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IBM France va supprimer 360 emplois dans sa division GTS
La division Global Technology Services est la première concernée par le plan de suppression d'emploi présenté par la firme hier en CCE.Un plan qui touche toutes les spécialités de la division services du groupe. Les syndicats critiquent la stratégie d'IBM et sa démarche d'offshoring.
Rien ne va plus chez IBM France. Le géant de l’informatique d’entreprise, qui affiche un chiffre d’affaires mondial d’un peu moins de 82 milliards de dollars pour environ 380 000 salariés – à titre de comparaison la fusion Dell-EMC donnera naissance à un géant de 80 Md$ de CA avec environ 160 000 salariés – a entamé un vaste programme de suppression d’emplois à l’échelle mondiale.
Pour mémoire, IBM employait près de 434 000 salariés au pic de son activité en 2011 lorsque la firme réalisait environ 106 Md$ de CA. Il faut remonter à 2002 pour retrouver IBM à son étiage de CA actuel (environ 81,5 Md$). La firme employait alors 315 000 salariés dans le monde, ce qui donne une petite idée des réductions d’effectifs que pourrait opérer la firme à l’échelle mondiale.
360 emplois supprimés chez GTS IS
En France, Big Blue a précisé hier lors d’un comité central d’entreprise les contours de son plan triennal visant à supprimer quelque 1 500 à 1 600 emplois. L’activité GTS (Global Technical Services) est en première ligne. Selon l’UNSA, IBM France a annoncé que 360 emplois devraient y être supprimés cette année. Pour la CFDT, le plan prévoit la suppression de près du tiers des emplois de l’entité GTS IS Delivery and Client Excellence qui emploie actuellement près de 1 160 personnes en France. 47% des postes de chef de projet, 28% des postes d’IT Specialists et 49% des effectifs dans les services techniques seraient concernés. Une partie de ces suppressions d’emplois se fera dans le cadre d’un plan de départs volontaires, mais IBM devrait aussi recourir à des licenciements secs. Des sites GTS IS comme ceux de Marne-la-vallée ou Nice pourraient être particulièrement affectés.
Lorsqu’on y regarde de plus près toutes les spécialités sont affectées. Les effectifs mainframe de GTS IS devraient ainsi être réduits de près de 44% tandis que les effectifs sur les architectures distribuées seront réduits de près de 56%. 53% des personnels travaillant sur des projets de mobilité ou de poste de travail perdront également leur emploi.
La CFDT souligne le décalage entre les besoins des clients et la stratégie d’IBM
Selon la CFDT, Il y a un décalage croissant entre la stratégie d’IBM France et la demande des clients. Cette demande « ne paraît pas adressée correctement par le COMEX d'IBM France qui applique doctement le modèle Corp. d'offshoring et tarde à moderniser notre offre de services pour corriger les causes de notre baisse d'attractivité ». L’objectif d’IBM serait de conserver environ 20% de l’effectif services en local, 20% en near shore (pays à faible coût de main-d’œuvre en Europe) et 60% en off shore (notamment en Inde qui emploierait aujourd’hui près du tiers des salariés de Big Blue dans le monde). Tout en dénonçant l’offshoring chez Big Blue, la CFDT explique qu’IBM France n’a pour l’instant pas démontré de difficulté économique dans les services, ce qui indique sans doute une bataille dure à venir lorsque Big Blue va tenter de faire valider son PSE.
Il est à noter que GTS ne devrait pas être la seule division touchée par les réductions d’effectifs. La division logicielle, pourtant l’une des pépites historiques du groupe, devrait elle aussi subir de plein fouet le plan en cours. IBM France n'emploie plus qu'environ 7 000 salariés en France, contre près de 26 000 à son sommet vers la fin des années 1990. Aux Etats-Unis les effectifs ont fondu de façon similaire. Big Blue employait près de 230 000 salariés aux US au milieu des années 1980. Selon Alliance@IBM, ils n'étaient plus que 71 000 à la fin 2015.