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Nokia finalise le rachat d'Alcatel-Lucent
Selon l'AMF, Nokia contrôle désormais près de 70,5% du capital d'Alcatel-Lucent au terme de son offre publique d’échange sur l’équipementier franco-américain. La fusion entre les deux équipementiers télécoms touche donc à son terme. LeMagIT fait le point sur l'opération.
Nokia a annoncé aujourd’hui qu’au terme de son offre publique d’échange sur Alcatel-Lucent, il contrôle près de 70,5% du capital de l’équipementier franco-américain (76% des actions, 89% des OCEANE 2018, 24,3% des OCEANE 2019 et 15,11%des OCEANE 2020). Annoncée en avril 2015 et approuvée par les actionnaires de Nokia au début du mois de décembre 2015, la fusion entre les deux équipementiers télécoms touche donc à son terme.
Ce matin, l’Autorité des Marchés Financiers a d’ailleurs déclaré satisfaite l’offre publique d’échange initiée par l’équipementier finlandais sur son homologue français. Nokia devait en effet contrôler au moins 50% du capital d’Alcatel-Lucent pour parvenir à ses fins. Cet objectif étant atteint, la fusion devrait devenir effective le 14 janvier prochain.
La dernière étape de la consolidation des équipementiers européens
Le mariage entre les deux groupes donnera naissance à un nouveau géant mondial des équipements télécoms. Le groupe issu de la fusion devrait afficher un CA de près de 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires, soit un peu plus qu’Ericsson, l’autre survivant de la débâcle des équipementiers européens. Pour mémoire, le duo Alcatel-Lucent réalisait un CA cumulé d’un peu moins de 19 Md€ en 2006 contre 41 Md€ la même année pour Nokia (sur ce chiffre les terminaux et le multimédia représentaient 32,5 Md€).
Ces chiffresen disent long sur la débâcle vécue par les deux acteurs européens au cours de la décennie écoulée - et encore on ne parle pas de l'hécatombe subie par les salariées des deux groupes. Si l’on est pessimiste, le groupe Alcatel-Lucent Nokia génère aujourd’hui 2,5 Md€ de moins de chiffre d’affaires qu’en 2006. Et si l’on est optimiste, il affiche à peu près le même chiffre d’affaires qu’en 2006 (une fois retranchés les CA des activités entreprises des deux groupes).
À titre de comparaison, le chinois Huawei réalisait environ 8,5 Md$ de CA en 2006 et a franchi la barre des 60 Md$ de CA pour son exercice 2015. Ironiquement, la croissance du constructeur chinois, initialement dopée par le développement de son activité d’Infrastructures pour opérateurs télécoms, est aujourd'hui portée par la croissance exponentielle de son activité terminaux mobiles, une activité abandonnée par Nokia et Alcatel…
Nokia s'engage à investir et à maintenir l'emploi en France
Afin de faire passer la pilule du rachat d’Alcatel-Lucent, Nokia a pris de multiples engagements quant à sa présence dans l’hexagone. Le premier concerne l’emploi : Nokia entend maintenir l’emploi en France à un niveau similaire à celui prévu par le plan Shift pour la fin 2015.
Les sites clés de Villarceaux (Essonne) et de Lannion (Côtes d'Armor) seront confortés. Nokia entend aussi créer plusieurs centaines d’emplois en R&D afin de travailler au développement de la 5G. Les activités françaises de support, de service et d’avant-vente seront aussi maintenues.
Enfin, le Finlandais va créer un fonds d’investissement de 100 M€, dont la mission sera d’investir dans des start-ups travaillant sur l’internet des objets et sur les réseaux industriels en France.
Nokia met la main sur les pépites d’Alcatel-Lucent
Le rachat d’Alcatel-Lucent devrait permettre à Nokia de mettre la main sur plusieurs pépites du groupe à commencer par l’activité de cœur de réseau IP d’Alcatel. Avec ses grands routeurs, le groupe français talonne désormais Juniper sur le marché des routeurs de cœur de réseau pour opérateurs et il est reconnu comme l’un des acteurs montants sur le secteur. Cette activité cœur de réseau sera un complément précieux pour les équipements de bordure vendus par Nokia.
Autre pépite du groupe, l’activité de réseau à large bande (xDSL, FTTH). Alcatel fait toujours largement jeu égal avec Huawei sur ce marché et les deux firmes contrôlent chacune environ un tiers des ventes mondiales. Cette activité est d’autant plus importante pour la firme qu’elle lui permet de pousser ses grands routeurs en cœur de réseau et de proposer des solutions complètes allant de la bordure (3G/4G, xDSL, FTTH) au cœur de réseau IP convergent pour les réseaux fixes et mobiles.
Enfin, dernier atout majeur, la filiale chinoise d’Alcatel, Alcatel-Lucent Shanghai Bell, pourrait enfin permettre à Nokia de solidifier sa présence dans l’empire du milieu. Alcatel-Lucent Shanghai Bell est en effet la cheville ouvrière de l’organisation industrielle d’Alcatel-Lucent mais c’est aussi l’un des grands équipementiers chinois avec des déploiements majeurs dans plusieurs provinces chinoises. Alcatel Shanghai Bell permet aussi à Alcatel-Lucent de profiter des largesses de l’État chinois (co-actionnaire à 50%). Les banques chinoises financent en effet le développement de la firme sur certains marchés internationaux (voir à ce propos notre article Alcatel, un équipementier de plus en plus chinois).
Notons enfin, que la fusion va aussi permettre à Nokia de mettre la main sur les Bell Labs, même si ces derniers ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont été entre l’après-guerre et l’explosion de la bulle Internet…