IoT : la guerre des standards a commencé dans le Cloud
AWS donne à son tour d’un Cloud dédié à l’Internet des objets. L’approche est davantage axée sur les développeurs et moins sur les métiers, comme Salesforce.
Coup sur coup, Salesforce puis Amazon AWS, deux géants du cloud public, viennent de lancer leur plateforme pour collecter les informations envoyées par des objets connectés, pour les traiter et pour les intégrer dans un tableau de bord décisionnel.
« Philips, la Nasa et d’autres utilisaient déjà les ressources en ligne d’AWS pour collecter les informations envoyées par leurs objets connectés, mais sur la base de développements maison. Désormais, nous fournissons le kit complet - AWS IoT - qui permet d’automatiser cette collecte, de lancer des opérations automatiques avec un moteur de règles et d’inclure les relevés dans une base de données SQL ou Big Data pour d’autres applications », a lancé Marco Argenti, le responsable de la division Mobile & IoT chez AWS, lors du salon Re:Invent 2015 qui s’est tenu cette semaine à Las Vegas.
Deux semaines plus tôt, lors de son salon Dreamforce 2015 qui s’était tenu à San Francisco, Salesforce avait dévoilé IoT Cloud, une plateforme similaire. En terme d’offre, la solution de Salesforce présente l’avantage de l’ergonomie : la définition de règles qui déclenchent automatiquement une alerte ou une procédure tierce (« triggers ») est aussi conviviale que le reste des outils App Cloud qui se pilotent à la souris et tous les relevés s’affichent dans les nouveaux tableaux de bord interactifs Lightning Experience de l’éditeur.
En revanche, il n’y a pas de manière standard de demander aux objets d’envoyer leur données dans IoT Cloud : « les développeurs d’objets connectés peuvent les programmer pour qu’ils remontent leurs données dans Salesforce avec de simples commandes HTTP. Si les objets sont conçus pour rendre compte à un service propriétaire, comme cela est souvent le cas dans l’industrie, il suffira à l’entreprise utilisatrice de faire le lien entre ce service et Salesforce au moyen d’un ETL classique », explique Guillaume Roques, en charge des relations avec les développeurs chez Salesforce. Et de préciser que les ETL compatibles avec IoT Cloud se limitent pour l’instant à... celui d’Informatica.
AWS, tourné vers les développeurs
Du côté d’AWS IoT, c’est l’inverse. Le filtrage des relévés, la prise de décision par le moteur AWS Kinesis, le passage de messages à d’autres applications avec le moteur AWS Lambda et le stockage des données dans une des nombreuses bases d’AWS s’utilisent en programmant des API. Contrairement à Salesforce qui se veut utilisable par les métiers et les DSI, Amazon AWS privilégie le rôle des développeurs. De fait, l’envoi des relevés depuis les objets connectés est ici autrement plus encadré, quitte à ce que AWS IoT ne soit compatible qu’avec les objets qui ont été expressément écrits pour lui : AWS fournit trois kits pour programmer les objets (C-SDK pour l’électronique embarquée, JS-SDK pour ceux basés sur Linux et Arduino Library pour les cartes du programmables du même nom). Ceux-ci doivent envoyer leurs données au protocole MQTT ou TLS (avec certificats X509 pour la sécurité) au cloud d’AWS en passant par le DNS Route53 du fournisseur.
« Notre plateforme prend en compte un très grand nombre de fonctions. Par exemple, les applications qui traitent les objets connectés travaillent avec une copie virtuelle de cet objet (dite ‘shadow’) qui permet de ne pas bloquer toute la chaîne de production si un objet ne répond plus sur le réseau. Nous gérons la synchronisation asynchrone ! De plus, nous avons fourni à tous les fabricants d’électronique d’objets connectés le kit qui leur permet d’être compatibles nativement avec AWS et de distribuer gratuitement le SDK approprié à AWS aux développeurs », se félicite Werner Vogels, le grand patron de la technologie chez AWS.
Parmi ces partenaires de l’électronique embarquée, Intel propose déjà une carte mère basée sur son composant Edison directement compatible avec AWS. Intel mettra par ailleurs bientôt dans AWS un nouveau moteur analytique TAP dont on dit qu’il serait particulièrement performant pour traiter les données des objets connectés grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle. Il est à noter qu’Intel propose ce partenariat à un seul autre prestataire de cloud dans le monde : le français OVH. Celui-ci a récemment proposé de financer à hauteur de 1 million d’euros tout projet d’objet connecté.