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Intel se retire du marché des mobiles et laisse le champ libre à ARM
Lassé des milliards de pertes générés par son activité mobile, Intel vient d'annoncer l'arrêt du développement de sa prochaine génération de puces mobiles. Sur ce marché, le fondeur concède la défaite face à ARM.
Intel a officiellement décidé de stopper le développement de la prochaine génération de ses puces Atom optimisées pour les mobiles et les tablettes, mettant définitivement un terme à sa tentative d’imposer les puces x86 face aux puces ARM dans le monde des terminaux mobiles communicants.
10 ans d'efforts en vain pour tenter d'enrayer la progression d'ARM
Depuis près de 10 ans, le fondeur a multiplié les dépenses pour tenter d’imposer son architecture face à celle d’ARM dans le monde des mobiles. Le constructeur a commencé par produire ses puces Atom pour le marché des Netbook en 2008. À partir de 2011, le fondeur a progressivement décliné des versions de ces puces pour les tablettes et les téléphones mobiles, nouant au passage un accord avec Google pour le portage d’Android sur l’architecture x86.
Les efforts d’Intel ont culminé en 2014 avec le lancement de la plate-forme Bay Trail (à base de cœurs Atom Silvermont), puis avec les lancements en 2015 de la plate-forme « Cherry Trail » (à base de cœurs Atom « Airmont ») pour les tablettes et des SOC Sofia pour smartphones. Ces processeurs sont en fait des hybrides alliant des cœurs Atom et des modems 3G/4G produits conjointement avec RockChip et SpreadTrum.
Problème, Intel en position de faiblesse a dû continuer à sponsoriser massivement l’adoption de ces puces faisant de son activité mobile un foyer de pertes intenable. La firme a ainsi perdu près de 9 Md$ sur le mobile pour les seules années 2012, 2013 et 2014 - pour un CA total d’à peine 3,4 Md$).
Visiblement, quequ’un chez Intel a fini par en tirer la conclusion qui s’impose : Il est temps de stopper l’hémorragie et de se retirer du marché des mobiles. Les puces Atom « Broxton » prévues à l’origine pour le second semestre 2016 et qui devaient intégrer le nouveau cœur Atom « Goldmont » en 14nm viennent officiellement de disparaître de la roadmap d’Intel. Dans la pratique cela signifie que les plates-formes Morganfield (smartphones) et Willow Trail (tablettes) basées sur ces puces passent aussi à la trappe et avec elles ce qui restait de la division mobile d’Intel.
Des licenciements massifs qui s'expliquent sans doute largement par l'abandon du marché des mobiles
Lors de la récente publication des résultats d’Intel, nous écrivions que la firme avait de façon bien pratique accusé le marché PC de tous les maux pour justifier le licenciement à venir de 12 000 de ses salariés. En fait, Intel a intégré sa division mobile à sa division « client computing » à la fin 2014 ce qui a eu pour effet secondaire d’en dissimuler les pertes massives à partir de 2015. Il y a donc fort à parier qu’une large partie des 12 000 salariés concernés par les licenciements sont en fait les salariés de l’ex division mobile d’Intel en cours de démantèlement suite à l’arrêt de ses plates-formes.
Intel a pris soin de rappeler qu’il aura quand même cette année une puce Atom pour tablettes s’appuyant sur les nouveaux cœurs « Goldmont ». Le constructeur triche en fait un peu. Connue sous le nom de code Apollo Lake, la puce mentionnée par le fondeur a été pensée pour le marché des « netbooks » et accessoirement celui des hybrides tablettes/netbooks. Apollo Lake devrait faire son apparition dans des premiers systèmes cet automne.
Intel doit désormais enrayer l'implantation d'ARM sur ses autres marchés clés
« Nous avons une roadmap vers la rentabilité », affirmait encore Intel en 2014 à propos de son activité mobile. A l’époque le fondeur ne pensait sans doute pas que cette roadmap passerait pas l’arrêt de ses activités mobiles… Tout l’enjeu pour la firme est désormais de contenir la menace ARM pour éviter qu’elle ne s’étende à ses principaux marchés, ceux des PC et des serveurs, qui génèrent l’essentiel de ses profits. Intel est pour l’instant en position de force sur ces marchés, mais ARM commence lentement à s’y implanter. Et soudain, avec le retrait du marché des mobiles, l’architecture x86 qui a dominé le monde de l’informatique depuis près de 25 ans n’apparaît soudain plus invincible.