2016 : le vrai décollage des architectures "webscale" en entreprise
Afin de se préparer à l'émergence d'une nouvelle génération d'applications inspirées des architectures webscale nées chez les géants du Web, les entreprises vont devoir s'attaquer à la rénovation de leurs infrastructures. Au programme, plus d'architectures hyperconvergées et plus d'automatisation...
L’année 2015 touche à sa fin. Elle aura été marquée par la timide émergence des architectures distribuées dans les datacenters. Cela vaut pour le réseau avec le décollage des fabric Ethernet (poussées initialement par Brocade et Juniper comme une alternative aux approches de Cisco) et des architectures « Leaf and Spine » (promues notamment par Arista Networks et aujourd’hui adoptées par l’industrie, y compris Cisco). Cela vaut pour le stockage, avec la popularité croissante des solutions de stockage distribuées comme EMC ScaleIO (SAN), NetApp Cluster OnTap (NAS), SolidFire (SAN 100% Flash) ou Scality (stockage objet) et pour les serveurs avec des architectures serveurs de plus en plus denses (le format 2U, quatre nœuds bi-Xeon devenant de plus en plus populaire).
Cette rénovation à l’étage de l’infrastructure s’opère en parallèle d’efforts d’automatisation croissants, que ce soit via les frameworks de VMware, CloudStack ou OpenStack, ou via l’adoption d’outils d’automatisation tels que Puppet, Chef ou Ansible. Cette automatisation touche aussi les composants réseau, avec la mise en œuvre de couches de SDN, ou le stockage via les couches de Software Defined Storage (SDS) encore balbutiantes.
La refonte des infrastructures est un préalable aux déploiement d'architectures logicielles modernes. Les approches de microservices, les efforts de « continuous delivery », les approches Devops font lentement leur chemin dans les entreprises de même que des technologies comme les conteneurs applicatifs ou les couches de PaaS (telles que Cloud Foundry ou Red Hat OpenShift). Et c’est le logiciel des datacenters d’entreprises qui est en train d’être réécrit, en parallèle des applications d’entreprises elles-mêmes.
Concevoir des architectures à même de supporter les nouvelles applications comme les applications historiques
Pour les DSI, le défi reste le même qu’à chaque transition technologique. Il s’agit de bâtir et d’opérer les infrastructures adaptées à la nouvelle génération d’applications en cours de développement, tout en restant capable de faire tourner leurs applications historiques, le tout sans créer de nouveaux silos.
Le défi cette fois-ci est de taille car pour la première fois, les applications en cours de développement n’ont que faire de certains mécanismes d’infrastructure requis par les applications des précédentes générations. Par exemple, les applications historiques doivent être protégées au niveau infrastructure par des mécanismes sophistiqués de réplication, de snapshot, de geo-cluster, afin d'assurer leur haute disponibilité. Ce sont autant de dispositifs dont se moquent les applications modernes. Leur nature distribuée et stateless fait que leurs différents composant peuvent être distribuées sur de multiples sites et survivre à la panne de briques d’infrastructure.
Les géants du web, qui ont été les premiers à mettre en œuvre à grande échelle ces applications « webscale » ont eu le luxe de ne pas avoir d’existant applicatif et ont donc pu opérer une remise à plat architecturale impitoyable afin de bâtir les infrastructures à même de supporter à grande échelle leurs applications. Dans la pratique, la plupart de ces infrastructures s’appuient sur des clusters de serveurs x86 plus ou moins banalisés faisant tourner des piles logicielles hyperconvergées mixant réseau, stockage et compute. Et c’est cette approche qui peu à peu contamine les entreprises via les produits et services proposés par quelques start-ups.
Une transition vers les architectures scale-out hyperconvergées qui devrait s'étaler sur dix ans
Certaines idées nées chez des pionniers comme Google, Yahoo, Microsoft, Apple ou FaceBook ont en effet essaimé dans des start-ups, comme Nutanix, Simplivity, Rubrik, Cohesity, Cloudera, Docker. Et chacune à sa façon, ces jeunes pousses tentent aujourd’hui d’apporter aux entreprises une partie des technologies d’infrastructure développées chez les géants du web. Elles sont en concurrence avec des fournisseurs historiques tels que VCE, VMware ou Microsoft qui, eux aussi, tentent de s’inspirer des concepts "hyperscale" pour proposer des solutions adaptées aux nouveaux défis de l’IT.
La transition ne se fera pas en un jour et si la précédente vague de transformation -celle des architectures web à trois niveaux, apparue à la fin des années quatre-vingt-dix - est un bon indicateur, elle s’étalera sur une bonne dizaine d’années dans les datacenters d’entreprises. Mais elle est en marche. Et 2016 pourrait bien être une année de référence pour cette transformation.