Analytique : Gartner bouleverse sa hiérarchie des éditeurs de BI
Expérience utilisateur simplifiée pour les métiers, facilité et flexibilité de déploiement d’un côté ; outils open-sources, multiplication des données, montée en puissance du prédictif et de l’IoT de l’autre, sont en en train de redessiner le marché de la BI. Une BI qui n’a jamais été aussi mouvant.
Dans son Magic Quadrant 2016 dédié à la « Business Intelligence et aux plateformes analytiques », le cabinet d’analyses Gartner a chamboulé son classement de l’année dernière. Un classement radical qui traduit une évolution radicale, elle aussi.
Tableau, Qlik et Microsoft rois des Analytics Platforms…
« La plupart des achats de plateforme s analytiques se font sur des solutions de nouvelle génération, qui sont centrées sur l’utilisateur. Cette réalité ouvre de nouvelles perspectives pour le marché, elle réorganise aussi significativement le paysage des éditeurs », avance le rapport.
Au sommet de cette nouvelle hiérarchie trônent désormais trois rois et pas un de plus : Tableau, Qlik et Microsoft.
Seuls ces trois acteurs ont le bénéfice d’être qualifiés de « Leaders » par Gartner. L’année dernière, six autres éditeurs faisaient partie de cette catégorie. Mais MicroStrategy, IBM, SAP et SAS ont été repositionnés dans les « Visionnaires ». Quant Informations Builder, il est cette année rétrogradé en simple « Acteur de Niche ». Pire, Oracle – lui aussi Leader en 2015 – a totalement disparu du classement.
Un tel changement s’explique par une plus grande emphase de la part du cabinet d’analyse sur l’expérience utilisateurs métiers. Non pas par lubie, mais parce que les achats se font de plus en plus directement par les opérationnels (les « Lines of Business »). Les éditeurs qui ont pris en compte cette tendance ont donc bien performé. Les autres ont d’une certaine manière été sanctionnés.
Les nouveaux leaders ont été récompensés pour la facilité de prise en main de leurs offres en « self-service » mais aussi pour la facilité de déploiement de leurs solutions. Le rapport note par ailleurs que les outils BI de Microsoft, Qlik et Tableau sont aussi bien déployables par les métiers en projet indépendants que par une DSI dans un projet centralisé, que ce soit sur site ou dans le Cloud.
Le changement le plus important du « Magic Quadrant for Business Intelligence and Analytics Platforms » version 2016 est sans conteste l’absence d’Oracle. Un porte-parole de l’éditeur explique cette absence par le fait qu’Oracle a sorti ses nouveaux outils Cloud « orientés métiers » trop peu de temps avant que le processus de sélection de Gartner ne débute. Ce qui ne lui aurait pas laissé le temps matériel de fournir toutes les références utilisateurs nécessaires pour être répertorié cette année.
L’explication vaut ce qu’elle vaut. Josh Parenteau, un des auteurs du rapport, affirme quant à lui que les offres existantes d’Oracle ont bien été examinées pendant le processus de sélection. La décision de ne pas les faire figurer dans le « Magic Quadrant » viendrait au final du fait que l’éditeur était bel et bien trop lent à s’adapter aux nouvelles contraintes et demandes du marché de la BI.
A noter que cette décision n’est pas une surprise totale. En 2015, déjà, Gartner avait indiqué que les outils analytiques d’Oracle étaient principalement adaptés aux implémentations gérées par des personnels IT, et qu’ils manquaient cruellement d’ergonomie pour des utilisateurs non avertis.
Les autres acteurs à avoir été aussi radicalement déclassés sont OpenText Analytics (ex- Actuate), Panorama Software, Prognoz, Salient Management Co., et Targit. Tous pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus.
A l’inverse, la plus grosse entrée est celle de Salesforce.com avec son offre Wave. Le spécialiste du CRM en mode Cloud est accompagné dans ce nouveau « Top 24 » de BeyondCore, ClearStory Data, Domo, Platfora et Sisense.
Selon le rapport, ce classement demande à être confirmé l’année prochaine. Mais Gartner prévoit que ce mouvement vers plus de flexibilité et de simplicité d’usage ne feront que s’amplifier dans les cinq années à venir.
… mais une Advanced Analytics Platforms plutôt calme, avant la tempête
Dans son deuxième rapport sur les outils BI – le Gartner's Magic Quadrant for Advanced Analytics Platforms – le turnover est beaucoup moins important. Pour mémoire, la catégorie « Advanced analytics » englobe la modélisation prédictive, les statistiques complexes, le data mining, le Machine Learning (ou apprentissage statistique), et toutes les pratiques mathématiques qui permettent de générer des enseignements que ne peuvent extraire des données les traditionnels outils BI de reporting.
Dans ce classement des plateformes « avancées » ce sont SAS, IBM, KNIME et RapidMiner qui dominent, exactement comme l’année dernière. Un nouvel entrant chez les « Leaders », tout de même, avec Dell (Statistica/StatSoft).
D’après ce deuxième rapport, dans cette catégorie de BI, l’analytique prédictif et l’analytique prescriptif sont les deux segments en très forte progression. Ils devraient concentrer à eux deux plus de 40% des investissements BI d’ici 2020.
Malgré une relative continuité dans le classement, Gartner souligne que le marché évolue rapidement. Très rapidement. A tel point qu’il recommande aux entreprises clientes des « Leaders » de ne pas se couper des acteurs de niches. Ceux-ci pourraient en effet rapidement prendre la place des premiers dans les années à venir.
Plus précisément, et toujours d’après le « Magic Quadrant for Advanced Analytics Platforms 2016 », plusieurs tendances émergentes vont bouleverser le marché. Et de citer la démocratisation des outils open-source (comme R, Python ou Spark), l’augmentation du nombre de sources de données disponibles (internes et externes), et l’Internet des Objets (qui crée un besoin autour du Complex-Event Processing et du traitement des flux de données en temps réel – alias le Stream Analytics).
Gartner suggère que les éditeurs qui capitaliseront sur ces tendances seront, quasi à coup sûr, les Leaders de ses prochains Magic Quadrants.