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Unit4, l'éditeur de Coda et d'Agresso, passe un nouveau cap

Tout le monde connaît en France la gestion financière Coda et l'ERP Agresso. Des solutions qu'il faut désormais appeler Unit4 Financials et Unit4 Business World. LeMagIT revient sur la mutation qu'est en train d'opérer l'éditeur Unit4 qui n'est ni anglais, ni norvégien, mais néerlandais.

Encore inconnu jusqu'à peu, Unit4 est à l'origine un petit éditeur néerlandais créé dans les années 80, un petit "Cegid du Benelux" positionné sur le marché des experts comptables et TPE. L'éditeur s'est introduit sur la bourse d'Amsterdam en 1998 avant de véritablement s'illustrer avec l'acquisition du Norvégien Agresso puis du Britannique Coda en 2008. Editeurs bien connus en France, ces deux acquisitions signaient le véritable point de départ de la stratégie internationale de Unit4. Des acquisitions communes dans le secteur du progiciel mais dont Bertrand Boulet, Directeur général de Unit4 souligne la spécificité : "A la différence  d'un Sage qui a acheté des produits pour les maintenir sur leurs marchés locaux, les produits rachetés par Unit4 étaient déjà présents à l'international et avaient déjà démontré leurs capacités à sortir de leurs frontières d'origine."

Affublée de ces 2 grosses filiales, Unit4 était alors gérée de manière assez différente des éditeurs auxquels il avait à faire face sur le marché européen. Jusqu'à fin 2014, la holding était d'une taille très modeste et laissait une très grande autonomie à ses filiales. Une organisation "lean" qui présentait toutefois quelques inconvénients. Car outre laisser la marque Unit4 totalement dans l'ombre, celle-ci excluait de facto toute mutualisation de moyens et synergies entre les entités, chacun développant et conquérant des parts de marchés de son côté.

Un changement de logique

Conscient d'être arrivé au bout de ce modèle de développement, Chris Ouwinga, le PDG et fondateur d'Unit4 passe la main en 2013 et confie les rênes à un manager expérimenté du secteur, José Duarte. Celui qui fut le président de SAP en Amérique du sud, puis des zones EMEA et Inde avant de devenir président de SAP Global Services prend la direction de Unit4.

 C'est en 2014 que l'éditeur va connaître sa véritable révolution culturelle. Unit4 sort alors de la Bourse et son nouveau propriétaire, Advent International, va bouleverser l'organisation et la culture d'entreprise de l'éditeur. "Unit4 a alors connu un programme de transformation profond et extrêmement rapide. Advent International a lourdement investi afin d'insuffler un nouveau souffle à Unit4. Ils considèrent que Unit4 est une pépite et ils nous ont donnés les moyens de nous développer de façon rapide."

Ce nouveau souffle se traduit immédiatement par un grand coup de balai. Les patrons des filiales pays sont remerciés ainsi que l'ensemble du comité de direction. En France, les deux filiales sont fusionnées. "C'était un vrai changement de logique avec le président de chaque pays qui devient en quelque sorte un super directeur commercial dont l'objectif n'est plus seulement la rentabilité de sa filiale, mais la conquête de parts de marché." A son arrivée dans la filiale française, Bertrand Boulet  trouve deux commerciaux seulement,  il en dispose aujourd'hui d'une douzaine.

Autre changement d'approche, sur le volet R&D cette fois. L'éditeur conserve ses chefs de projet dans ses centres de R&D au Royaume-Uni et en Norvège, mais les développeurs sont remerciés. Unit4 fait maintenant appel au nearshore en Espagne et en Pologne pour développer les nouvelles fonctionnalités de ses offres. Ce recours à une main d'œuvre moins chère a permis à l'éditeur d'accroître les effectifs de développeurs de 50%, à coût égal.

Parmi les premiers chantiers entrepris par cette nouvelle organisation, la nouvelle interface utilisateur des offres Unit4 réécrite de A à Z. Autre projet lancé, l'unification des couches basses des offres Unit4, ainsi que l'arrivée du prédictif embarqué sous le label très marketing de "Self-Driving ERP". "Imaginez que vous être sous-traitant pour Airbus et que vous ayez déjà conçu pour eux le train d'atterrissage de l'A340. Lorsque Airbus va vous demander de lui faire une proposition pour un hypothétique futur A390, l'ERP va proposer de lui même des données par défaut lors de la création d'un projet similaire."

