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Verizon confirme étudier la vente de sa division Datacenter
Le géant américain des télécommunications a confirmé étudier la vente de sa division datacenter (qui inclut Terremark), après avoir nié pendant plusieurs mois tout projet de cession. Selon Reuters, l'opérateur aurait confié le processus d'enchères à CitiBank
Chez Verizon, le business entreprise n’est plus en odeur de sainteté. Alors que de multiples rumeurs prêtent au géant américain des télécoms l’intention de sortir du marché des télécoms d’entreprise pour se reconcentrer sur son cœur de métier d’opérateur mobile, Le directeur financier de la firme, Francis Shammo, a confirmé il y a dix jours que la firme avait mis aux enchères son activité DataCenter.
La rumeur courrait depuis l’automne et avait été jusqu’alors constamment démentie par l’opérateur. Lors de la conférence Wells Fargo Technology, Media & Telecom, le 10 novembre dernier, Shammo avait ainsi répondu à une interrogation sur la cession par Verizon de ses activités entreprises (dont le périmètre comprend pour l’essentiel l’ex MCI-WorldCom et TerreMark) : « ces rumeurs sont sans base, de la conjecture et de pures spéculations. Il n’y a aucune fondation derrière ses commentaires. La question que je me pose est la suivante : nos concurrents sont-ils en train d’essayer d’instiller le doute sur Verizon et notre support à venir auprès de nos clients. [L’entreprise] fait partie de notre portefeuille et nous continueront à supporter nos clients. Ces rumeurs et spéculation sont justes ridicules ».
Le même Shammo est donc devenu un adepte du ridicule en confirmant la semaine passé, lors de la présentation des résultats trimestriels du groupe, que Verizon avait mis aux enchères sa division datacenter : « Comme Lowell McAdam [le président et CEO de Verizon] et moi l’avons toujours dit, nous continuerons à chercher des opportunités. [La cession] du datacenter est un exercice exploratoire pour voir si nos actifs ont plus de valeur dans notre portefeuille ou à l’extérieur.
Et histoire de rassurer ses clients, Shammo a indiqué que la firme voit le rôle de ses datacenters de la même façon que ses mats et tours de radio téléphonie (qu’il a vendu l’an passé à American Tower pour 5,1 Md$). En clair, si la firme peut valoriser cet actif en le cédant elle n’hésitera pas.
Un parc d’une cinquantaine de datacenters dans le monde
L’activité d’hébergement de Verizon, qui fournit notamment des services de colocation et des services de cloud clés en main, s’appuie sur une cinquantaine de datacenters dans le monde, en majorité hérités de WorldCom et MCI (rachetés en 2006), mais aussi de TerreMark (racheté en 2011 pour 1,4 Md$). Cette activité aurait réalisé un CA de près de 275 M$ en 2015 et la firme espérerait en retirer près de 2,5 Md$.
Selon plusieurs observateurs du secteur, l’opérateur souhaitait à l’origine trouver un acheteur pour sa division entreprise – assemblée autour des actifs de MCI, WorldCom et TerreMark. CenturyLink avait approché Verizon pour cette dernière, mais le prix demandé (près de 10 Md$) l’aurait finalement découragé. L’activité entreprise de Verizon voit en effet son CA s’éroder régulièrement – Sur l’ensemble de l’année 2015, ses revenus ont baissé de 5,2 %, à 12,94 Md$ après avoir déjà reculé de 3,5 % en 2014 et de 3,9 % en 2013- et Verizon n’entrevoit guère d’amélioration avant 2017.
Mais faute d’avoir réussi à trouver un acheteur au bon prix, l’opérateur a finalement choisi d’opter pour une mise en vente séparée de son activité datacenter. Selon nos contacts, le constat fait par Verizon est que le retour sur investissement de ses actifs entreprises et plus généralement de ses actifs fixes est largement inférieur à celui de ses actifs mobiles. Et alors que la 5G commence à poindre son nez, l’opérateur entend mobiliser l’ensemble de ses ressources financières pour investir dans le mobile. D’ailleurs, il a récemment obtenu le feu vert des autorités de réglementation pour la cession de ses actifs fixes californiens, floridiens et texans à Frontier Communications pour 10,5 Md$.
Notons que Verizon n’est pas le seul à tenter de se désengager des activités datacenters. CenturyLink, après avoir échoué à racheter les actifs entreprises de Verizon étudierait désormais la vente de ses activités datacenters. Les centres de données d’AT&T seraient aussi à vendre. L'un des signes de la consolidation des acteurs du cloud prédite pour 2016 par TBR ?