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Chiffrement : BlackBerry se dit favorable aux interceptions légales
Intervenant à contrecourant de la tendance générale des acteurs de l’IT, le directeur opérationnel du Canadien a exprimé son soutien à une approche « équilibrée » du chiffrement, compatible avec les interceptions légales.
A l’occasion des FedTalks, organisés mi-novembre par fedscoop, Marty Beard, directeur opérationnel de BlackBerry, s’est démarqué des autres capitaines de l’industrie IT. Il a en effet affirmé que le Canadien a adopté « une approche équilibrée » en matière de chiffrement des communications. Comprendre : donner la priorité à la coopération avec les autorités locales en intégrant les capacités nécessaires aux interceptions légales.
Dans un communiqué, BlackBerry a assuré de son attachement à un chiffrement « très important pour protéger les gouvernements, les entreprises, et les personnes du piratage », tout en expliquant que « personne ne veut voir des terroristes et des criminels tirer profit du chiffrement pour échapper à la détection ». De quoi justifier, donc, que le Canadien a « toujours fortement soutenu les autorités du monde entier lorsqu’elles ont besoin de notre aide » - mais sans porte dérobée, assure-t-il.
En réalité, les choses n’ont toujours été aussi limpides. L'affaire était presque passé inaperçue mais en juillet 2008, suite aux attentats d’Ahmedabad et de Bangalore, le ministère de l’Intérieur indien avait cherché à obtenir un assouplissement du chiffrement des transmissions sur les Blackberry utilisés dans le sous-continent. En vain. Une demande réitérée quelque mois plus tard, à la suite des attentats de Mumbai, avec le même résultat.
Courant 2010, le gouvernement indien s’est engouffré dans la brèche ouverte par les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite : cette dernière avait obtenu de celui qui s’appelait encore RIM l’installation de serveurs sur son territoire pour les utilisateurs du service à l’intérieur de ses frontières, afin de permettre les interceptions légales. Peu après, le gouvernement indien a menacé d’interdire les services de RIM sur son territoire, au 31 août 2010, en l’absence d’accord.
Il aura fallu attendre la fin 2011 pour que RIM ouvre une installation à Mumbai pour aider les autorités locales à conduire des interceptions légales sur ses services chiffrés grand public. Mais ce n’est qu’en juillet 2013 que RIM semble avoir finalement mis à disposition des autorités indiennes un système d’interception en temps réel des messages instantanés, e-mails et pièces jointes transitant via ses services pour le grand public.
Oubliant donc une partie de son histoire, le Canadien adopte donc aujourd’hui une attitude propre à flatter des gouvernements que le chiffrement des communications personnelles semble agacer au plus haut point.