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Le nouveau Database 12c SE2 d’Oracle fait moins pour plus cher

Au prétexte de rattraper la puissance des processeurs, Oracle vient de revoir les tarifs de son SGBDR édition standard à la hausse et ses caractéristiques à la baisse.

La principale caractéristique de la nouvelle mise à jour d’Oracle Database 12c Standard Edition n’est pas technique, mais pécuniaire : elle fait grimper le coût de la licence par processeur de 5 036€ HT à 15 194€ HT. Soit une multiplication par 3. « Ce n’est qu’un juste rattrapage ! Voilà dix ans qu’Oracle n’avait pas significativement revu le mode de calcul des licences pour son moteur de base de données. Or, durant tout ce temps, les performances des processeurs ont bondi », défend Romain Pannequin, en charge du conseil en actifs logiciels chez Digora, l’une des grandes ESN (Entreprises de Service Numérique) françaises spécialisées en bases de données Oracle. 

Romain Pannequin, qui démêle la logique des licences Oracle depuis 10 ans, se veut avant tout rassurant : « il est important de noter que cette augmentation de tarif ne concerne que les nouveaux clients. Les utilisateurs de la version précédente ne devront pas ajouter de sommes supplémentaires à celles qu’ils avaient déjà versées pour l’achat de licences », dit-il. Hélas, il ajoute : « tout au plus, Oracle prévoit d’augmenter de 20% le prix de leur support... »

Les licences utilisateurs jusqu’à 6 fois plus chères

Oracle oblige, on peut choisir de plutôt acquérir le logiciel avec des licences par utilisateur. Dans ce cas, le prix ne bouge pas depuis la version 12.1.0.1, soit 304€ par personne ayant accès à la base de données. Mais il y a une ruse. Alors qu’Oracle demandait auparavant à une entreprise d’acheter au minimum 5 licences utilisateurs, il faudra désormais qu’elle s’acquitte d’un minimum de 10 licences utilisateurs... par serveur ! Faisons le calcul : alors qu’il fallait avant débourser 1 520 € pour que trois développeurs, par exemple, aient accès à trois serveurs de base de données, il faudra désormais faire un chèque de 9 120 €, soit un montant multiplié par 6 !

Selon Digora, dans la majeure partie des cas, les utilisateurs d’une base Oracle sont suffisamment nombreux pour que le prix du logiciel soit plus avantageux en achetant les licences par processeur.

Plus que deux processeurs autorisés

Et les inconvénients de la nouvelle version ne s’arrêtent pas au prix. Il n’est plus permis non plus d’utiliser la Standard Edition d’Oracle Database 12c sur des serveurs ayant plus de deux processeurs physiques, ni même d’ailleurs sur un cluster totalisant plus de deux processeurs (soit un maximum autorisé de deux serveurs avec un seul processeur physique chacun...).

Auparavant, la Standard Edition 1 acceptait un maximum de quatre processeurs physiques, sur un serveur, comme au total dans un cluster. Mais Romain Pannequin jure qu’il s’agit là d’un faux problème : « encore une fois, les processeurs sont devenus si puissants que, de toute manière, le public auquel se destine ce SGBDR n’achète plus que des serveurs physiques à deux processeurs car ils sont bien assez performants. Les serveurs à quatre sockets ont quasiment disparu du marché !», assure-t-il.

En fait, le surcoût d’un serveur physique à quatre processeurs serait tel  - par rapport à un matériel qui n’en possède que deux - qu’installer dessus Postgres, le concurrent Open source de Database 12c, coûterait aussi cher que déployer deux serveurs bi-sockets équipés du logiciel propriétaire d’Oracle.

Romain Pannequin témoigne que, sur les 450 clients de Digora, seuls deux ou trois utilisent la SE avec 4 processeurs dans un serveur.

Condamnation du mode cluster enn Standard Edition 2

Quant à la partie cluster, Romain Pannequin reconnaît que les serveurs à un seul processeur ne correspondent plus non plus à l’offre disponible sur le marché. « La solution cluster est de moins en moins utilisée en Standard Edition. Techniquement possible avec l’utilisation de la fonctionnalité gratuite de clustering Oracle RAC, elle rajoute une couche de complexité pour certaines PME utilisatrice de la Standard Edition. En particulier à cause du système de fichiers propriétaire Oracle ASM » élude-t-il. Selon lui, les utilisateurs auraient ainsi fini par opter pour des solutions plus simples et moins coûteuses de reprise d’activité (PRA) entre deux serveurs. Alors qu’un cluster fait travailler de concert deux serveurs pour une même base de donnée, une solution de PRA se contente de copier régulièrement le contenu d’un serveur sur l’autre. Mais pour l’entreprise, le but final est le même : dans les deux cas, il s’agit d’avoir un serveur de secours sur lequel travailler si l’autre tombe en panne.

« La configuration en PRA est ce que nous appelons la Standby Standard Edition. Elle fonctionne avec des scripts de synchronisation que nous avons développés », ajoute Romain Pannequin.

Une nouvelle génération sans apport technique

Pour couronner le tout, une base de données exécutée par cette nouvelle version ne pourra plus lancer que 16 flux de traitement simultanément (threads), contre une quantité illimitée auparavant. « Toutefois, il s’agit de 16 threads par base de données. Un serveur qui possède deux processeurs hyperthread avec 12 cœurs chacun, soit un potentiel de traitement de 48 threads simultané, pourra exécuter trois bases de données avec seulement deux licences processeurs, soit un prix de 30 388 € », précise Romain Pannequin.

Numérotée 12.1.0.2, cette simple mise à jour de la version d’entrée de gamme du célèbre SGBDR d’Oracle se voit par ailleurs attribuer le nouveau nom de SE2 (Standard Edition 2). Mais, mis à part quelques corrections de bugs, rien ne semble la différencier techniquement de la SE1 qui se vendait jusqu’alors.

A noter que la version SE1 sera encore installable jusqu’au 30 novembre 2015. A l’ancien tarif ? Digora ne sait pas se prononcer. Mais selon toute vraisemblance, la disponibilité temporaire de la SE1 semble correspondre au temps accordé aux clients existants pour tester la compatibilité de la SE2 ; il ne serait a priori plus possible de souscrire à l’ancienne version dans le cas d’un nouveau déploiement.

Il existe par ailleurs la version Enterprise Edition qui, elle, n’a aucune de limite (et offre de surcroit des options comme le cluster ou l’exécution en mémoire). Elle coûte 41 240 € par socket. En version 12.1.0.1 comme 12.1.0.2, elle.

Le prix des logiciels Oracle, et à fortiori de Database 12c, est calculé d’après la puissance du serveur physique qui les exécute. Ce qui rend théoriquement illégal la virtualisation de Database 12c dans vSphere 6 de VMware, puisque l’intérêt de celui-ci est de répartir dynamiquement la charge de travail sur plusieurs serveurs physiques.

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