Philippe Ducellier
Workday adapte sa solution de Financial Management à la France
Après ses solutions RH (payroll) sorties en version française en début d’année, c’est au tour de la deuxième « jambe » de l’offre de Workday – la gestion financière - d’être traduite et régionalisée.
L’annonce officielle a été faite sur la scène du Workday Elevate, qui s’est tenu le 31 mai, à deux pas des Champs-Elysées, devant un public d’environ deux cents personnes (clients et employés de l’éditeur mélangés).
Un socle unique pour une solution fortement paramétrable (sans coder)
Mark Nittler, VIP et VP responsable de la stratégie entreprise, était présent en personne pour présenter Workday Financial Management sur le marché français. La suite, 100% Cloud, est composée de toutes les briques classiques utilisées par les comptables et les contrôleurs de gestion (cf. ci-dessous), regroupées en 5 grandes catégories : Comptabilité, Achats & Stocks, Planning & Budgets, Projets, et Reporting.
Contrairement à d’autres progiciels – y compris SaaS - Workday Financial Management n’est pas personnalisable dans le sens où il n’est pas possible d’y ajouter ou de créer des extensions. « Chez Workday, nous proposons un seul et unique socle technologique. C’est une seule architecture, une seule version, une seule UI et une seule communauté pour partager les best practices […] Vous ne pouvez pas toucher au code », confirme Mark Nittler au MagIT. Une limitation qui, pour lui, n’en est pas vraiment une. Au contraire.
D’une part parce qu’elle est assumée. « Les personnalisations font partie de l’histoire ancienne, c’était une mauvaise manière de faire les choses. Elles étaient nécessaires à une époque où une nouvelle version sortait au mieux tous les 6 ans mais elles ajoutent de la complexité ». Aujourd’hui, avec deux mises à jour par an, modifier soi-même le code n’en vaudrait donc plus la chandelle. « Notre philosophie c’est : utilisez ce que fait le produit », résume Mark Nittler. D’autant plus que s’affranchir des développements maison est source d’économie et apporte une simplicité conforme à ce que l’on attend du Cloud.
D’autre part parce que la solution est « hautement paramétrable » - que ce soit au niveau des règles, de l’UI ou des tableaux de bord - et qu’elle est déclinée (préconfigurée) pour être adaptée à plusieurs secteurs d’activité.
Workday Financial Management en français propose en natif des verticaux pour les services B2B, le conseil/ingénierie, le secteur technologique, l’Hôtellerie-Tourisme, le secteur de la finance, la santé, et les ONG.
Remiser l’instinct au placard pour se laisser guider par la donnée financière
La solution veut néanmoins aller au-delà. « Quand nous nous sommes lancés en 2005, nous nous sommes dit qu’il fallait en faire plus. Il existe beaucoup de solutions financières sur le marché, de QuickBooks (NDR : Intuit) à SAP. Et elles fonctionnent toutes… un Grand Livre de compte qui ne fonctionne pas, il disparait immédiatement du paysage ! ».
Mark Nittler a alors décidé de « faire autre chose ». L’idée a été d’essayer de permettre aux utilisateurs de « passer moins de temps sur les questions de gouvernance et de contrôle, pour se recentrer sur les prises de décisions stratégiques ».
En clair, l’angle d’attaque a été d’ajouter de l’analytique et du prédictif aux fonctions de base, tout en proposant de l’intégrer à la brique RH de Workday pour automatiser et exploiter le plus possible les synergies entre les deux départements (avec la paie notamment).
L’éditeur résume ces efforts en une formule : « Replace instinct by insight » (« Remplacer l’intuition par les faits dans la prise de décision »).
ERP alternatif et « Best of Breed » de nouvelle génération
Côté marché, Workday vise clairement les grandes entreprises et les groupes. « C’est la différence avec des éditeurs comme NetSuite [NDR : qui viserait de plus petites organisations] ».
