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Les investisseurs chahutent Barracuda Networks
Les résultats trimestriels de l’équipementier ont déçu, de quoi déclencher de vives critiques dont certains paraissent d’une légitimité discutable.
L’action de Barracuda Networks a chuté de près de 28 % ce vendredi 8 janvier, lors des échanges avant l’ouverture des marchés, à la suite de l’annonce de ses résultats trimestriels la veille, pour finir à un peu plus de 10 $. Soit plus de 35 $ de moins que son plus haut sur 52 semaines. Les investisseurs ont ainsi marqué leur déception après l’annonce d’un chiffre d’affaires de 80,1 M$ assorti d’un bénéfice de 0,07 $ par action, au cours du trimestre clos le 30 novembre dernier, au lieu d’un bénéfice de 0,09 $ par action pour un chiffre d’affaires de 84,4 M$.
Plusieurs courtiers – dont JMP Securities, Imperial Capital et William Blair – ont ainsi abaissé la note de l’équipementier d’un cran, n’anticipant plus qu’une performance en ligne avec le marché.
Dean M. Drako, un actionnaire majeur de Barracuda Networks, n’avait pas attendu ces événements : il a ainsi cédé plus de 74 000 actions dès le 5 janvier dernier, au cours d’environ 18 $.
Mais c’est peut-être Alexander Chamandy qui, en tant qu’investisseur individuel, livre la charge la plus marquée. Dans une lettre ouverte à Adam Carson, vice-président de Barracuda en charge des finances et des relations avec les investisseurs, il détaille ce qu’il appréhende comme des « problèmes […] de planification et d’exécution », dont plusieurs peuvent paraître discutables.
Et cela commence, selon lui, par des difficultés à retenir les talents, à les rémunérer de manière qui les satisfasse, ou encore à maintenir un environnement de travail motivant, avec des plaintes, sur ces points « considérablement au-dessus de la moyenne de l’industrie », comme le laissent entrevoir les commentaires sur Glassdoor.com.
Outre ces considérations non négligeables, Barracuda Networks affiche, selon Alexander Chamandy, des tarifs susceptibles de « faire peur aux petites entreprises ». Un point peut-être juste outre-Atlantique mais que certains témoignages semblent contredire en France. Ainsi, Richard Daniel, responsable informatique d’Esmod, soulignait récemment dans nos colonnes les bénéfices de la politique de renouvellement gratuit du matériel de Barracuda au bout de 4 ans, sous condition de souscription à la maintenance pour cette période. Un avantage concurrentiel également mis en avant par Frédéric Carricaburu, DSI du groupe SFA, sans compter la simplicité de déploiement.
Alexander Chamandy déplore également un support de premier niveau « lent, inexpérimenté » et, selon son expérience, aux connaissances techniques limitées. Là encore, des différences peuvent exister entre Amérique du Nord et Europe. Mais tant Richard Daniel que Frédéric Carricaburu semblent avoir profité d’expériences bien plus positives.
Enfin, après avoir ressorti un sujet de vulnérabilités liées à des comptes d’administration à distance vieux de trois ans, Alexander Chamandy appelle à « de la véritable innovation, qui bouscule l’industrie », avec notamment « un effort renouvelé sur la virtualisation, la cybersécurité, la détection et la remédiation de menaces ». Un appel qui laisse quelque peu perplexe. Barracuda a commencé à doter ses matériels de technologies de mise en bac à sable avec l’acquisition de Purewire, avant de décider de les renforcer en ajoutant une couche d’émulation, fournie par Lastline. Et pour améliorer encore la protection de ses clients, l’équipementier a rejoint la Cyber Threat Alliance afin de pouvoir fournir à ses clients des flux de renseignements sur les menaces plus complets. Et Klaus Gheri, vice-président produits de Barracuda Networks en Europe, nous expliquait encore récemment avoir commencé à travailler avec des spécialistes émergents de l’analyse comportementale.
Que demander de plus ? Une reconnaissance du marché, peut-être. Dans son magic quadrant d’août 2015 sur les systèmes de gestion unifiée des menaces (UTM), Gartner classait Barracuda parmi les acteurs de niche, aux côtés du français Stormshield (anciennement Arkoon/Netasq), loin derrière Fortinet, Check Point ou encore Sophos.
La faute à une technologie en retrait malgré plusieurs distinctions ? Non, en fait. Gartner l’explique lui-même : Barracuda est ainsi classé en raison de « l'adoption limitée de ses produits UTM en dehors de la région EMEA ». Et de renvoyer d’ailleurs aux considérations tarifaires évoquées par Alexander Chamandy, mais pour les contredire : « les pare-feu Barracuda sont de bons candidats en shortlist pour les PME d’Amérique du Nord et d’Europe qui utilisent déjà des produits Barracuda, ont des contraintes budgétaires fortes, ou font de la simplicité de déploiement un critère principal ».
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