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Michael Dell : « Ignorez les titres racoleurs de médias à l’agonie »
Lors d’un séminaire, Michael Dell a fermement nié tout problème de financement pour le rachat d’EMC et a confirmé que l’opération progressait comme prévu. La publication d’un document à la SEC permet d’en savoir plus sur les conditions de rachat du leader mondial du stockage.
Michael Dell et plusieurs hauts dirigeants de Dell ont expliqué à leurs employés que la fusion à 67 Md$ avec EMC était en bonne voie, contredisant les articles de la presse financière qui affirment que le groupe rencontrerait des problèmes pour financer l’opération. Pour mémoire, Dell entend s’endetter de près de 57 Md$ pour racheter EMC et ses filiales.
Plusieurs articles ont fait état au cours des récentes semaines de difficultés que rencontrerait le constructeur texan pour lever des fonds. La semaine dernière, Reuters indiquait ainsi qu’une des banques conseil de Dell avait du repousser la date butoir pour lever les dix premiers milliards de dollars nécessaires à la réalisation de l’opération.
Mais au cours d’un séminaire avec des salariés tenu le 9 février, Michael Dell a assimilé ces articles à des « appâts à clics » émanant de médias à l’agonie.
« Vous avez peut-être lu un article qui s’interroge sur la viabilité de ce deal. Si c’est le cas, vous avec perdu un peu de votre temps » a expliqué Dell sous les applaudissements de ses employés.
« Les médias sont stressés et leur business model est en train de s’effondrer. Ce qu’ils font pour survivre en ces temps difficiles est de créer ce que l’on appelle des appâts à clics. Ils utilisent des titres racoleurs. Tel ou tel a été engrossé par des aliens ou je ne sais quoi… Cliquez pour en savoir plus, voir des publicités ou gagner de l’argent. Ne tombez pas dans ce piège, OK ? » a expliqué le patron et fondateur de Dell [pour mémoire Dell a par le passé racheté un constructeur de PC baptisé Alienware, ça ne s’invente pas…, N.D.L.R.]
Dell confiant sur le calendrier de la fusion
Dell a martelé un message similaire à celui transmis par Joe Tucci, le patron d’EMC, lors de l’annonce des résultats du n°1 mondial du stockage. Selon lui, « la transaction progresse selon le calendrier originel et dans le respect de l’accord initial. Sa bonne exécution ne dépend pas du cours de l’action EMC ou VMware. Elle est soumise à l’approbation des actionnaires et à celle des autorités de la concurrence. Nous espérons que l’affaire sera bouclée entre mai et octobre, comme annoncé initialement ».
Les commentaires de Dell ont été suivis une semaine plus tard par une lettre du « Chief Integration Officer » de la firme, Rory Read. « Je tiens à m’exprimer sur les rumeurs des dernières semaines concernant de possibles difficultés financières autour de la transaction » écrit-il. « Je peux vous assurer que les rumeurs de difficultés de financement de la dette sont erronées et ne reflètent pas la situation financière réelle ni nos progrès quand au financement de l’opération à ce jour. Le financement de la dette est pleinement assuré, il est garanti par plusieurs des plus grandes banques mondiales. Le processus de syndication et de placement de la dette pour une opération de cette nature nécessite fréquemment une période de plusieurs mois. Ce processus est en cours comme prévu ».
Les commentaires de Michael Dell et le courrier de Rory Read ont été révélés dans le cadre de documents envoyés par EMC à la SEC, la commission des opérations de bourse US. Notons que Dell et EMC ont reçu de bonnes nouvelles la semaine dernière avec l’accord formel donné par les autorités de la concurrence européennes à la fusion.
Un avenir pour Compellent après la fusion
Michael Dell a aussi abordé la question de l acannibalisation des produits lors du séminaire avec ses salariés.
Il a en particulier indiqué que la plate-forme Compellent SC survivra à la fusion. « Nous avons une vision claire de la façon dont les séries SC seront intégrées au portefeuille de stockage combiné avec EMC ». Selon le président fondateur, la base installée de Compellent a été multipliée par 5 en nombre de clients et par 10 en nombre de systèmes installés depuis le rachat de la société, il y a près de cinq ans.
EMC lève le voile sur les négociations avec Dell
Le document envoyé par EMC à la SEC permet aussi d’en savoir un peu plus sur les coulisses des négociations entre Dell et le spécialiste du stockage d’Hopkington.
Entre 2013 et 2014, un concurrent de Dell, prudement baptisé « Société X » et que l’on devine être Hewlett-Packard a discuté avec EMC du rachat de VMware et/ou de l’intégralité d’EMC. Mais ces discussions n’ont rien produit de concret.
Michael Dell a pour la première fois pris contact avec Joe Tucci le 24 septembre 2014 pour discuter d’une possible transaction entre les deux sociétés. Des représentants de la société holding contrôlant Dell, Denali, et d’EMC ont ensuite poursuivi le dialogue entamé par les deux dirigeants.
Michael Dell et JOe Tucci ont ensuite eu de multiples conversations par téléphone et en face-à-face dont une lors du World Economic Forum de Davos, en janvier 2015.
Le 15 juillet 2015, Dell a fait sa première offre formelle valorisant EMC et ses filiales à 33,05 $ par action. Cette offre comportait une partie en cash (24, 69 $) et une partie sous la forme d’une « tracking stock » pour VMware (8,36 $). Cette offre a ensuite été légèrement révisée le 1er septembre : la partie en cash a été revue à la hausse à 24,92 $ et 8,13 $ sous la forme d’une « tracking stock ».
Le 23 septembre, Dell a transmis sa proposition finale valorisation chaque action EMC à 33, 15 $ et ce n’est au final que le 11 octobre, après négociations, que les deux firmes sont tombées d’accord sur la répartition finale du prix (24,05 $ en cash et 9,10 $ sous la forme d’une « tracking stock »). L’accord a finalement été rendu public le 12 octobre.
Selon EMC, la société a alors contacté près de 15 acheteurs potentiels pendant la période dite de go-shop. Aucun n’a fait d’offre alternative à celle de Dell. Parmi les acteurs contactés figuraient sans doute Cisco, nommé « Société Y » et décrit comme un fournisseur global de solutions serveurs, réseaux et stockage. La société Y aurait refusé de discuter.
La “Société X” – HP – n’a pas été contactée durant la période de go-shop « du fait de modifications à sa structure et à son business ». HP à cette époque était en pleine période de séparation en deux entités, HP Inc et HPE.