"Les activités de Claranet et Runiso sont très complémentaires", Sébastien Baert (Runiso)
En novembre dernier, Claranet a annoncé le rachat de Runiso, un hébergeur lillois certifié PCI-DSS spécialisé dans l’hébergement d’applications web et de bases de données. Sébastien Baert, cofondateur de Runiso, revient sur les raisons du rachat et sur les contraintes du métier d'hébergeur.
En novembre dernier, l’opérateur et hébergeur européen Claranet, plus connu en France pour ses services d'hébergement et d'infogérance d'applications web, a annoncé le rachat de Runiso, un hébergeur lillois lui aussi spécialisé dans l’hébergement d’applications web notamment dans le domaine du e-commerce. Runiso a notamment séduit Claranet pour ses compétences autour de PCI-DSS puisque la firme a été la première en France à obtenir la certification aux spécifications édictées par les géants du paiement par carte bancaire (American Express, Discover, JCB, MasterCard et Visa).
Dans un entretien avec LeMagIT, Sébastien Baert, le cofondateur de Runiso, explique les raisons du rachat et les objectifs de la fusion. Il revient aussi sur les contraintes d’agilité et de réactivité très spécifiques auxquelles sont soumis les hébergeurs d’applications e-commerce et la raison pour laquelle ses acteurs sont aujourd’hui souvent à la pointe en matière de technologies.
LeMagIT : quelle est l’histoire de Runiso et quels sont vos métiers ?
Runiso a été fondé à Lille en 2007. Je venais du monde du développement et mon associé de l’infrastructure. Nous avions en tête de rapprocher le monde de l’application du monde de l’infrastructure. Nous sommes partis de rien pour arriver à 40 personnes, 7,50 M€ de CA et une centaine de clients aujourd’hui. Nous nous sommes spécialisés sur deux domaines : celui de la sécurité et celui des bases de données ou du Big Data.
On a été le premier hébergeur français à obtenir la certification PCI-DSS en France. C’était à l’origine une demande d’un de nos clients et il n’y avait personne de certifié en France. Avec PCI-DSS, nous avons développé une activité sécurité et des compétences pointues autour du paiement. On a poussé très loin le référentiel car on répond à la spécification aussi bien pour l’infrastructure qu’au niveau applicatif. La certification PCI-DSS est populaire dès qu’il y a du paiement ou des transactions. Nous avons aujourd’hui des clients dans l’hôtellerie qui ont été séduits par la certification. Et on voit la contrainte PCI-DSS se renforcer en Europe sous la pression des acteurs du paiement et des attaques récentes aux États-Unis.
Séparément, via un de nos gros clients, Publicis, nous avons acquis une compétence dans l’hébergement de gros CRM et de bases de données, notamment pour des géants du retail et du luxe. Ce sont ces deux activités qui ont intéressé Claranet
Pourquoi ce mariage avec Claranet ?
Claranet a le même modèle que nous. En France, c’est l’un des vrais experts de l’hébergement web. La fusion donnera naissance à une société pesant plus de 50 M€ de CA en France [Claranet réalisait 44 M€ avant la fusion en France et un total de 228 M€ en Europe, N.D.L.R.]
Pour nous l’objectif de la fusion est de développer nos offres expertes de sécurité et de Big Data pour présenter un catalogue de services plus puissant que ce que l’on avait avant. Runiso avait une croissance annuelle de 25 à 30% et notre intégration devrait encore nous permettre d’accélérer puisque nous aurons accès à une base de clientèle plus large.
Il y a chez Claranet des compétences que l’on n’avait pas dans le monde du e-commerce, comme Oracle ATG. Claranet a aussi développé une expertise plus avancée que la nôtre sur la partie infogérance d’Amazon et ils sont partenaires d’Amazon Web Services. Cela va nous permettre d’apporter plus de services à nos clients désireux d’utiliser les services d’Amazon. À l’inverse le périmètre PCI-DSS de Claranet est plus petit que le nôtre. Nous sommes donc très complémentaires.
Aujourd’hui opérez-vous vos propres datacenters et la fusion impliquera-t-elle des migrations pour les clients ?
En termes de Datacenters, nous n’avons pas d’infrastructure en propre, pas plus que Claranet. Runiso travaille avec Equinix, Interxion et Telehouse. Nous disposons de sites privés chez chacun de ces acteurs pour accueillir les productions de nos clients.
Dans le cadre de la fusion avec Claranet, l’idée est de conserver des infrastructures dissociées, ce qui ne veut pas dire que nous ne tenterons pas d’optimiser nos coûts d’achat. Les deux structures, Claranet et Runiso, sont en croissance. Il est hors de question de perturber cela en menant des projets de migration complexes et potentiellement perturbateurs pour nos clients. On a tellement de travail, qu’on ne va pas ajouter des projets de migration complexes. Il n’y aura pas de projet de mutualisation.
LeMagIT : dans le monde des applications web, on voit les technologies progresser à un rythme rapide et le secteur du e-commerce semble adopter très rapidement les modèles Devops et les nouvelles approches technologiques comme le PaaS, les conteneurs…
Nos clients font des mises en productions très fréquentes et leur donneurs d'ordres, qui sont en général les directions marketing, demandent une très grande réactivité. Pour des acteurs comme nous, ds concepts comme le continuous delivery ou le devops sont une réalité.
Nous sommes en pleine mutation sur les compétences tant au niveau infrastructures que sur le plan du développement. Nos productions sont pour l’essentiel virtualisées à l’exception des bases de données qui sont encore souvent sur des serveurs physiques. Des outils d’automatisation comme Ansible/Puppet sont désormais utilisées de façon quasi-standard pour tous nos clients. Nous les accompagnons nos clients dans l’automatisation de leur infrastructure.
Pour ce qui est du développement, les technologies comme le PaaS sur le cloud public sont un vrai plus. L’utilisation des technologies de conteneurs comme Docker est encore dans son enfance. On voit la technologie apparaître dans les nouveaux projets de nos clients et on devrait en faire plus cette année et l’année prochaine. Sur le Big Data, on voit aussi pas mal de prototypes Hadoop qui arrivent à maturité aujourd’hui.
LeMagIT : Les nouvelles architectures applicatives distribuées inspirées des géants du web assument aujourd’hui certaines fonctions autrefois fournies par l’infrastructure, notamment en matière de disponibilité. L’arrivée de ces architectures chez vos clients inspire-t-elle une refonte de vos infrastructures ?
La disponibilité d’une application s’appuie sur le couple méthode de programmation et outillage d’infrastructure. Le fait que les nouvelles applications soient conçues et travaillées pour être distribuées aide surtout pour les opérations de montées en charge. Car il est désormais possible d’ajouter et de retirer des nœuds de calcul de façon transparente sans impact sur l’application.