OpenStack Summit : OpenStack à un carrefour de son évolution
Avec une maturité désormais considérée comme suffisante par l’écosystème, OpenStack parvient à entrer dans des projets en production. Mais les analystes pointent du doigt encore certaines lacunes.
Volkswagen, Ebay, Paypal, le CERN, l’Union européenne, Betfair, FICO, mais aussi SAP, Workday… non, les cas d’usage d’OpenStack ne se limitent à l’industrie des télécoms, et a atteint un niveau de maturité adéquate pour la production. C’est le message qu’il fallait retenir ce jour en ouverture de l’édition de l’OpenStack Summit qui se tient cette semaine à Austin (Texas). La Fondation OpenStack, en charge du projet de framework Open Source, a tenu à montrer combien OpenStack avait franchi des étapes supplémentaires pour s’installer dans les stratégies Cloud des entreprises.
Il faut dire que la maturité du framework, et de certains de ces composants, a souvent été pointée du doigt par le monde des entreprises. Une fragilité qui avait freiné l’adoption de la technologie, ou l’avait cantonné pour l’essentiel à des prototypes.. A cela s’était ajouté une complexité native de la technologie et un manque de compétences pour la déployer.
Mais aujourd’hui, le marché a évolué, résume Jonathan Bryce, le directeur exécutif de la Fondation OpenStack. « Si l’on compare le marché à ce qu’il était il y a quelques mois, cela est très différent. » En témoigne d’ailleurs la dernière étude de la fondation : 65% des entreprises ayant déployé OpenStack l’ont fait en production. Symbole que la route choisie par le framework tend à devenir moins chaotique. Selon la fondation, la moitié des entreprises du Fortune 100 ont de l’OpenStack. « OpenStack a atteint aujourd’hui un niveau de maturité suffisant », lance d’ailleurs un responsable de l’opérateur Verizon.
Pourtant les projets de déploiements de Volkswagen sur technologie Mirantis, ont du mal à occulter les vastes projets déjà bien mûrs des grands opérateurs telcos en force lors de l’événement. Par exemple, c’est bien AT&T qui remporte le trophée des utilisateurs d’OpenStack…remis par NTT Docomo, vainqueur en 2015. Verizon y est très présent ; Orange témoigne.
D’ailleurs, les grands opérateurs telcos ont permis de faire émerger certaines briques clés d’OpenStack, comme le NFV (virtualisation des fonctions réseau), connaît encore Jonathan Bryce. Le thème est d’ailleurs au cœur de cette édition 2016 de l’événement. « Au début seul AT&T participait à cette brique, mais aujourd’hui de nombreux projets ont évolué avec les contributions des opérateurs, résume-t-il. Ils ont commencé à contribuer d’abord pour leurs propres besoins, comme Neutron, et aujourd’hui la technologie fonctionne ». Il est certes évident que l’empreinte des géants des telcos est aujourd’hui très présente dans la communauté OpenStack. « NFV est le premier moteur d’adoption d’OpenStack par les telcoms pour leurs capacités à virtualiser le réseau sur un Cloud public », commente Roz Roseboro, analyste chez Heavy Reading, qui observe le marché des télécoms depuis 15 ans. Surtout ce qui marque une rupture, est l’usage et la contribution de ces acteurs à des projets Open Source sur un segment historiquement protecteur, insiste-t-elle.
« un ensemble d’outils plutôt qu’à un produit »
Si évidemment, OpenStack a fait son trou dans les entreprises, pour ses capacités de gestion et provisioning automatisée de VM, de composants et fonctions réseau, de stockage – pour n’en citer que certains - , les analystes tombent aussi d’accord sur le fait qu’il reste encore du chemin à parcourir. Si les grandes entreprises citées en exemple à Austin laissent entrevoir une décongestion de l’adoption, d’autres font encore la moue.
Si la rareté des compétences et la complexité de la technologie est généralement pointée du doigt, on remarque que la multiplicité des projets rebute. « Les entreprises comparent encore OpenStack à un ensemble d’outils plutôt qu’à un produit », lance un analyste de 451 Research.
Un argument que rejoint Paul Miller du cabinet d’études Forrester : OpenStack est perçu comme un aggloméré de projets, avec une maturité et une robustesse hétérogènes, commente-t-il. De quoi refroidir les ardeurs en matière d’investissement.
Autre lacune pointée par les analystes, celle de ne pas répondre aux exigences des entreprises. « Les entreprises demandent par exemple un Paas et souhaitent que la fondation collabore avec Cloud Foundry pour proposer ce qu’a fait IBM avec Bluemix et Softlayer », soutient Rene Buest, analyste au sein du cabinet allemand Crisp Research.
Toutefois, tous reconnaissent qu’OpenStack est arrivé à un carrefour et a atteint une masse critique. La prochaine étape ? Séduire le mid-market, avance par exemple Paul Miller. « Nous avons vu les gros bras, place désormais aux plus petites entreprises. »