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Michael Dell : la gamme d’EMC ne sera ni redécoupée ni cédée

Même si des lignes de produits se chevauchent, Dell assure qu’il gardera EMC intact. En revanche, la gamme de Dell pourrait, elle, connaître une cure d’amaigrissement. Reste la question de la couche logicielle analytique, encore incomplète.

Si l’on en croit Michael Dell, tous les voyants sont au vert. Lors d’une intervention à sa conférence européenne Solutions qui s’est tenue à Vienne, en Autriche, le dirigeant s’est félicité « d’avoir enchainé 11 trimestres consécutifs de croissance dans l’activité grand public et serveurs professionnels ». Selon lui, le taux de fidélisation de ses clients atteint un niveau record. Quant à la R&D, Dell a déposé 27 % de brevets de plus qu’en 2014.

Pourtant les défis sont nombreux, et périlleux, après le rachat record de 67 milliards de dollars d’EMC. Les clients B2B sont en effet de moins en moins enclins à confier leur IT et leurs hardwares à un seul et unique fournisseur, pour éviter d’être pieds et poings liés. Dell devra donc convaincre ces mêmes clients de l’intérêt de contrats globaux pour accroitre ses parts de marché et ses marges.

Accompagner les entreprises de bout en bout dans leurs transformations numériques

« Nous n’avons jamais eu peur de faire les choses différemment. Nous croyons que la taille importe. Le Software-Defined Datacenter (SDDC) est en train d’émerger et notre nouvelle société est bien positionnée. Nos clients aiment pouvoir tout acheter ensemble », diagnostique Michael Dell.

Selon Dell, les infrastructures convergées sont en train de faire tomber les frontières traditionnelles au sein des centres de données. Une opportunité pour Dell selon son président.

Toujours selon le dirigeant, le rachat d’EMC permet aussi à Dell de casser une image de simple constructeur de PC et de fournisseur de serveurs pour les entreprises de tailles moyennes.

Haro sur les grands comptes donc. D’autant plus que Dell propose une gamme qui inclut aussi bien le Cloud hybride, que la gestion de la mobilité ou la sécurité. Une offre globale qui permet d’accompagner, de bout en bout, les entreprises dans leurs transformations numériques. Un marché énorme selon Dell. « Qu’elles fabriquent des produits ou qu’elles fournissent des services, les entreprises prennent conscience qu’elles doivent utiliser l’information pour s‘améliorer ».

EMC restera intact, mais quid de Dell ?

La grande question reste de savoir, dans le détail, comment EMC permettra à Dell de créer des synergies pertinentes.

Certes, Dell a désormais accès aux clients d’EMC. Mais les chevauchements et les contradictions sont nombreux. Dans le stockage objet par exemple, EMC propose ViPR, là où Dell est revendeur des technologies de Scality. Dans l’hyperconvergé, EMC propose ScaleIO, tandis que Dell revend les solutions de Nutanix (même si l'accord pourrait être mis à mal).

Questionné sur le sujet, Michael Dell relativise les doublons. « Les portefeuilles produits sont très complémentaires. Il y a des recoupements dans le stockage, mais la gamme de Dell et celle d’EMC sont différentes. On passe de sept à neuf lignes de produits, ce qui n’est pas vraiment un problème. Nous continuerons à toutes les améliorer ».

Quant au cas délicat de VMware, Michael Dell assure que là aussi, le statu quo prévaudra. « Nous croyons dans le choix et l’ouverture. VMware restera une entreprise indépendante. Nous n’allons pas désavantager les partenaires de VMware », a-t-il assuré.

Mais alors que le patron de Dell assure qu’il ne se désengagera pas d’un dollars d’EMC, une source de Reuters laisse entendre que sa société pourrait bien séparer et revendre 10 milliards d’actifs… de Dell. Un moyen d’alléger la dette de 49.5 milliards de dollars qu’il a contracté pour acheter EMC.

Cette découpe concernerait prioritairement Perot Systems, la société de services rachetée 3.9 milliards de dollars en 2009 au coeur de Dell Servics, Quest, rachetée 2.7 milliards en 2012, et SonicWall, payée officieusement 1.2 milliards en 2012.

La revente d’Equalogic (la gamme de baies iSCSI) pourrait également être envisagée au regard de son chevauchement avec la gamme de stockage SAN d’EMC.

Pas de montée prévue sur les couches logicielles

Si le duo Dell/EMC crée des doublons, il a aussi (et encore) des lacunes à combler pour proposer une réelle offre de bout en bout.

Dans la stratégie d’accompagnement des entreprises dans leurs transformations, Dell/EMC manque en effet d’une brique essentielle : le logiciel, une couche qui donne du sens aux données et concrétise l’infrastructure en applications métiers.

Dell prévoit-il de faire une acquisition majeure dans la BI ? Pas pour le moment, répond Michael Dell. Qui rappelle que Dell possède déjà plusieurs outils comme Toad (issu de Quest) - pour gérer et consulter des bases de données diverses, aussi bien relationnelles que NoSQL – ou encore Pivotal (EMC) pour l’analytique.

L’avenir dira si ces briques suffiront.

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