Red Hat rapproche les serveurs ARM de la réalité
Red Hat Enterprise Linux pour serveurs ARM permet aux développeurs d’envisager de nouvelles applications. Mais l’écosystème matériel et logiciel pour ARM 64 bits n’est pour l’heure pas plus qu’une vision.
Les serveurs ARM n’ont pas encore fait leur entrée dans les centres de calcul des entreprises, mais Red Hat laisse entrevoir un avenir où ARM y ira sa place.
L’éditeur vient en effet de fournir une préversion développeurs de sa distribution Red Hat Enterprise Linux (RHEL) pour processeurs ARM. RHEL Server for ARM Development Preview 7.1 pour serveurs ARM 64 bits est accessible aux utilisateurs finaux via le programme d’accès anticipé partenaires de l’éditeur.
Et bien que l’offre d’ARM soit « loin d’être transformée en produits », Red Hat entend travailler avec la communauté pour affiner et faire évoluer son système d’exploitation, assure Paul Cormier, président de l’éditeur en charge de la technologie et des produits.
En amont, le projet Fedora continue d’ailleurs de produire régulièrement de nouvelles versions de sa distribution pour serveurs ARM 64 bits. A terme, Red Hat prévoit de fournir une version ARM de chaque mise à jour de RHEL, en même temps que la version x86.
Les utilisateurs de RHEL se retrouveront en terrain connu et profiteront du support de Java mais également des mêmes utilitaires et outil qu’avec RHEL 7.1 pour x86, explique Jon Master, architecte ARM en chef chez Red Hat.
L’éditeur travaille avec les concepteurs de processeurs et de matériels pour lier son système d’exploitation aux matériels ARM présents et futurs, dont les serveurs lame HP Moonshot et les plateformes de Dell, Lenovo et des membres du projet Open Compute tels que Hyve Solutions et StackVelocity.
Aux côtés d’autres groupes, Red Hat et ARM ont participé à l’élaboration de la spécification Server Base System Architecture pour les matériels afin de disposer d’une version d’OS fonctionnant avec tous les serveurs ARM, explique Jim Totton, vice-président et directeur général de l’activité plateformes de Red Hat. ARM attend de son côté que les constructeurs innovent et se différencient sur la base de ce standard, selon un porte-parole.
Alors pour Red Hat, la balle est désormais dans le camp des DSI qui peuvent commencer à essayer de porter leurs logiciels sur sa distribution ARM.
La longue adoption d’ARM
Il faut dire que la clé est là. Les serveurs n’existent pas sans un écosystème applicatif. Et les applications conçues pour fonctionner sur des serveurs x86 – ou autre – doivent être adaptées. Ou bien de nouvelles applications doivent être écrites pour ARM. Et Totton de souligner que la Developer Preview est là pour ça.
Mais pour Jim McGregor, analyste chez Tirias Research, « le logiciel n’est pas vraiment un problème aussi important que l’on peut le penser. Nous avons passé des années à abstraire le logiciel du matériel avec notamment la virtualisation ».
A l’occasion du Red Hat Summit, la semaine dernière, Masters a fait la démonstration d’une application Apache Spark s’exécutant avec la developer preview sur huit serveurs HP Moonshot 64 bits, collectant et analysant des données s’appuyant sur des mots clés de Twitter.
Red Hat ne s’engage pas, pour l’instant, sur une date de disponibilité d’une version supportée de RHEL Server pour ARM. Mais Totton assure qu’elle sera prête en même temps que les modèles de matériels OEM pour serveurs ARM.
Mais quel sera le modèle tarifaire ? Avec une informatique distribuée, intégrant des objets connectés, des serveurs ARM à base consommation sont potentiellement attractifs. Mais le nombre d’entre eux qu’il pourrait être nécessaire de distribuer ne convient pas au modèle de licence de RHEL pour les serveurs x86.
Totton ne répond pas directement à la question. Pour lui, la nature théorique d’un écosystème serveur ARM se traduit par plusieurs pistes différentes. Et d’illustrer : si des processeurs ARM affichaient des performances comparables à celles de Xeon, la tarification de RHEL pour ARM serait comparable à celle de RHEL pour x86. Mais sur le matériel ARM 64 bits s’avère radicalement différent, Red Hat adaptera son modèle de licences en fonction de la manière dont le matériel opère les traitements.
« Nous avons eu la même question au moment du passage aux processeurs à plusieurs cœurs », relève McGregor. Et d’anticiper un modèle de licence à plusieurs couches ou basé sur le nombre de nœuds sur le réseau.
De son côté, Totton prévient : pour lui, les suppositions relatives à la consommation électrique, au coût et aux performances des serveurs ARM ne sont… que des suppositions : « savoir si ARM consomme moins que les processeurs x86 ou non reste une question ouverte ».
Adapté de l’anglais.