Blockchain : un milliard de dollars investis dans la technologie d’ici 2017
Le Top 100 de la finance va investir massivement dans la base distribuée qui permet de décentraliser les grands livres de comptes, d’après Magister Advisors. La BNP rejoint le consortium R3 qui vise à établir des standards pour aider son développement.
Pour le grand public, le concept de « blockchain » n’évoquera pas grand-chose. Et pourtant, cette technologie est celle sur laquelle s’appuie un des sujets IT/financiers les plus médiatiques : les bitcoins.
Au-delà du buzzword (et des bitcoins donc), le blockchain est devenu un vrai centre d’intérêt pour les banques. Une étude de Magister Advisors a en effet montré que le Top 100 des institutions financières mondiales allait investir un milliard de dollars sur deux dans ces « Grands Livres de Compte » décentralisés.
Autre enseignement, ce sont bien les banques « majeures » qui sont de la partie (à l’instar de la Royal Bank of Scotland qui prévoit déjà un service qui s'appuie sur blockchain pour 2016). Pas nécessairement pour remplacer leurs « core banking » actuels, mais dans des projets connexes - principalement liés à la gestion des métadonnées des paiments et aux chambres de compensations (pratique qui consiste à alimenter un « pot commun » dans l’attente d’une transaction future).
« Le blockchain est indubitablement une des avancées technologiques les plus importantes pour le secteur avec le Big Data et le Machine Learning », croit savoir Jeremy Millar, associé à Magister Advisors. Pour lui, cette technologie particulière de base de données distribuée répond aussi bien aux exigences techniques du paiement direct qu’à celles des registres fonciers. « Le blockchain va devenir le livre de compte décentralisé standard pour tous ce qui touche aux transactions », prédit-il.
La fin du tiers de confiance
Pour mémoire, le Blockchain est une technologie qui vise à répondre au problème d’authentification d’une transaction en protégeant une liste d’enregistrements contre la falsification. Dit autrement, grâce au chiffrement, aux signatures dématérialisées et à la puissance de calcul décentralisée que permet aujourd’hui l’IT, le blockchain permet d’installer une confiance entre deux acteurs confiance qui reposait jusqu’alors sur des « tiers de confiance » justement (à savoir l’Etat, les banques centrales, les banques ou les notaires).
On comprend mieux l’intérêt de l’industrie financière pour cette technologie émergeante qui concurrence potentiellement son cœur de métier – bien au-delà des sulfureux bitcoins. A tel point que des observateurs indiquent que des contrats à 7 chiffres seraient passés entre des institutions financières et des start-ups spécialisées dans le blockchain.
Même IBM envisage des infrastructures à destination des banques centrales pour gérer les paiements en s’appuyant sur le blockchain.
« A mesure que la confiance va s’installer, la technologie va se démocratiser et s’étendre à de plus en plus de transactions quotidiennes de base, partout dans le monde », conclue Jeremy Millar.
BNP-Paribas rejoint la Société Générale dans le consortium R3
Une démocratisation qui passe aussi, voire surtout, par l'implication et la coordination du secteur bancaire. Le consortium R3 a ainsi été créé en septembre 2015 (par la société R3, spécialiste du blockchain) et par neuf banques, avec pour but affiché de concevoir des frameworks et des architectures standardisées pour le développement du blockchain. Ce consortium regroupe depuis une trentaine de banques.
Parmi elles, se retrouvent, pêle-mêle : la Barclays, Goldman Sachs, UBS, JP Morgan, HSBC, Deutsche Bank ou encore pour la France la Société Générale. Que des acteurs majeurs de la banque internationale.
Depuis peu, BNP-Paribas a rejoint le mouvement. « La technologie Blockchain permet une plus grande fluidité des transactions, pour un coût moindre, explique la banque dans son communiqué. Elle pourrait permettre de simplifier l’infrastructure bancaire, notamment dans les activités de transactions, de paiements innovants et d’activité post-marché ». Certains chiffres, plus ou moins étayés, parlent d'une économie d'infrastructure de plusieurs dizaine de milliards de dollars pour les banques.
La décision de rejoindre la consortium est une nouvelle étape sur un long chemin de réflexion pour BNP-Paribas puisque l'institution étudie le Blockchain depuis 2011 avant d'organiser un hackathon pour mieux comprendre cette technologie et en évaluer le potentiel en 2014.
« La technologie blockchain en est à ses prémices. Nous croyons fortement qu’elle doit être explorée et qu’elle pourrait bénéficier à l’industrie bancaire et à l’ensemble de nos clients », prédit Philippe Denis, responsable de Blockchain au sein des équipes CIB de BNP Paribas. Donnant ainsi raison, dans les faits, à Magister Advisors.
Avec Clare McDonald