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Dropbox prépare une offre de stockage des données en Europe
Le spécialiste de la synchronisation et du partage de fichiers entend se rapprocher de ses clients sur un marché qu’il décrit comme clé.
« Avec 75 % d’utilisateurs en dehors des Etats-Unis, il est juste de dire que l’Europe joue un rôle clé », explique Dropbox dans un billet de blog. Surtout que, selon lui, le Vieux Continent est « une les régions les plus collaboratives que nous observons, avec une activité de partage doublant cette année ».
Déjà présent localement à Dublin, Londres et Paris, Dropbox annonce son intention d’ouvrir des bureaux à Amsterdam, aux Pays-Bas, et Hambourg, en Allemagne, courant 2016.
Mais la véritable nouveauté sera bien le déploiement local d’une infrastructure où les clients européens du service pourront explicitement demander à ce que soient stockées leurs données. Mi-octobre, nous avions posé la question à Dropbox alors qu’il faisait, en Europe, la promotion des performances de son outil de synchronisation, mais elle était restée sans réponse.
Si Dropbox présente cette annonce sous l’angle du choix offert à ses clients, il est difficile ne pas y voir l’ombre de l’invalidation du Safe Harbor, mais aussi voire surtout celle des inquiétudes sur les capacités légales de la justice américaine à mettre la main sur les données des entreprises européennes.
Microsoft a ainsi récemment annoncé l’ouverture prochaine de deux centres de calcul en Allemagne, destinés à fournir localement Azure, Office 365 et Dynamics CRM Online, en partenariat avec un T-Systems chargé là d’agir comme mandataire pour l’accès aux données.
Et Microsoft n’est pas le seul à développer ses services en Europe, continentale en particulier. Il y a un an, Amazon Web Services avait aussi annonçé l’ouverture d’une région supplémentaire dans la zone Europe, à Francfort. Ping Identity n’a pas manqué d’en profiter, au mois de mai, pour s’y installer et ainsi « répondre aux demandes des clients basés dans les pays de zone EMEA ».
Et d’autres acteurs sont sensibles au vent de défiance qui souffle outre-Rhin, dont Palo Alto Networks, qui s’est associé à DTS Systeme, en début d’année, afin de proposer une déclinaison allemande de son Cloud de renseignement sur les menaces, Wildfire. Une implémentation régionale dont rien ne doit quitter l’Allemagne.
Le tout s’inscrit dans une tendance plus vaste à la souveraineté numérique outre-Rhin, marquée notamment par l’initiative E-mail made in Germany. Celle-ci doit garantir le stockage des courriels dans le pays, ou encore leur chiffrement en transit entre prestataires partenaires. La France commence à s’en inspirer, dans un mouvement qui pourrait raviver les craintes de balkanisation d’Internet qui ont commencé à émerger fin 2011, début 2012.