Copenhague lance une place de marché pour la commercialisation de données publiques et privées
La ville vient de lancer une plateforme de commercialisation de données issues du secteur public mais aussi vendues par des entreprises privées. Une première mondiale, selon les dires de la ville. Qui espère que l’initiative se généralisera partout dans le monde.
Les autorités espèrent que ces données permettront la création de nouveaux services numériques liés à la ville, qu’elles créeront de l'activité économique et qu’elles feront de la ville « un endroit où, encore plus, il fera bon vivre ».
La plateforme se nomme City Data Exchange Copenhagen. Elle a été développée en collaboration avec Hitachi Insight Group. Elle permettra donc de donner accès à des données publiques mais également à des organisations privées de vendre les leurs, souvent sous forme d'abonnements à des flux de données actualisées régulièrement.
Rendre de grosses quantités de donnes accessibles, alors qu’elles étaient aujourd’hui à la disposition unique du secteur public ou des entreprises privées qui les génèrent, devrait permettre à de nombreux acteurs d’économiser du temps et de l’argent lorsque ceux-ci recherchent des informations pour denouveaux projets.
Le Maire de la Ville, Frank Jensen, affirme plus largement vouloir faire de sa ville un « hub technologique » pour rendre la cité plus efficace. Un objectif qui passe par un soutien affiché aux start-ups. « Je veux que Copenhague soit une ville laboratoire pour la conception et l’expérimentation de nouvelles technologies ».
Cette City Data Exchange est en tout cas un des piliers clefs de la stratégie de la ville pour devenir la toute première capitale à atteindre la neutralité carbone. Un objectif qu’elle souhaite atteindre d’ici 2025.
Mais le Maire voit plus loin. Si la sauce prend, c’est-à-dire si les start-ups créent suffisamment de services innovants, Frank Jensen imagine déjà l’intérêt que de nombreuses autres capitales pourraient porter à cette plateforme. Et la possibilité de leur vendre ou d’intégrer leurs données à la place de marché, qui pourrait devenir mondiale.
Un tel projet ne va cependant pas sans défi. Celui de la protection de la vie privée est le plus critique. Frank Jensen l’admet sans détour. « Quand vous partagez des données avec le secteur privé, la question de la confidentialité des informations se pose toujours ». Pour y répondre, le Maire assure que toutes les données qui transiteront sur la City Data Exchange seront anonymisées.
Pour le reste, ce sont les organisations qui décideront quels jeux elles souhaitent vendre et à quel prix (généralement un abonnement par mois pour bénéficier des actualiations) pour les rendre disponibles via une API.
L’architecture technique de la plateforme s’appuie sur HDS et sur Azure. Mais pour Robert Farris, vice-président en charge du développement de l’activité chez Hitachi Insight Group, le principal défi n’est pas tellement technique. Il était - et reste - d’attirer les entreprises pour qu’elles partagent leurs données. « Cette idée d’organisation qui partagent et qui vendent des données est très nouvelle, et très différente. La clef a été d’imaginer une place de marché centralisée pour que ces échanges soient monétisables […] sur le modèle de eBay ou d’Amazon ».
Au lancement, le 18 mai 2016, une poignée d’entreprises proposaient déjà des jeux de données à vendre (dont l’opérateur Danish Telco). « Et 35 sont en discussions », se félicite Hitachi. Du côté des acheteurs, les banques et la distribution se sont déjà manifestées pour devenir client.
Plus généralement, le principe a, comme l'éspèrait Frank Jensen, suscité l’intérêt d’autres villes : au Danemark, dans d’autres pays nordiques (Oslo, Helsinki) mais aussi de Hong-Kong, de Singapour, de Londres ou encore de Denver et d'Austin.
Parmi les premiers vendeurs, la société d’ingénierie spécialiste des sous-sols et de la géologie Geo a témoigné lors du lancement de la place de marché. La société pense que le secteur de la construction et les promoteurs immobiliers seront intéressés par son expertise, alors que la ville connait une croissance importante et donc une forte demande en nouveaux logements.
Autre exemple, côté acheteur cette fois, la start-up Vizalytics Technology s’est déjà appuyé sur les APIs de City Data Exchange pour imaginer une application à destination des commerçants. Cette application (Mind My Business) leurs donne des informations – par exemple sur la fréquentation escomptée – en fonction des embouteillages ou du calendrier des évènements culturels ou sportifs.