Back-end IoT : Salesforce appuiera son offre Cloud sur l’infrastructure d’AWS
Même s’il s’agit d’un choix temporaire - ce que l’on ne sait pas encore - cette décision montre à nouveau la criticité et la difficulté de la question de l’infrastructure pour les éditeurs. Elle est aussi une grande première pour Salesforce, adepte du 100% fait maison.
Jusqu’à présent, la stratégie industrielle de Salesforce était claire : toutes ses offres logicielles étaient hébergées sur ses propres serveurs au sein de ses propres datacenters. Les rares exceptions étaient issues de rachats, comme celui de Heroku – le PaaS qui s’appuyait sur le IaaS de AWS.
C’est donc avec une certaine surprise que l’annonce (à confirmer néanmoins) de Adam Bosworth, Executive Vice-President en charge de l’IoT chez Salesforce, a été reçue. Selon le Wall Street Journal, celui-ci a en effet déclaré que Salesforce allait utiliser les services d’AWS pour héberger ses solutions back-end (stockage de données et analyses des informations) dédiées à l’Internet des Objets.
L’offre IoT Cloud (chez Slesforce on parle d'« Internet des Clients » pour la relier au coeur de métier de l'éditeur qu'est le CRM) est officiellement prévue pour d’ici fin 2016.
Crise de croissance ou choix pérenne ?
Adam Bosworth explique cette décision par le fait que « nous grandissons très vite. Nous avons besoin de beaucoup de ressources. Il a fallu faire le choix d’une valve de sécurité dans un Cloud public pour soutenir ce que nous faisons ».
Reste à préciser si ce choix sera temporaire – le temps de mettre en place l’infrastructure interne pour absorber les masses de données et les charges de travail liées à la multiplication des capteurs – ou si elle sera définitive.
Contacté par TechTarget (propriétaire du MagIT), AWS et Salesforce n’ont pas su répondre à cette question pourtant simple. Ce qui indique que la surprise a également été au rendez-vous en interne chez l’éditeur suite à la déclaration de son Vice-président.
Pour mémoire, Amazon a déboilé AWS IoT en octobre 2015 avec Philips et la NASA en « early adopters ». Cette offre vise à être un concurrent d'autres plateformes back-end dans le domaine, dont celles de Google (GCP), de Microsoft (Azure IoT), de Cisco (Jasper), de GE (Predix), d'IBM (Watson IoT), de SAP (SAP HANA Cloud Platform for the Internet of Things) ou de... Salesforce.com.
Cloud public tiers puis datacenters en propre : d'autres l'ont déjà fait
Le choix d’un Cloud public comme option temporaire a également été fait par Apple, qui héberge une partie d'iCloud sur AWS et sur Azure et depuis peu sur Google Cloud Platform (pour diversifier ses fournisseurs de IaaS) en attendant la livraison de ses nouveaux datacenters pour pouvoir tout héberger lui-même.
Un cas identique, bien que peut-être moins voulu au départ, est celui de Dropbox. Le service d’EFSS a en effet utilisé jusqu’à cette année le IaaS d’AWS comme infrastructure de son offre. Jusqu’à ce que la start-up, ayant atteint une taille suffisamment critique, ne décide de construire elle-même ses centres de données pour gagner en indépendance et réaliser de substantielles économies.
Quoiqu’il en soit, un Salesforce – qui a ouvert un datacenter en Allemagne et qui en prévoit un autre cette année en France – dépassé par le succès (et les contraintes) de l’IoT, même de manière temporaire, est une illustration supplémentaire du nouveau défi que représente l’infrastructure pour les éditeurs. Encore plus dans le SaaS.