L’Open Source en France : un marché de 4,1 Mds d’euros

Porté par le Big Data, le cloud, l’IoT, des composants de la transformation numérique, l’Open Source en France connaît une croissance continue, plus forte que celle du marché des logiciels et services. Le secteur devient un secteur économique à part entière.

Pour sa première édition, l’Open Source Summit Paris 2015, nouveau nom du ralliement de l’Open Source en France qui conjugue le salon Solutions Linux et l’Open World Forum,  a de quoi avoir le sourire – en dépit d’un climat anxiogène provoqué par les événements meurtriers du week-end. Le marché de l’Open Source en France suit une courbe linéaire, porté certes par les grandes tendances de l’IT que sont le Cloud, la Big Data et l’Internet des objets par exemple – l’Open Source y forme une base. Mais profite aussi de la nécessité des entreprises à s’aligner sur ces tendances, dans le cadre de leur transition de leurs activités vers le numérique.

Ainsi le marché de l’Open Source pèse quelque 4,1 milliards d’euros en 2015, rapporte l’étude du cabinet Pierre Audoin Consultant – étude qui s’appuie sur un échantillon de 100 entreprises de Syntec Numérique et du CNLL (Conseil national du logiciel libre). En hausse par rapport à 2013 où le marché s’établissait à 3,7 milliards d’euros. Mais comme pour affirmer que l’approche des logiciels ouverts est aujourd’hui clé dans l’IT moderne, le secteur devrait progresser de 9% par an pour atteindre en 2020 6 milliards d’euros. La part de l’Open Source dans le marché français des logiciels et servies se porterait alors à 13%. Un taux de croissance 4 fois supérieur de l’Open Source par rapport aux services et logiciels en France, précise d’ailleurs Philippe Montargès, co-fondateur d’Alter Way et président du CNLL. Cette croissance draine des emplois : 50 000 en 2015, rapporte l’étude, et le secteur devrait recruter tous les ans entre 3000 et 4000 jusqu’en 2020.

Open Source, vecteur d’innovation

Pour les entreprises sondées, la perception de l’Open Source semble avoir changé, muté avec les évolutions de l’IT. Ainsi, elles sont aujourd’hui 75% à estimer que l’Open Source constitue « un facteur d’innovation sans équivalent avec les logiciels propriétaires », et 48% « un catalyseur crucial pour se développer dans les technologies digitales ».

Elles sont 36% à admettre qu’il n’existe aucun frein au développement d’offres reposant sur de l’Open Source.

En 2015, nombreux sont les secteurs d’activités utilisant l’Open Source. Si les telcos, le secteur public et les banques sont de gros contributeurs, d’autres secteurs leur emboîtent le pas, à l’image du numérique français, des assurances ou encore des transports. « Plus de 50% des très grandes entreprises ont des projets Open Source et souhaitent contribuer », assure Michel Isnard coprésident du comité Open Source du Syntec Numérique et vice-président SEMEA au sein de Red Hat.

« L’Open Source confirme son positionnement de secteur économique à part entière. Il s’agit bien d’une réalité économique qui dépasse l’idéologie, commente à son tour Véronique Torner, co-fondatrice d’Alter Way et présidente du comité de programme de l’événement. Pour elle, le constat aussi est évident : l’Open Source ne se positionne plus comme une alternative à une brique logicielle existante, et propriétaire. Ce n’est plus le cas depuis longtemps dans l’infrastructure,  mais c’est aussi de plus en plus présent sur les autres couches, lance-t-elle. « L’Open Source est aujourd’hui vécu comme une solution d’avenir. »

Cette réalité économique de l’Open Source est par exemple un des points mis en avant par Jean-Luc Perrard, le DSI de du constructeur automobile PSA, qui intervenait lors de l’événement. Le groupe français est certes venu progressivement à l’Open Source en démarrant par une ferme de serveurs x86 sous Linux pour soutenir ses outils de simulations. Puis en s’installant progressivement dans la stratégie IT du groupe.  PSA a aussi porté sous Linux (openSUSE et Firefox) 4 500 terminaux industriels. Le constructeur mise aussi sur la plateforme Genivi pour motoriser les systèmes de diverstissements embarqués dans ses véhicules – à partir de la mi-2016, les systèmes embarqués reposeront sur Genivi.

« Mais au départ, il ne s’agissait pas d’une idéologie », mais ce qui a conduit PSA vers l’Open Source, est bien « une opportunité technico-économique », précise-t-il, rappelant que les logiciels Open Source sont bien adaptés  à l’infrastructure. 

Masquer l’ingénierie pour être plus proche des utilisateurs finaux

Cette croissance de  l’Open Source est aussi certainement liée au fait qu’il s’immisce dans des couches plus hautes des logiciels, plus proche des utilisateurs clients. Mais dans ce cas, le caractère Open Source s’efface au profit de l’usage. Résultat aujourd’hui de travaux d’éditeurs qui se basent sur de l’Open Source, mais qui l’industrialisent pour le client final. Un point que développe Pierre Baudracco, président de Bluemind qui édite une solution de messagerie collaborative. « L’Open Source ne fait aujourd’hui plus peur. Il est rentré dans les mœurs. L’Open Source est un argument mais n’est plus suffisant. Chez nous, on ne vient pas acheter de l’Open Source mais une solution. Il s’agit d’un vrai changement. L’Open Source doit permettre de créer de meilleurs produits et conduire à l’achat », commente-t-il. Pour lui, le caractère Open Source est davantage vendeur dans le cas de frameworks ou de middleware, par exemple.

Ce que finalement a aussi perçu Pydio, outil de synchronisation et de partage de fichiers, qui a ajusté son modèle en créant  une version Entreprise, prête à être installée – ce que nous avons pu constater lors de l’événement.

Peut-être est-ce là l’une des prochaines étapes à franchir pour l’Open Source et l’élément qui pourrait supporter la croissance promise du secteur. D’autant que selon PAC, les métiers auraient une appétence de plus en plus forte pour les logiciels libres. 21% des entreprises sondées par PAC affirment que  les métiers jouent un rôle dans la décision et sont des interlocuteurs pour l’Open Source – contre 22% la production. « La présence importante des directions métiers reflète le poids du logiciel libre dans les offres digitales, notamment SMACS », commente enfin le cabinet.

 

 

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