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Orange veut racheter Groupama Banque et discute d’un rapprochement avec Bouygues Telecom
La rentrée démarre sur les chapeau de roues pour Orange . L'opérateur vient d'annoncer une alliance avec Groupama Banque pour lancer Orange Banque en France et a officiellement confirmé discuter avec Bouygues pour étudier un rapprochement avec Bouygues Telecom.
La trêve des confiseurs est passée et Orange attaque 2016 sur un train d’enfer. Le groupe dirigé par Stéphane Richard vient ainsi coup sur coup d’annoncer une alliance avec Groupama Banque et de confirmer être entré en discussion avec Bouygues pour se rapprocher de sa filiale télécoms Bouygues Telecom.
Orange veut développer ses activités bancaires
L’alliance avec Groupama s’inscrit dans la stratégie générale de développement d’Orange dans les activités bancaires. Dans un communiqué, l’opérateur indique que l’objectif est de lancer Orange Banque en France au début 2017. Pour ce faire, Orange pourrait prendre jusqu’à 65% du capital de Groupama Banque. L’opérateur indique son intention de proposer une large palette de services bancaires, incluant la fourniture de comptes, de produits d’épargne, ainsi que de crédits et de services d’assurance. Et il se fixe un objectif de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 dans les services financiers.
Orange n’en est pas à son coup d’essai dans le bancaire. La société propose avec succès son service « Orange Money » en Afrique et au Moyen-Orient (plus de 15 millions de clients), et a aussi récemment lancé Orange Finanse en Pologne (en partenariat avec mBank). En France, la société entend combiner son savoir faire dans le mobile avec celui de Groupama Banque pour offrir des services innovants. Comme l’explique Thierry Martel, le DG de Groupama, il s’agit de « transformer votre mobile en véritable agence de banque et d’assurance toujours présente dans votre poche ».
Vers une fusion Bouygues Telecom – Orange ?
Si l’annonce du partenariat avec Groupama n’était pas attendue, celle de la reprise des discussions avec le groupe Bouygues (principal actionnaire de Bouygues Telecom avec JC Decaux Holding) confirme les multiples rumeurs qui courraient depuis quelques mois. Avec le soutien de l’Etat, qui reste son actionnaire de référence, Orange étudie un rapprochement avec Bouygues Télécom qui permettrait de consolider le marché mobile autour de trois acteurs puissants. Une telle consolidation, suivant l'exemple anglais ou allemand, est en effet souhaitée par Stéphane Richard qui juge que la concurrence à outrance que se livre les acteurs français nuitdangeureusement à leurs capacités d'investissements (et à leurs marges).
Orange indique que « ces discussions ne sont pas contraintes par un calendrier particulier et ne s’engagent pas sur un schéma prédéfini » et précise qu’il « n’agira que dans le seul intérêt de ses actionnaires, de ses salariés et de ses clients et sera particulièrement attentif à la création de valeur d’un tel projet ». Notons qu'Orange avait déjà discuté avec Bouygues l'an passé sans que les discussions n'aboutissent. SFR avait aussi proposé de racheter Bouygues Telecom et Free s'était lui aussi proposé de racheter l'opérateur mobile sans résultat, Martin Bouygues jugeant les prix proposés trop faibles.
Consolider le marché autour de 3 grands acteurs
Un rapprochement avec Bouygues Telecom permettrait à Orange de conforter ses positions sur le mobile et sur le fixe. Mais il ne devrait pas être possible sans d’importantes concessions, pour autant que l’Arcep et l’autorité de la concurrence donnent leur feu vert à l’opération. Les contreparties dans ce cas pourraient être importantes : il faudrait sans doute qu’Orange cède une partie du réseau et des fréquences de Bouygues à un concurrent (Free serait le candidat idéal). L’opérateur historique devrait aussi sans doute trouver un repreneur pour le réseau de boutiques de l’opérateur.
L’opération aurait le mérite de permettre d’améliorer la rentabilité de la base installée xDSL de Bouygues en la raccordant au réseau dégroupé d’Orange (Bouygues ne dispose pour l’instant que de peu de DSLAM dégroupés en propre), mais aussi de redonner quelques couleurs à la part de marché d’Orange dans le mobile (elle approcherait de nouveau ou dépasserait les 50%). Elle permettrait surtout la consolidation du marché autour de trois acteurs forts. Ce faisant Orange espère sans doute mettre un terme à la guerre des prix qui a fait rage au cours des dernières années et qui a obéré les comptes des opérateurs, nuisant à leurs capacités d’investissement (et notamment aux déploiements de la fibre).
La logique industrielle est pour le coup évidente, mais il n'est pas sûr que le régulateur et l'autorité de la concurrence, voient une telle consolidation d'un même oeil...