De fait, Workday Financial Management s’adresse aux entreprises de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’employés. « On peut imaginer des exceptions pour des filiales de grand groupes par exemple - ou des entreprises en forte croissance - mais la solution n’est pas adaptée pour des entreprises comme des restaurants qui ont une vingtaine d’employés et qui n’ont pas vocation à se développer ».
Typiquement, Financial Management se place donc en concurrence frontale des ERP d’Oracle, de SAP et de Microsoft. Versions Cloud s’entend.
C’est d’ailleurs bien comme un ERP que Mark Nittler voit la solution. Les solutions RH et Financière de Workday forment pour lui une alternative complète pour gérer des entreprises centrées autour « des gens, des projets, et des produits immatériels »
Pour constituer un ERP complet, même dans « l’immatériel », il lui manque néanmoins une brique essentielle : le CRM. Une brique pour laquelle Workday a passé un accord avec Salesforce.
La logique est celle d’une approche « Best of Breed », mais de nouvelle génération. Mark Nittler considère en effet que l’époque du fournisseur unique pour toutes les composantes IT des entreprises est révolue (contrairement à ce que pense Oracle).
Mais il ne croit pas non plus à une approche totalement fragmentaire, comme elle a aussi parfois pu l’être. Pour lui, la meilleure option se situe entre les deux, dans un « best of breed » parmi un ensemble d’acteurs qui forment des alliances pour rendre leurs applications compatibles. Comme, donc, Workday et Salesforce.com.
Acxiom, beta-testeur pour la France
Même s’il ne se donne pas d’objectif strict, Mark Nittler évalue que Workday Financial Management sera un succès en France s’il atteint à terme la centaine de clients. Dans le monde, ils sont aujourd’hui un peu plus de 200 dont 110 en productions.
« C’est un nouveau marché. La gestion financière dans le Cloud en est à ses tout débuts. Il doit encore faire ses preuves », explique-t-il.
Parmi ces clients, on retrouve Netflix, TripAdvisor, l’assureur Aon, la plateforme de e-commerce Etsy, les universités de Yale, de Georgetown et de Miami, le courtier en immobilier Cushman & Wakefield ou encore le spécialiste du Big Data : Acxiom.
Ce dernier a d’ailleurs beta-testé la préversion française de Financial Management via sa filiale locale, au côté d’autres filiales d’autres groupes internationaux, que Workday n’a pas souhaité citer publiquement.
Rappelons, en guise d’indice, que parmi ces principaux groupes clients de Workday, on retrouve : Sanofi, Gsk, Rolls-Royce, Avon, Euronext, HPE, CSC, Diageo, ING (et son actionnaire Aegon), Travelex, Visa, Aviva Thales, Randstad, Easyjet, Unilever, Siemens, Deloitte, Primark, Centrika (UK), InterContinental Hotels, Best Western, Unibail-Rodamco, Lafarge Holcim, Adobe, ou encore Nissan.
HPE et CSC : aussi une histoire de Workday(s)
La scission des activités services de HPE (client de Workday) et sa fusion avec CSC (autre client de Workday) a évidemment eu des répercutions sur les RH, et donc sur les outils qui servent à les gérer au sein des deux groupes.
Pour illustrer la simplicité du SaaS (celui « né dans le Cloud », pas celui « issu du sur site »), par rapport aux « ERPs couteux et compliqués qui ont grandi par couches successives », Thierry Mathoulin - Directeur de Workday France - est revenu sur ce mouvement stratégique.
La séparation de HPE a été accompagnée par la création « de deux Workdays », en quelques jours seulement. Son regroupement avec CSC donne lieu actuellement à une fusion d'un de ces Workday issu de HPE avec celui de l'ESN. Une séparation/fusion qui aurait pris plusieurs mois avec les ERP de « l'ancien temps » (pour reprendre l'expression de Mark Nittler), et quelques semaines seulement avec le SaaS.