Filière cybersécurité française : la commande publique se fait attendre
Malgré des avancées concrètes, la filière française de la sécurité informatique peine à attirer des investissements privés significatifs et la commande publique.
Selon Thierry Delville, délégué aux industries de sécurité au ministère de l’Intérieur, « le travail est en cours » concernant la commande publique en soutien à la filière française de cybersécurité, sans pour autant donner de chiffre.
Un premier exemple concret s’est toutefois manifesté à l’occasion du FIC : Prim’X Technologies a annoncé la signature d’un contrat de licence globale avec l’État, sous l’impulsion de l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information, l’Anssi.
Ce contrat permet aux ministères, aux administrations centrales et à leurs services déconcentrés de s’équiper à loisir des produits Cryhod, ZoneCentral et Zed! Ce contrat pluriannuel couvre en outre le support, le maintien en condition opérationnelle, et le maintien en conditions de sécurité.
Le tout passe par le biais de la centrale d’achat UGAP. Et le 4 février prochain, Hexatrust doit se retrouver à Bercy pour présenter les produits de sécurité certifiés figurant au catalogue de l’UGAP. Mais pour Jean-Noël de Galzain, président du club français des PME de la cybersécurité, qui réclamait des « opportunités industrielles » pour ses membres à l’automne dernier, il faudra plus et, en particulier de l’investissement.
Des destins plus ou moins heureux
Une étude du pôle ministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (Pipame), présentée à l’occasion du FIC, met ainsi en lumière une filière qui rassemble quelque 600 entreprises générant 6 % des emplois du secteur marché et 10 % du chiffre d’affaires de la filière française de la sécurité. Elle devrait enregistrer une croissance de 10,4 % par an en moyenne d’ici à 2020, pour une progression de 7,4 % de l’emploi.
L’une des forces de la filière serait, en particulier à l’exportation, l’identification/authentification et la sécurisation des communications. Mais elle serait en revanche plutôt faible en matière d’équipements et de matériels.
Les auteurs de l’étude s’attendent à une « forte croissance du marché des PME et des particuliers ». L’an passé, la filière aurait réalisé un chiffre d’affaires de plus de 290 M€. Une croissance de 12 % est attendue pour 2016. Les PME affichant un chiffre d’affaires de moins de 5 M€ ont connu la croissance la plus forte. Celles réalisant un chiffre d’affaires de moins de 500 000 € ont en revanche souffert. Un point d’autant plus préoccupant que la plupart des acteurs du domaine sont des TPE.
Un manque d’investissement
En moyenne, les acteurs de la filière cybersécurité investissement beaucoup : 47 % de leur chiffre d’affaires en recherche et développement. Mais pour Jean-Noël de Galzain, les entreprises du secteur souffrent de sous-capitalisation et, en particulier, manquent d’investissement privé.
Moins de 20 % des entreprises indiquent ainsi disposer de fonds privés, pour un montant moyen de 3,10 M€. Au final, elles s’avèrent particulièrement dépendantes de BPI France ou encore du crédit impôt recherche et du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.
Aujourd’hui, Jean-Noël de Galzain se veut prudent. Il assure ne pas constater véritablement de changement de la politique industrielle du gouvernement. Pour autant, il estime qu’il est « encore un peu tôt » et nourrit des espoirs de la publication à venir des arrêts sectoriels pour les opérateurs d’importance vitale.
Une labellisation qui s’étend
En parallèle, le FIC a été l’occasion d’ouvrir le fameux label France Cybersécurité, créé il y a tout juste un an, à de nouveaux acteurs du domaine. Thales l’a reçu pour ses produits Mistral, Elips et sans surprise pour sa tablette chiffrée, le Teopad. Le spécialiste français de l’archivage Locarchive a également été distingué, de même que Sogeti pour ses services de conseil en cybersécurité. Et c’est également le cas d’Ilex, spécialiste de la fédération d’identités et du SSO, ou encore de Netheos, spécialiste de la gestion numérique de la contractualisation, et Brainwave, spécialiste de l’IAM.