Dans les bâtiments, le câblage réseau continue à évoluer
Dans un entretien avec LeMagIT, Oene-Wim Stallinga, en directeur du marketing des solutions câblées de Nexans, fait le point sur l'évolution du câblage Ethernet dans les bâtiments. Et sur le paradoxe de l'accroissement du câblage à l'ère de l'explosion du Wi-Fi.
LeMagIT : En 10 ans la réalité des réseaux d’entreprise a profondément évolué. Vu de la fenêtre d’un spécialiste du câblage tel que Nexans quelles ont été les grands changements des dix dernières années ?
Certaines choses ont profondément changé et continuent à évoluer. La technologie évolue et si l’on ne devait retenir qu’un grand changement c’est la convergence sur IP et Ethernet. De plus en plus de services convergent sur Ethernet : la sécurité des bâtiments, les mécanismes de contrôle d’accès, l’automatisation des bâtiments, la gestion de l’éclairage, en plus des applications traditionnelles.
Cela se traduit par une approche différente du câblage : Auparavant, nous connections des postes de travail. Désormais, il faut connecter des équipements de natures multiples. L’autre grand changement est la montée en puissance du sans-fil. La tendance est que l’on a besoin de moins de câbles vers les postes de travail et de plus de câbles dans les plafonds et les murs, pour les caméras, les points d’accès wi-fi, les dispositifs de contrôle d’accès.
LeMagIT : Cela veut-il dire plus de câbles ou moins de câbles ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le nombre de câbles continue à croître, alors que l’on aurait pu imaginer avec la montée en puissance du wi-fi que les besoins de câblage reculeraient. La seule exception est le monde des petites entreprises, ou le sans-fil aboutit dans la pratique à une quasi-disparition des câbles. Les réseaux câblés continuent en revanche à progresser dans les grandes organisations, dans les bâtiments industriels et dans les campus du fait de la convergence IP.
LeMagIT : On parle de plus d’équipements wi-fi, de plus de périphériques de sécurité et de périphériques en tout genre. Un des problèmes n’est pas que leur câblage mais aussi leur alimentation …
Oui, avec la convergence IP arrive aussi l’alimentation électrique via les câbles Ethernet. Les réseaux Ethernet sont aujourd'hui à même de délivrer 60 W par port et demain ce sera 95 W à 100 W avec le PoE++.
LeMagIT : Au fur et à mesure de la montée en débit des réseaux locaux, les spécifications des câbles Ethernet n’ont cessé de se durcir. Où en est-on aujourd’hui alors que l’on parle de délivrer 5Gbit/s aux points d’accès WI-Fi dans les mois à venir ?
On a un débat sur le câblage de Catégorie 6a (Cat6a) notamment pour la connexion des points d’accès Wi-Fi. Le problème avec la montée en débit est celui de ce que l’on appelle l’alien Crosstalk (ou Diaphonie exogène, N.D.L.R.), un phénomène qui se traduit par le parasitage d’un câble par son voisin, et qui nous amène en Europe à utiliser des câbles blindés.
Un autre problème qui rend le câble de catégorie 6a de plus en plus pertinent est l’usage du PoE. Plus un câble est long, et plus on a de câbles dans une goulotte et plus on va générer de la chaleur dans les câbles. En faisant le choix des câbles de catégorie 6a ou 7, on réduit ce danger de dissipation thermique.
Un changement important devrait intervenir en juillet 2016 dans tous les pays européens avec l’entrée en de la réglementation EN50575 qui spécifiera de nouvelles classifications pour la résistance à l’incendie des câbles.
LeMagIT : Y a-t-il des préconisations spécifiques pour déployer ces nouveaux câbles ?
Nexans a fait pas mal de recherches pour standardiser la façon dont le câblage doit être déployé pour le PoE. Il y a une limite au nombre de câbles par bundle pour éviter les effets thermiques. Un autre effet dont il faut tenir compte est l’effet « Spark ». Lorsque l’on connecte une fiche Ethernet dans un connecteur alimenté en PoE, il se produit une étincelle et avec le temps il y a un risque de dégradation du connecteur.
Les standards PoE :
PoE 802.3at type 1 : alimentation de 15 W ; délivre jusqu’à 13 W aux périphériques sur 2 paires
PoE 802.3at type 2 : alimentation de 30 W ; délivre jusqu’à 25,5 W aux périphériques sur 2 paires
PoE 802.3bt type 3 : alimentation de 60 W ; délivre jusqu’à 51 W aux périphériques sur 4 paires
PoE 802.3bt type 4 : alimentation de 100 W ; délivre entre 71 W et 95 W aux périphériques sur 4 paires
LeMagIT : Ce débat est valide pour le câblage en cuivre mais quid du câblage optique, qui, lui, ne fournit pas l’alimentation électrique ?
On voit des questionnements sur le câblage en fibre optique de bout en bout, notamment dans les grands bâtiments et dans ceux qui ont de fortes contraintes d’espace pour le câblage (hôpitaux, monuments historiques, etc., où l’espace est contraint). C’est une structure de câblage très différente. Le câble est moins cher et la distribution du PoE est efficace car on ne fournit du PoE que localement. Lorsque la fibre est utilisée, on utilise dans 50 % des cas de la fibre multimode et dans les 50 % restant de la fibre monomode. Le prix des interfaces monomode a beaucoup baissé ce qui les rend compétitives jusqu’à 1 gigabit. Après leur prix réaugmente.
LeMagIT : Qu’en est-il du câblage dans les datacenters ?
Dans les datacenters, la tendance est à segmenter le marché en trois. Les très grands Datacenter sont câblés à 100 % en fibre optique. Dans les datacenters de taille intermédiaire, on voit un mix entre cuivre et fibre. La fibre est utilisée en cœur de réseau et le cuivre entre serveurs et commutateurs Dans certains cas, toutefois, les approches « Top of the Rack » s’accompagnent d’une utilisation de la fibre dans le rack. Sur les petits Datacenter, il y a plusieurs écoles et le choix du câblage se fait encore au cas par cas. Notre approche est d’encourager les gens à s’intéresser à des approches de câblage structuré. Il est à noter qu’un nouveau code de conduite européen en matière de meilleures pratiques sera publié en 2016 sous la référence EN50600-99-1.