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Dell résout le déploiement des objets connectés avec une box
L’Edge Gateway 5000 s’installe non loin des objets connectés pour traiter leurs informations avant de les remonter vers l’entreprise. Pour Dell, il s’agit de déclencher plus rapidement des processus, de désengorger les réseaux et... de trouver un relai de croissance au delà des serveurs.
Et de trois. Après Salesforce il y a un mois et AWS il y a quinze jours, c’est au tour de Dell de présenter sa solution pour basculer l’entreprise dans l’univers des objets connectés. Ici, elle commence par un matériel.
« Notre Edge Gateway 5000 est une box dont la fonction est d’agréger tous les signaux des objets connectés qui lui sont affiliés. C’est plus qu’une borne Wifi : cette box embarque un processeur à double cœur qui sécurise la connexion ainsi qu’un logiciel d’analyse qui traite l’information localement, prend des décisions le cas échéant, puis envoie un flux de données formaté vers une application de Business Intelligence. Celle-ci peut-être un service dans le Cloud ou installée dans le datacenter de l’entreprise », explique au MagIT Wendy Wheeler, conseillère en IoT chez Dell. L’Edge Gateway 5000 a été présenté lors du salon Dell World 2015 qui s’est tenu mi-octobre à Austin.
Anand Sankaran, le vice-président de Dell en charge des services, fait remarquer que Dell est jusqu’ici le seul fournisseur à avoir pensé à la composante matérielle. « L’Internet des objets (IoT), c’est d’abord collecter des données en provenance de milliers de sources, puis résoudre les difficultés de routage et de surcharge réseau que cela pose. C’est avant tout une problématique d’infrastructure pour le DSI », dit-il, en faisant remarquer que les solutions de BI en Cloud d’AWS et de Salesforce ne suffisent pas pour permettre aux entreprises de déployer une stratégie IoT.
L’IoT, un relai de croissance au-delà du datacenter
Cela dit, Dell espère profiter d’Edge Gateway 5000 pour vendre des licences de Statistica, un logiciel de traitement analytique que le constructeur a acquis l’année dernière en rachetant StatSoft et qu’il propose désormais soit sur site, soit en ligne. Arrivant dans une nouvelle version 13, Statistica se décline en plusieurs versions, chacune dédiée à un marché précis (banque, assurance, industrie et santé, pour l’instant).
Statistica dresse des rapports d’activité, produit des alertes et enclenche automatiquement des processus selon des règles définies par l’utilisateur. C’est lui, par exemple, qui dira à un prestataire qu’il est temps d’aller remplir la citerne d’un site, ou qui indiquera à un instant T quelle est la tendance d’achat chez les clients. C’est exactement ce que fait l’IoT Cloud de Salesforce, les jolis tableaux de bord en moins.
« Pour nous, l’IoT représente l’opportunité de vendre de l’équipement et des services dans le domaine du Big Data. Nous le voyons comme un relai de croissance », explique Claire Vyvyan, la vice-présidente de Dell EMEA en charge des solutions d’entreprise. Selon Allan Krans, Principal analyste pour le cabinet de conseil américain Technology Business Research, il s’agit surtout pour Dell d’inventer des activités nouvelles pour parer à une hypothétique chute de vente de ses serveurs : « Depuis qu’il a racheté EMC, Dell est le plus important fournisseur de matériel pour le datacenter. Mais cela ne le met pas à l’abri d’une désertion des datacenters si les entreprises décident de migrer toute leur informatique dans le Cloud », dit-il.
Traiter en local pour désengorger les réseaux
Selon Chase Sanders, le directeur du développement d’ELM Energy, un fournisseur américain d’équipements de surveillance pour les industriels, proposer une borne physique est exactement ce qu’il fallait faire pour simplifier le déploiement de l’IoT par les entreprises. « Il y a l’idée de permettre à la box de prendre des décisions automatiques, sans attendre que les données soient remontées en ligne. Dans le domaine de l’énergie, typiquement, la box de Dell va monitorer des batteries, des citernes, des frigos. Et si elle détecte une panne, elle pourra toute seule enclencher des équipements de secours », indique-t-il. ELM Energy a en l’occurrence écrit le logiciel embarqué dans la première version de l’Edge Gateway 5000, laquelle est destinée aux industriels.
Attendue en version finale dans les prochaines semaines, la box de Dell sera déclinée en mars 2016 en un modèle capable de supporter les températures les plus extrêmes en usines. En juin, un autre modèle sera destiné à être embarqué sur des véhicules. « Songez juste que si l’ensemble des taxis à New York étaient déjà bardés d’autant d’objets connectés que le prévoient les constructeurs automobiles, ils produiraient chaque jour 71 To de données, soit 26 Exa-octets par an. C’est trop. Personne n’a les moyens de rapatrier autant de données sur les réseaux ni de les analyser toutes en temps réel pour prendre des décisions rapides. En effectuant des traitements locaux, la borne va désengorger les réseaux et les services de Business Intelligence », décrit Jai Menon, le patron de la recherche chez Dell.
Une plateforme où tout reste à inventer
Selon lui, la déclinaison de la box sur plusieurs secteurs d’activités - Dell prévoit aussi des modèles domestiques - dépendra des capacités de la R&D de Dell à résoudre des défis techniques que l’on imagine encore assez mal. « Nous tâchons de nous projeter 4 à 5 ans dans l’avenir. La difficulté est que les objets connectés seront bientôt généralisés dans toutes les entreprises alors que très peu ne utilisent pour l’instant », dit Jay Menon.
On ne sait pas encore quelle forme prendront les kits de développement de l’Edge Gateway. Ni même si Dell les mettra en Open Source. Pour l’heure, l’Edge Gateway est composée d’un classique CPU Intel et du système Ubuntu Linux. Elle est conçue pour recevoir et émettre selon tous les protocoles sans fil, y compris celui du Français Sigfox, et dispose de plusieurs connecteurs exotiques pour être reliée en filaire à des équipements industriels.