-up a jusqu’alors levé plus de 130 M$ de fonds auprès d’El Dorado Ventures, Epic Ventures, Intel Capital, Greycroft, Liberty Global, Peter Thiel (le cofondateur de Paypal avec Elon Musk), Telefonica Ventures, Weather Investment II Group. Son chiffre d’affaires se situerait entre 50 M$ et 100 M$.