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Un point avec Juniper sur l'adoption du 25G en France

LeMagIT s'est entretenu avec Olivier Melwig, le directeur technique entreprises France de Juniper pour faire le point sur l'adoption des nouvelles technologies Ethernet en France et notamment sur l'émergence du 25 Gigabit.

LeMagIT a récemment interrogé Olivier Melwig, le directeur technique Entreprise de Juniper Networks pour l’Europe du Sud afin de discuter de l’adoption par les entreprises des nouvelles technologies Ethernet comme le 25 Gigabit et le 100 Gigabit. L’occasion aussi de faire le point sur l’utilisation par les entreprises des débits au-delà du 10 Gigabit. 

LeMagIT : Les premiers équipements de commutation à 25/50/100 Gigabit sont disponibles depuis plusieurs mois. Quel est aujourd’hui leur niveau d’adoption par les entreprises ?

Olivier Melwig : Les cabinets d’analyses comme Dell’Oro ou IDC prévoyaient à l’origine l’adoption du 25/50 à partir de 2015, mais cela ne s’est pas produit. Dans la pratique la plupart des entreprises continuent aujourd’hui à utiliser le 10/40/100G.

En fait, la première cible des technologies 25/50/100G est celle des acteurs des datacenters massifs comme Google, Amazon, FaceBook, Microsoft ou Apple. L’interrogation majeure pour l’adoption de ces technologies dans les entreprises reste le coût des adaptateurs côté serveurs.

LeMagIT : Justement côté serveur les prix des premiers adaptateurs 25G ne sont pas si loin que cela des prix des adaptateurs 10G [environ 30 à 40 % plus chers pour 2,5x la bande passante]. En va-t-il de même côté commutateurs ?

Olivier Melwig : Du côté des acteurs de la commutation réseau, nous nous employons à expliquer que l’objectif est de faire converger les prix du 25G et du 10G. Dans notre liste de prix, le 25G est quasiment au prix du 10G, en tout cas en volume. C’est moins le cas sur les petites quantités. Notre objectif est de faciliter la transition. La montée en débit répond en effet à la problématique de la progression des trafics Est-Ouest dans les datacenters.

LeMagIT : Qu’en est-il spécifiquement de l’adoption du 25/50G en France ?

Olivier Melwig : En France, on est encore très loin de l’adoption du 25G. Dans les datacenters d’entreprises, l’adoption en masse du 10G au niveau serveur est encore balbutiante. On mise en 2016 sur les effets de bord de la transformation numérique qui devraient permettre l’adoption plus générale du 10G dans les datacenters français. Mais l’adoption du 25G pour les serveurs n’est pas pour tout de suite. Selon nous, les besoins n’émergeront sans doute pas vraiment en France avant la fin 2017. […]

La bonne nouvelle est que les fibres monomode installées dans les datacenters il y a 5 ans lorsque le 10G a émergé sont réutilisables pour le 25/50. Beaucoup de clients ont recâblé leurs datacenters pour du 12 fibres [N.D.L.R. : les connecteurs multi-fibres standardisés de type MTP/MPO ou « Multiple-fiber Push On/Push Off » agrègent 12 fibres optiques et facilitent le câblage. Ils permettent aussi d’accroître la densité du câblage fibre optique]. Ils n’auront donc pas à refaire leur câblage s’ils adoptent le 25/50G.

LeMagIT : On voit aujourd’hui émerger des solutions de stockage Flash denses qui arrivent en standard avec des « fabrics »Ethernet  40G (c’est le cas chez Pure Storageavec FlashBlade ou EMC avec ses futurs NAS en cluster Isilon). De même beaucoup de châssis lames disposent de modules réseaux 40G. Cela veut-il dire que le 40G est mieux adapté au monde de l’entreprise ?

Olivier Melwig : Beaucoup de clients ont construit des fabrics en 40G pour agréger les liaisons 10/40G de l’accès. Et certains ont commencé à bâtir des cœurs de réseau en 100G. (...) Il est donc logique que les grands du stockage adoptent le 40G, d'autant que certaines des architectures que vous décrivez viennent du monde Infiniband et que l'on voit clairement reculer Fibre Channel sur le marché. En France, dans les déploiements Big data, on reste fréquemment sur des connexions multiples à 10G. La transition vers du 40G sera assez facile. C’est aussi ce que l’on voit aussi dans les serveurs lames.

Dans le monde financier, qui est toujours à la recherche de latences plus faibles, on voit une montée de la demande en 40G et pourquoi pas du 25G d’ici fin 2017. 

LeMagIT : En France, on a vu une adoption plus rapide de l’hyperconvergé que dans les autres grands pays d’Europe. Les serveurs hyperconvergés utilisent systématiquement des connexions 10G et avec la montée en puissance de la Flash, il est sans doute vraisemblable que les débits vont devoir évoluer…

Olivier Melwig : Nous constatons en effet une progression du taux de pénétration d’acteurs comme Nutanix et Simplivity. Nous avons signé un accord avec Lenovo pour proposer en quasi OEM une infrastructure de « fabric » adaptée à ces architectures. Nous avons signé de très beaux contrats en Asie avec Lenovo et aussi aux États-Unis avec Nutanix. En France, nous nous employons à nous développer sur ce marché avec des partenaires comme Interdata et Nomios [N.D.L.R. : deux partenaires de Juniper et Simplivity]. Nous travaillons aussi avec IBM autour des PureFlex et des solutions PureApplication.

LeMagIT : Le premier à se lancer sur le marché du 25G a été Arista suivi par des commutateurs en marque blanche (EdgeCore, HP…) .Cisco s’est aussi lancé récemment. Qu’en est-il de Juniper ?

Olivier Melwig : En novembre 2015, nous avons annoncé le QFX5200, une famille de commutateurs dont les interfaces supportent indifféremment le 10 G, le 25 G, le 40G, le 50G et le 100G [N.D.L.R. : la version 1U du QFX5200 propose 32 interfaces QSFP28, soit de quoi supporter 128 ports 25G via un câble épanoui]. De notre point de vue, les clients achètent le QFX5200 sans se préoccuper du fait qu’il supporte ou non le 25G, car les interfaces du QFX5200 supportent tout type de débits. C’est l’optique ou le DAC connecté qui vont conditionner le débit auquel opère l’interface.

On propose aussi pour certains clients des modes de licence à la capacité du port. C’est par exemple le cas dans l’univers du mobile, pour les besoins de collecte de trafic (« backhauling »). Cette pratique émerge aussi pour les infrastructure des hébergeurs. 

Comme l'OCX1100, le QFX5200 dispose d’une interface ONIE [N.D.L.R. :Open Network Install Environment, une couche qui permet de booter DES OS réseaux ouverts sur un commutateur] et est prêt pour accueillir indifféremment JunOS ou un autre OS. Nous sommes en train de désolidariser progressivement nos matériels du logiciel. Comme l’a annoncé Jonathan Davidson, [le vice-président du développement et de l’innovation de Juniper], nous allons mener cette année un gros travail pour désagréger JunOS et le rendre portable comme Linux. Avec la désagrégation de JunOS, on pourra accélérer les développements et l’arrivée de nouvelles fonctions. Et JunOS pourra à terme fonctionner sur nos équipements comme sur des matériels tiers.

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