Sogeti

Décès de Serge Kampf : l’industrie IT française rend hommage à son membre le plus influent

Serge Kampf est décédé. Il aura marqué de son empreinte l’industrie IT française en fondant et dirigeant Capgemini durant plus de 40 ans. La SSII née à Grenoble est devenue au fil du temps l’un des acteurs majeurs des services informatiques dans le monde. Le secteur IT et au-delà l’industrie française a rendu hommage à ce dirigeant discret par ailleurs féru de rugby.

Serge Kampf, cofondateur de Sogeti puis de Capgemini, est décédé ce jour à l’âge de 81 ans. L’annonce officielle est intervenue via le service de communication de Capgemini qu’il aura conduit vers les sommets de la hiérarchie mondiale des sociétés de services informatiques. Une gageure dans un secteur IT outrageusement dominé par les groupes d’origine américaine.

L’IT, Serge Kampf était tombé dedans assez jeune, dans les années 60, alors même que l’informatique n’était qu’un petit secteur à peine prometteur. Comme souvent en France dans les nouvelles technologies, l’histoire commence dans les télécoms - Serge Kampf commence sa carrière professionnelle en 1960 à la direction générale des Télécommunications à Paris - puis chez Bull. C’est le 1er octobre 1967, à Grenoble, dans un deux-pièces transformé en bureau, que Serge Kampf crée Sogeti avec trois anciens de Bull. Dans son hommage Capgemini explique comment « les changements technologiques et culturels de l’époque lui inspirent une offre de services visionnaire par rapport au rôle à venir de l’informatique dans le mondes des entreprises : c’est la première société à marier technique et conseil en organisation ».

La légende est en route qui verra peu à peu Sogeti s’étoffer depuis sa base grenobloise au terme d’un long processus d’acquisitions – notamment celles de Cap et de Gemini Computer Systems, en 1975 – et de consolidation. Le groupe Capgemini, comme beaucoup de ses concurrents, s’est en effet constitué, sous l’égide de Serge Kampf, à travers de multiples acquisitions dans tous les secteurs d'activités liés aux services informatiques : consulting, intégration de systèmes, infogérance. Près de 40 acquisitions (petites ou grandes entreprises) ont été réalisées en 40 ans.

Discret pour le grand public, Serge Kampf aura marqué de son sceau l’ensemble des grands mouvements de la société jusqu’en 2011, date à laquelle il cède son fauteuil de PDG, non sans avoir choisi son successeur. 

En 1981, la SSII, désormais baptisée Cap Gemini, rachète son homologue américaine DASD. Il s’agit à l’époque de la plus grosse acquisition d'une SSII américaine par des européens. Mais c’est en juin 1990 que le groupe prend un virage déterminant. Serge Kampf organise à Marrakech une rencontre des managers qui doivent décider de l’avenir stratégique du groupe. Trois scenarii leur sont soumis et c’est finalement celui visant à faire du groupe Cap Gemini Sogeti l'un des 3 ou 4 leaders mondiaux des services informatiques en le renforçant là où il est peu présent (Angleterre, Allemagne) et en le réorganisant autour d'une direction à la fois géographique et par secteurs d'activités économiques, qui est choisi.

Le virage de l'internationalisation

En 2000, Cap Gemini s’internationalise un peu plus et monte en puissance dans le conseil avec l’acquisition de la branche consulting d’Ernst & Young. Désormais membre indéboulonnable du Big 5, il se rebaptise CGEY et passe de 40 000 à 60 000 salariés. En 2007, c’est le virage de l’offshore avec l’acquisition de Kanbay International et le développement du groupe en Inde.

En 2011, Serge Kampf cède son poste de PDG à Paul Hermelin qui poursuit le développement du groupe dans la même veine que son mentor.

Dans un communiqué, François Hollande - par ailleurs proche de Paul Hermelin et qui connait, à ce titre, bien le groupe - a rendu hommage à « un grand entrepreneur » qui avait fait de Capgemini « un des fleurons de l’économie française et une entreprise de taille mondiale » . Syntec Numérique évoque de son côté « le principal pionnier à l’origine de l’industrie des services informatiques dans notre pays ».

C’est donc une figure de l’industrie IT française qui disparait mais pas que. Serge Kampf était également l’un des principaux mécènes du rugby français - son autre passion - qu’il a accompagné dans la professionnalisation. Il était notamment proche de Jean-Pierre Rives et de Serge Blanco, deux légendes françaises de ce sport. Et le grand argentier des Barbarians français, club très select et influent rassemblant quelques légendes locales de ce sport. Il avait lié son groupe au rugby hexagonal en faisant notamment de Capgemini le principal sponsor du Biarritz Olympique du temps où le club basque dominait le championnat de France. Plus récemment, Sogeti - l’un des fers de lance du groupe en France - a accompagné la montée en puissance du club de Grenoble - ville où tout a commencé dans les années 60 pour la SSII - et aujourd’hui solidement ancré dans le top14.

Pour approfondir sur SSII, ESN