Myimagine - Fotolia
Un an après son rachat, Alcatel Lucent Enterprise fait le point sur ses activités
Dans un entretien avec LeMagIT, Yacine Mahfoufi, le directeur marketing France d'Alcatel-Lucent Enterprise, fait le point sur la société et sa stratégie sur le marché des communications d'entreprise. Il revient aussi sur l'impact du rachat d'Aruba, partenaire historique d'ALE, par HPE et sur le marché du LAN.
À l’occasion de cette fin d’année 2015, LeMagiT s’est entretenu avec Yacine Mahfoufi, le responsable du marketing France d’Alcatel-Lucent Enterprise, l’ex-division entreprises du Franco-américain Alcatel-Lucent, en cours de fusion avec Nokia Networks. L’occasion de discuter des ambitions de la firme, un an après son rachat par un fonds souverain chinois. L’occasion aussi d’aborder la question du marché de la téléphonie IP et des communications unifiées et de faire le point sur la stratégie du constructeur en matière de réseau d’entreprises, alors que son grand partenaire dans le Wi-Fi, Aruba, a été racheté par Hewlett-Packard Entreprise.
Depuis plus d’un an, Alcatel-Lucent Enterprise a un nouvel actionnaire en la personne d’un fonds souverain chinois, China Huaxin qui est un proche cousin du fonds qui contrôlait déjà 50 % d’Alcatel Shanghai Bell, l’entité chinoise d’Alcatel. Qu’est-ce que l’entrée de ce nouvel actionnaire change pour Alcatel-Lucent Enterprise ?
Tout d’abord, Alcatel-Lucent Enterprise est désormais une entreprise autonome qui compte 2 700 salariés et dont l’actionnaire principal est effectivement China Huaxin. C’est une entité indépendante qui a son propre board avec pour président Jeff Ma. Nous avons aujourd’hui des centres de développement dans les communications unifiées, le cloud et les réseaux d’entreprise. Et notre actionnaire nous soutient pour nous développer sur ces marchés. En France, spécifiquement, nous contrôlons 40 % du marché français. C’est un marché plutôt stable.
ALE avait surtout une présence européenne et dans une moindre mesure nord-américaine. Par le passé, on a vu que son co-actionnaire chinois avait aidé Alcatel Shanghai Bell, l’entité chinoise d’Alcatel, à se développer à l’international notamment au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. De la même façon, China Huaxin entend-il accompagner un développement d’ALE à l’international ?
Il y a effectivement une volonté de redéployer ALE géographiquement. Dans un premier temps, l’impératif est de consolider notre présence en Europe de l’ouest, puis d’adresser des opportunités en Europe de l’Est en Asie et en Amérique du Sud.
Qu’en est-il de la marque ? Alcatel-Lucent Enterprise pourra-t-il utiliser durablement la marque Alcatel-Lucent sur le marché des entreprises, alors qu’il est probable que cette marque disparaisse sur le marché télécoms avec le rachat par Nokia ?
Nous avons pour l’instant l’usage de la marque jusqu’en 2017-2018. Et vous pouvez imaginer que cette marque est importante, surtout pour un acteur comme nous, dont les produits sont visibles des clients finaux. Ceci dit l’entité légale qui contrôle le groupe est baptisée ALE international.
Une offre de communication qui va de la ToIP aux communications unifiées en mode cloud
Votre marché historique est celui de la téléphonie, un marché qui en France est paradoxal. Certes les technologies ont progressé, mais nombre d’entreprises françaises ont encore de la téléphonie analogique ou des PABX hybrides avec une large partie de leur partie de leur parc de terminaux qui n’a pas migré vers l’IP. Surtout la migration vers les communications unifiées se fait à un rythme glacial.
Les solutions de téléphonie évoluent à leur rythme. Les PABX ont évolué, mais c’est vrai, il y a une marge de progression. On estime aujourd’hui que 60 % du marché est encore en téléphonie classique et qu’environ 40 % s’appuie sur des solutions de communications unifiées au sens large. C’est une des propositions de valeur importante de notre offre OpenTouch que de pouvoir faire migrer les clients. C’est pour cela qu’OpenTouch se décline comme une évolution d’OmniPCX.
Vos concurrents multiplient les annonces en matière d’offres de communication as a service. Microsoft se transforme peu à peu en opérateur en ajoutant des fonctions de téléphonie à son offre de communication unifiée en cloud. Atos a racheté récemment Unify [ex-Siemens] sans doute en grande partie pour ses offres de communication unifiée as a service.
Nous avons actuellement sept partenaires en France qui revendent nos solutions CaaS [Communication as a service, N.D.L.R.] en mode cloud. Des acteurs comme Eiffage ou Nextira en sont. Ils ont commencé en milieu d’année 2015. Dans la chaîne de valeur, le marché des communications unifiées as a service est un relais de croissance. Nous pensons que ces offres ont de la valeur pour les utilisateurs et qu’il y a de vraies marges de progression pour ces offres sur le marché des PME.
Certes mais là où vos concurrents avancent sous leur propre marque, je pense par exemple à Cisco, Microsoft, ou Unify, vous ne le faites pas…
Dans des zones comme l’Asie ou Afrique, cela pourrait faire sens d’opérer nos propres offres. En Europe, nous nous reposons pour l’instant sur nos partenaires.
Alcatel-Lucent Enterprise et le marché du réseau d'entreprise
Votre autre marché est celui des réseaux d’entreprises. Dans ce secteur, votre partenaire Wi-Fi historique, Aruba, a été racheté par HP, cela influe-t-il sur votre stratégie Converged Campus?
Aujourd’hui l’acquisition d’Aruba par HPE change peu de chose. Notre management a rencontré celui de HPE et la collaboration a été pérennisée. Le modèle de revente de l’offre Aruba via ALE n’est pas remis en cause.
Dans un entretien récent avec LeMagIT, Nexans nous indiquait que paradoxalement, le développement du sans-fil s’accompagne aussi d’un développement des réseaux filaires, ne serait-ce que parce que le Wi-Fi se déploie en superposition [ou overlay] des réseaux filaires et qu’il faut relier les points d’accès, les nouveaux équipements de contrôle d’accès ou les caméras de sécurité IP…
Nous validons tout à fait ce que dit Nexans. En 2015, on a vu une demande accrue sur du LAN. Dans les projets mobilité, il y a autant d’équipements LAN que mobile. Un des segments en forte croissance sur le marché des PME est celui des commutateurs PoE+ pour l’alimentation des caméras, des capteurs, des imprimantes.
On parle beaucoup de montée des débits sur les réseaux d’accès, notamment pour répondre aux besoins des nouveaux points d’accès Wi-Fi 802.11ac wave 2. Entendez-vous proposer des commutateurs Ethernet à 2,5 Gbit/s ou 5 Gbit/s pour ce marché ?
Le 2,5 Gigabit est sur nos roadmap pour 2016 de même que la nouvelle génération de PoE est sur les roadmap sur 2016.
D’autres nouveautés en préparation pour 2016 ?
Sur le marché du LAN, on est en train de déployer une offre de Services Managés qui permettra à nos clients de disposer du réseau à la demande (Network on demand) en mode 100 % OPEX. L’idée est d’opérer leur LAN pour eux et de facturer au nombre de ports utilisés. Cette offre a démarré en Angleterre et elle arrivera en France au premier trimestre. Nous discussion encore avec nos partenaires pour pousser cette offre.