Unit4 va se concentrer sur les marchés éducation et services

Si Advent International veut relancer Unit4, le marché des ERP est déjà l'objet d'une intense concurrence entre les géants du logiciel tels que SAP, Microsoft et de nombreux autres acteurs tels qu'Infor ou Sage. Autant de concurrents peu enclins à laisser filer des parts de marché au néerlandais. "Nous sommes des gens humbles et nous n'avons pas la prétention de tout savoir faire",  déclare Bertrand Boulet. "Nous n'avons pas l'ambition de couvrir tous les marchés. Mais de mettre l'accent sur quelques marchés sur lesquels nous estimons notre offre supérieure à celles de nos concurrents. Clairement, le secteur de l'industrie et des grandes administrations centrales est saturé, mais c'est loin d'être le cas dans le secteur éducatif, dans les grandes écoles, les universités, ainsi que dans les sociétés de services. Même de grandes sociétés de service ne fonctionnent encore qu'avec un patchwork d'outils des plus divers et de beaucoup de développements spécifiques."

Si le directeur d'Unit4 France reconnait qu'il n'ira pas ferrailler avec SAP ou Oracle au siège des entreprises du CAC40, celui-ci espère bien tirer ses marrons du feu dans leurs filiales. Il évoque ainsi le cas d'un gros acteur de l'ingénierie en France qui avait fait le choix de SAP. "Il leur a fallu 5 ans pour déployer une première division. Pour toutes les autres, ils ont choisi Agresso ; ce qui leur a couté moins cher que pour cette première division seule."

Si Bertrand Boulet préfère laisser les entreprises du CAC40 à SAP, c'est que l'éditeur a donné comme cible principale à ses commerciaux les ETI à partir de 500 salariés, un marché beaucoup moins saturé par les ERP existants.

Un éditeur étonnamment discret sur sa stratégie Cloud

Etonnamment, si Unit4 a mis sur pied une  stratégie Cloud, le patron français d'Unit4 se montre plutôt discret sur ce point. On sait pourtant que FinancialForce.com, société créée par Coda et Salesforce en 2007 a levé 110 millions de dollars. Cette ERP en ligne vise pour l'instant essentiellement le marché anglo-saxon. Les patrons et DSI français, toujours très friands de personnalisations en tous genres se montrant encore très réticents vis-à-vis du modèle Saas quand il s'agit de leur ERP.

"On parle beaucoup du Cloud. Workday est peu présent en France, mais fait le buzz, c'est vrai", s'en amuse Bertrand Boulet. "Mais que fait-on avec Workday si on a besoin de le déployer en mode on-premise ? On ne peut pas. Dans les métiers du service, aucune entreprise n'est exactement comme sa voisine et dans ce cadre, le Cloud public peut avoir des limites. Notre position, c'est de ne pas imposer une religion à un client en la matière. Notre approche est de proposer la même plateforme en mode on-premise, en Cloud privé et en Cloud public. C'est le cas pour Agresso et ce sera bientôt le cas pour Coda." Si Unit4 est plus que discret sur son offre Cloud, celle-ci a recemment séduit Sushi Daly qui a fait le choix de Unit4 Financials (Coda) dans son mode Cloud.

Pour sous tendre cette stratégie Cloud, Unit4 s'appuie sur 2 datacenters, l'un à Amsterdam et l'autre à Manchester, ainsi que sur l'infrastructure de partenaires dans les autres pays européens, au grès des projets.

Des nouveautés pour les sociétés de services attendues en 2016

Après une année 2015 marquée par l'arrivée de nombreuses innovations en termes de produits, avec ces nouvelles interface et ce concept d'ERP prédictif, Unit4 va porter ses efforts en 2016 sur la partie services. "Cette année, beaucoup d'innovations sont venues enrichir notre offre pour le marché éducation. L'année prochaine, ce seront les sociétés de services qui bénéficieront le plus de nouveautés. Des fonctions majeures vont apparaître dans cette partie et il est probable que nous annoncions une à deux acquisitions dans les 12 mois qui viennent." Bertrand Boulet a notamment identifié quelques pépites en France qui pourrait faire l'objet d'une offre de Unit4, mais le dirigeant France ne veut pas en dire plus pour l'instant.

Autre chantier urgent pour Unit4, pour son service communication cette fois. L'éditeur a encore fort à faire pour faire oublier Agresso et Coda, des offres qui ont été rebaptisées Business World pour l'ERP Agresso et Financials pour Coda. Il faudra sans doute encore quelques années au Néerlandais pour faire oublier ses anciennes filiales.

 

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