Salon Entreprise du Futur : la DSI doit se transformer
Le premier congrès dédié à la transformation numérique des PME/ETI a rassemblé plus de 1 000 dirigeants de PME et ETI autour de conférences, débats, témoignages et partages d'expériences. Deux tables rondes étaient consacrées à la place des DSI et CDO (Chief Data Officer) dans la mutation numérique des entreprises.
« Il faut se débarrasser de l’ancien modèle. La direction informatique doit faire sa mutation sur l’organisation du travail, les méthodes et outils numériques, la relation client et les liens hiérarchiques», martèle Jean-Pierre Corniou, Directeur Général Délégué de SIA Partners, un cabinet de conseil en organisation. D’emblée, le ton est donné lors de cette première édition du salon Entreprise du futur qui s’est tenu la semaine dernière à Lyon. Dans un contexte de fort bouleversement, animé par la désormais très tendance transformation numérique, les entreprises et les DSI doivent trouver leur place.
Outre le recours au Cloud pour la quasi-totalité des fonctions d’une entreprise, la mobilité impose aussi de nouvelles pratiques. « Les informaticiens sont conservateurs, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’ils souhaitent un SI fiable et robuste. Ils voient le système informatique comme un jeu de Mikado où le simple déplacement d’une baguette fait bouger toutes les autres », poursuit Jean-Pierre Corniou estimant qu’il n’y a pas d’avenir dans la complexité. Une innovation étant pour lui une technologie qui fonctionne et que tous les acteurs d’un système d’information peuvent s’approprier.
Les mots-clés répétés à l’envi sur ces tables rondes font la part belle à la place centrale du client final, à qui il faut proposer une technologie simple à utiliser et fiable. Aujourd’hui, il n’y a plus de projets à 10 ans, l’horizon appartient à des projets agiles, disponibles en 6 mois. Selon Jean-Pierre Corniou, pour atteindre ces objectifs, il faut réduire la hiérarchie à un maximum de 3 niveaux, diminuer de moitié la durée des réunions et le nombre de courriels émis. Un e-mail doit s’adresser à une personne, non à un groupe qui ne le lira pas.
Hicham Badreddine, Chief Data Officer (CDO) de Malakoff Médéric, explique que les assureurs et la Sécurité Sociale, ne veulent plus payer en aveugle. Cela exige des outils et processus efficaces et agiles, autant de qualités qui justifient la collaboration avec des start-ups dont la réactivité est précieuse. Pour lui, «le rôle d’un CDO est plus celui d’un politique que d’un sachant. Il doit savoir écouter puis choisir la meilleure solution. Dans ce process, l’échec est parfois nécessaire».
Eric Payan, DSI de Bosch Rexroth, pense quant à lui que dans 10 ans, un objet connecté sans son avatar numérique ne se vendra pas et recommande une écoute attentive de terrain, hors d’une démarche trop théorique : « J’ai été voir travailler les équipes dans nos ateliers. Quel est leur quotidien ? Quel est leur métier ? C’est essentiel pour mettre en place de bons produits d’IoT ».
Olivier Ondet, directeur marketing d’Orange Business Service, brosse un tableau édifiant de l’ampleur des mutations futures : «De 2010 à 2020, le stockage sera multipliée par un facteur 10, le débit des réseaux par 20 avec le déploiement de la fibre et les capacités de calcul seront 30 fois supérieures. Nous devons dans les 5 ans préparer ce que nous appelons le développement énergétique des réseaux. La chaine d’amélioration se fait en mode continu.» Et de citer l’échec d’applications comme l’anticipation de bouchons routiers car le GPS le faisait aussi bien - succès en revanche pour l’application tourisme mise en service à l’étape de l’Alpe d’Huez et qui indiquait combien de touristes étaient restés, combien étaient partis.
Le dialogue avec les directions métiers s’impose
Dans la table ronde sur la DSI et les directions métiers, Pierre Mottier, DSI du Groupe APICIL, explique que la transformation numérique se met en place progressivement chez le 5ème groupe français de protection sociale. L’ancienne informatique, qui s’adosse à des serveurs sur site, cohabite encore avec des solutions Cloud. « Les assurés sont demandeurs d’un accès facilité à leur dossier. Pour cela, nous avons développé des partenariats avec d’autres entreprises pour améliorer nos services. La conduite au changement exige une écoute et un échange avec les directions métiers ».
Grégory Cartier, DAF et DSI de Mecalac, fabricant de gros engins mécaniques de chantier, est directeur financier et informatique. « Auparavant, le SI reposait uniquement sur un ERP avec deux systèmes locaux de messagerie. Pour remplacer cette vieille informatique, nous avons mis en place un plan d’accompagnement de 3 ans avec des points d’évaluation tous les 3 mois. Un programme de formation a été proposé et il est aujourd’hui bien accepté par le personnel ».
Marc Fornas, Directeur général d’Axilis et Securetech, un acteur de l’impression et de la gestion documentaire, a rappelé ce qui est aujourd’hui répété comme un incantation : à savoir le placement de l’utilisateur au centre du SI et le fait que les technologies ne doivent pas êtres subies mais choisies et adoptées par les entreprises. Un accompagnement au changement lui parait indispensable.