Teradata : un recentrage pour mieux s’adapter au marché
Le spécialiste de l’entrepôt de données nomme un nouveau CEO et cède sa division marketing pour amorcer une transition.
Nouveau PDG, revente de son activité liée aux applications marketing : Teradata a décidé d’ajuster et de consolider son modèle, alors que les revenus et les bénéfices du spécialiste historique de l’entrepôt de données et de l’analytique dégringolent d’un trimestre sur l’autre. Sortir des terres applicatives orientées usages pour se recentrer sur l’analytique, l’entrepôt de données et la gestion des données tel est l’objectif du nouveau commandant à la barre.
C’est donc Victor Lund le nouveau CEO de Teradata qui aura la lourde tâche de redresser le groupe, et de mener sa transformation, note un communiqué. Il remplace Mike Koehler, qui a passé 14 ans aux commandes, et qui a visiblement peiné à orienter le groupe sur un marché de la donnée qui a considérablement évolué.
Rien que sur le premier trimestre 2016, la société a fait état d’un recul de 6% de son chiffre d’affaires à 545 millions de dollars pour une perte de 46 M$. Des résultats qui suivent ceux de 2015 où le groupe avait terminé l’année sous le signe de la recession (-7%, à 2,5 Md$ pour une perte nette de 124 M$).
Un chiffre d’affaires en recul certes, mais dont la hauteur montre toutefois que Teradata s’appuie encore sur une forte base installée et des prestations de maintenance clé pour son modèle.
Diversifications et recentrage
Le groupe avait tenté de se diversifier dans les applications marketing et la gestion de campagnes en multipliant les rachats, comme ceux d’Aprimo, de Ecircle et Appoxee.
Le groupe avait créé une division dédiée nommée « Integrated Marketing Solutions » pour encadrer une offre d’applications marketing Cloud. Offre qu’il était d’ailleurs venu défendre lors de l’événement e-Commerce 2015, montrant la nouvelle face de Teradata – plus connu pour ses entrepôts et appliances que pour ses applications marketing.
Mais la mayonnaise ne semble pas avoir pris. La division a affiché un CA de 34 M$ au premier trimestre 2016, contre 38 M$ à la même période il y a un an.
A tel point que Teradata a fait le choix de la revente. Cette activité vient d’être cédée au fonds d’investissement Marlin Equity Partners pour 90 millions de dollars. Teradata quitte donc officiellement ce segment de marché, peu de temps après y avoir pris place.
Officiellement pour mieux se ré-ajuster sur les activités données et analytiques, explique un communiqué.
Cette opération est positive pour les deux entités, commente Olivier Rafal, analyste principal au sein du cabinet Pierre Audoin Consultants (groupe CXP). Il évoque en effet un problème de culture qui existait entre ces deux mondes.
« Teradata cultive des rythmes de vente sur le long terme, avec peu de clients high-end [NDR : clients grands comptes] par an mais qui évoluent avec la société. Alors que les activités liées aux applications marketing répondent à des cycles de ventes plus courts. » Avec des coûts différents également.
Une mutation du marché
Mais cette stratégie de diversification n’est pas la seule raison de ce ré-ajustement. Car si le groupe a su adapter sa technologie, réagir à Hadoop et à NoSQL - avec certes une certaine lenteur - le marché a de son côté bougé plus rapidement. Teradata s’est retrouvé attaquer sur plusieurs fronts.
« Oracle, Microsoft et SAP peuvent désormais rivaliser sur le haut de gamme. Et en entrée de gamme sont apparues des solutions moins chères et plus simples, comme les clusters Hadoop », note Olivier Rafal.
Même histoire dans le Cloud où ces mêmes concurrents ont beaucoup investi dans le Paas, avec des bases de données en ligne et des services Big Data.
Le vent de la concurrence a aussi fortement soufflé chez les pure-players, comme Google et AWS (avec RedShift par exemple, NDLR) qui ont développé des services accessibles simplement.
Or « Teradata n’a pas investi en ce sens », constate l’analyste de PAC. Alors même que la demande des entreprises, elle, ne s’est pas cantonnée à des offres haut de gamme comme, mais sur des offres meilleur marché, avec un champ fonctionnel suffisant –mais pour un meilleur prix.
Devenir privé ?
Cette décision pourrait bien ouvrir une nouvelle ère pour Teradata, comme Informatica ou Tibco, deux autres cadres du secteur qui ont décidé de quitter les cotations boursières pour se donner le temps de se repositionner et renouer avec la croissance.
Une voie que le spécialiste de l’entrepôt de données pourrait d’ailleurs emprunter, commente encore Olivier Rafal. « Ces acteurs ont quitté la pression induite par les marchés pour réaligner calmement leur stratégie ».
Se donner du temps pourrait ainsi être clé pour Teradata qui a dû en manquer pour faire murir ses activités d’accompagnement et de conseils - qui ne s’appuient pas sur les mêmes modèles et ne produisent pas les mêmes marges.
En clair, devenir privé lui permettrait de mieux investir, loin de l’urgence des cours de bourse.
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