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GE veut faire de Predix le leader de l’analytique en milieu industriel
GE et son bras armé IT GE Digital ont lancé un programme partenaires pour leur plateforme analytique Cloud pour le milieu industriel : Predix. Dévoilé au Mobile World Congress, il cible intégrateurs, éditeurs et sociétés de conseils.
Pour GE, il s’agit d’une première étape dans la stratégie du PDG, Jeff Immelt, de faire de GE Digital un des 10 plus gros éditeurs mondiaux de logiciel professionnel d’ici 2020.
La plateforme maison, Predix (un PaaS analytique pour l’Internet des Objets), a été entièrement développée en interne et est à présent utilisée par les unités opérationnelles métiers de GE.
Accenture et Capgemini dans le GE Digital Alliance Program
Ce programme partenaires - baptisé GE Digital Alliance Program - a pour but de démocratiser Predix dans l’écosystème industriel. Il offre notamment aux participants un accès aux ressources commerciales, marketing et techniques de GE Digital, et propose des contenus de formations, des certifications ou encore des bacs à sable pour créer des PoC.
Accenture, AT&T, Cisco, SoftBank ou Vodafone ont été partenaires de GE dès le lancement de Predix, à l’été 2015. D’autres les ont officiellement rejoints cette semaine : Intel, Infosys, TCS, Deloitte Digital, Softtek ou encore Wipro.
Un accord avec Capgemini prévoit également qu’une équipe de 200 personnes sera dédiée au sein de l’ESN française à Predix. Chez Tata Consulting Services, on parle de la formation de 1.000 ingénieurs pour le PaaS analytique de GE. Tandis que Wipro prévoie de son côté la formation de 500 techniciens.
La chance de GE Digital d’un point de vue marché est que l’analytique dans un cadre IoT – et encore plus dans un cadre IoT industriel – diffère radicalement de la BI traditionnelle. C’est en tout cas ce qu’affirme Gartner dans son rapport sur les technologies phares qui vont marquer 2017 et 2018.
GE : un pied dans l’IT et un autre dans l’industrie
« Les informations collectées à partir de choses impliquent de nouveaux types de données et d’algorithmes. Les séries temporelles (NDR : évolution d’une quantité en fonction du temps) y sont très répandues, tout comme l’application de filtres et la transformation de Fourier. De plus en plus d’objets connectés sont également conscients de leurs localisations, ce qui implique d’intégrer une dimension géographique aux traitements de leurs signaux. L’analytique dans un contexte IoT a besoin de plateformes capables de traiter en temps réel de gros volumes de flux d’évènements, de Machine Learning et d’architecture où le traitement lui-même peut être distribué entre les objets ».
Les équipes traditionnelles ne sont pas nécessairement bien armées pour ces nouvelles exigences. Quant aux fournisseurs de solutions, Gartner avertit : « les plateformes IoT sont encore très immatures et le marché extrêmement volatiles ».
Un point que Denzil Samuels, Head of Global Channels and Alliances chez GE Digital, tourne à son avantage. « Si vous faites un pari sur la plateforme gagnante, n’oubliez pas ceci : nous sommes une start-up de 5 milliards de dollars ».
Le responsable va plus loin. GE Digital n’est pas simplement bien placé dans l’IoT, il l’est aussi dans l’industrie. « Nous ne construisons pas simplement une plateforme logicielle… Nous savons aussi construire des machines. Nous les connaissons. Notre proposition est unique, elle allie logiciel et machine ». Et de conclure, « dans le Cloud industriel, il n’y pas d’acteur dominant (NDR : comme Salesforce ou Amazon dans d’autres domaines), nos partenaires peuvent donc se faire une place représentative sur ce marché ».
L’autre argument de GE Digital est l’ouverture de Predix. L’outil est en effet conçu avec des briques open-sources et s’appuie sur CloudFoundry.
Résultat, il serait facile d’intégrer Predix à des projets de natures très différentes. « Si un manufacturier, quel qu’il soit, veut rejoindre l’aventure, il est le bienvenu ! », invite d’ailleurs Denzil Samuels avec emphase. Accenture par exemple, a collaboré avec GE Digital pour concevoir une solution prédictive d’allocation de ressources pour l’entretien et la réparation des pipelines qui minimise l’impact d’évènement s imprévus.
Une forte concurrence dans les back-end IoT
Ceci étant, GE n’est pas le seul sur le marché des PaaS dédié à l’internet des Objets. Loin de là.
Microsoft propose Azure IoT Suite. Amazon (dont le PaaS est en construction) propose déjà AWS IoT. Salesforce(un des deux leaders du PaaS avec Microsoft d’après Gartner) a lancé son IoT Cloud. Même SAP y va de sa solution.
Quant à Cisco, il propose un SaaS analytique (Jasper) pour les objets connectés. Et si Google (challenger dans le PaaS, toujours d’après Gartner) ne commercialise pas de solution dédiée, il n’oublie pas pour autant le sujet.
Enfin IBM, qui ne cesse de muscler son offre Cloud / cognitive / IoT avec Watson, vient d’ouvrir à Munich un siège mondial dédié à la problématique.
Rien qui ne puisse inquiéter GE si l’on en croit Denzil Samuels. « IBM n’est pas un rival, ils n’ont pas l’expertise dans les machines et les installations industrielles comme les centrales électriques ». En résumé, pour lui, en étant un pont entre les deux mondes (IT et industriel) GE possède un avantage concurrentiel sur les acteurs des deux sphères.
Reste que comme le souligne Gartner, le marché des back-ends IoT est immature et susceptible d’essuyer de violentes tempêtes dans les années à venir. De profonds chambardements qui pourraient emmener par le fond quelques plateformes, aussi grosses soient-elles.
Avec nos confrères de ComputerWeekly