I-connect : les acteurs de l’Internet des objets abattent leurs cartes
Réunis à Lyon lors du salon I-connect, les acteurs de l’Internet des objets ont pu livrer une cartographie des usages et des défis qu’il reste encore à relever
Transport, santé, villes et bâtiments intelligents, agriculture, industrie, toutes les activités professionnelles sont concernées par l’IoT (Internet of Things). Au-delà des nombreuses solutions présentées, ce salon pointe le très gros enjeu commercial sur la maitrise des réseaux de communication bas débit pour l’Internet des objets avec 2 acteurs majeurs, Sigfox et Lora.
Avec 50 milliards d’objets connectés, au minimum en 2020 selon Gfk soit 15 % des objets reliés à Internet, le marché de l’IoT fait saliver de nombreux acteurs : réseau mondial bas débit, fabricants de capteurs, produits et services, designers, intégrateurs et plateformes de gestion de données.
Les applications grand public, domotique, bracelets, brassards et balances connectés les plus médiatisés n’en sont que la face la plus visible. Le potentiel de développement le plus important se trouve dans les applications BtoB, industrie en tête. Ainsi Actility propose une solution qui permet de connecter des capteurs à des applications pour gérer l’effacement d’énergie électrique. En bref, abaisser ses coûts d’énergie en coupant à distance l’alimentation de machines, pompes, etc. selon un scénario d’utilisation déterminé au préalable.
Exotic Systems a quant à lui développé pour Michelin une solution pour gérer les informations de pression et de température issues de capteurs intégrés dans le pneu de gros camions d’exploitation minière. «Les données recueillies servent d’abord à prévenir l’éclatement des pneus dont les conséquences peuvent être dangereuses et couteuses», souligne Guillaume Blanc, Président d’Exotic Systems. «L’autre bénéfice de cette solution connectée est de permettre à Michelin de mieux connaître les conditions d’exploitation des pneus et d’améliorer le service rendu à son client ».
Côté applications de santé, il existe des solutions connectées telle que celle de Nouveal qui assurent la traçabilité de la chaine du froid notamment pour les médicaments et vaccins thermosensibles. Oceasoft apporte ainsi une solution aux exigences de traçabilité de la chaine du froid notamment pour les médicaments et vaccins, dont plus de la moitié sont thermosensibles. La collecte à distance de paramètres physiologiques et biologiques (température, pression artérielle, activité, etc.) pose des problèmes de confidentialité des données.
Les collectivités locales feront aussi appel aux objets connectés avec, par exemple, des solutions qui signalent les places disponibles aux automobilistes dans les parkings, via des capteurs en réseau.
Des réseaux bas débit longue distance pour l’Internet des objets
Pour faire face aux connexions de milliards de capteurs et objets connectés des particuliers, des entreprises et collectivités, il faut un réseau de communication longue distance, bi-directionnel et à très faible débit. Sigfox, s’est positionné le premier sur ce marché et couvre aujourd’hui 80 % du territoire français. Il est aussi présent en Espagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Sur le salon-connect, Eric Nicolas, directeur marketing de Sigfox a annoncé son déploiement prochain aux Etats-Unis. Le tarif est d’un euro par an et par objet connecté, pour un volume d’un million d’objets - un nombre qui correspond aux volumes demandés par un assureur, une grande ville, etc.
Lora, lancé par Semtech son challenger le plus proche, se positionne sur le même créneau mais est arrivé plus tard sur ce marché très disputé. D’autres opérateurs tels Qowisio et Neul (par Huawei) sont aussi présents.
En complément à ces infrastructures de l’IoT, Matooma a présenté une solution basée sur les réseaux 3G et 4G, un forfait multiopérateurs qui choisit le meilleur signal disponible pour rester toujours connecté avec les plateformes de traitement des données.
La sécurité et la législation doivent encore évoluer
Tous les intervenants et exposants au salon i-connect se sont voulus rassurants sur les risques de piratage, tant au niveau des particuliers sur la domotique connectée ou la voiture, que pour les entreprises et les collectivités. Les couches de sécurisation doivent être bien implémentées tant au sein des solutions que dans la communication des données pour éviter la prise de contrôle frauduleuse d‘objets, de véhicules ou de processus industriels.
Côté législation, le statut de la propriété des données structurées et non structurées (capteurs) n’est aujourd’hui définie que par un contrat et non par un cadre législatif précis. Qui possède les données et qui est responsable de leur utilisation ? Les réponses ne sont pas tranchées. Elise Dufour, avocate du cabinet Bensoussan, rappelle que pour la santé, il existe aujourd’hui 84 hébergeurs de données agréés par le ministère de la Santé.
Enfin, thème de débats au salon i-connect, la voiture connectée autonome opérationnelle en circulation réelle n’est pas attendue avant 10 ans et doit surmonter beaucoup d’obstacles techniques autant que juridiques. Mais là encore, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car au final les modèles économiques restent aussi à inventer.