Red Hat : vers une nouvelle tarification pour l’offre Ceph
Red Hat prévoit de changer son modèle tarifaire à l’abonnement de son offre Ceph après avoir écouté les retours de ses clients, a confirmé le directeur de produit.
Red Hat a prévu de modifier la grille tarifaire de son offre de stockage logiciel sur Ceph qualifiée de « cassée » par les clients. Selon eux, la facturation de l’abonnement au nœud ne fonctionne pas.
Neil Levine, directeur en charge de la gestion du produit, chez Red Hat, a confirmé que le nouveau modèle tarifaire associera une capacité donnée à un nombre de nœuds auquel l’utilisateur sera admissible. La nouvelle grille n’a pas pu être finalisée dans les temps pour le Red Hat Summit qui s’est tenu la semaine dernière à Boston, mais elle devrait être dévoilée d’ici les trois prochaines semaines, rappelle le directeur.
Neil Levine, qui a rejoint Red Hat en mai 2014 suite au rachat de Inktank (le créateur de Ceph), a fait cette annonce en fin de semaine dernière, lors d’une session portant sur le futur de Ceph. Pour mémoire, Red Hat Ceph Storage repose sur la brique Open Source Ceph.
« Dans le stockage, les clients veulent une capacité de stockage donnée, soutient-il. Et c’est également le dialogue que nous souhaitons avoir avec eux. Mais nous voulons toujours offrir un certain nombre d’accès à RHEL, pour que le client puisse le faire fonctionner sur le bon nombre de machine, le tout correctement audité. »
Selon lui, le modèle de facturation au nœud de Red Hat ne fonctionnait pas pour tous les clients, et le prochain pricing sera « plus approprié ». En revanche, il indique ne pas savoir si la facturation au nœud sera modifiée pour Red Hat Gluster Storage, l’autre offre de stockage de la firme au chapeau rouge.
« Gluster et Ceph sont déployés de façon très différentes, avec différents volumes et capacités. Le modèle Gluster n’est quant à lui pas « cassé », contrairement à celui de Ceph, ajoute-t-il. Et Red Hat s’emploie à corriger cela, en plaçant la priorité sur Ceph.
Pour Sayen Saha, qui dirige les activités autour Red Hat Gluster Storage, peu de clients auraient manifesté leur souhait de voir un modèle tarifaire à la capacité pour Gluster. « Notre grille de pricing au nœud fonctionne bien », confirme-t-il.
La grille de Gluster convient-elle ?
Pourtant, ce point de vue ne fait pas l’unanimité chez certains grands clients du groupe. Fair Isaac, par exemple, stocke plus d’un pétaoctet de données avec Red Hat Ceph Storage, mais a choisi une version Open Source de Gluster au-dessus de Ceph pour des typologies de déploiements qui nécessitent un système de fichiers. Nicholas Gerasimatos, directeur de l’ingénierie des infrastructures Cloud chez FICO, assure ainsi que ce problème de grille tarifaire se retrouve également avec Gluster.
« Le modèle est complexe et doit être simplifié », affirme-t-il dans un email séparé. « Par exemple, si vous souhaitez faire fonctionner Ceph, Gluster, OpenShift et OpenStack sur un seul nœud, cela nécessite plusieurs licences. Ce besoin de simplification fait sens, car les coûts liés à la capacité font sens. »
Sayen Saha explique que ce scenario, qui consiste à placer Gluster au-dessus de Ceph, est encore rare. « Si nous commençons à accumuler ce type de demande, comme FICO, nous devons alors imaginer une solution qui implique de ne pas avoir à faire payer deux fois », explique-t-il. « Je le reconnais. »
Selon lui, l’arrivée d’un contrôleur unifié pourrait en partie régler le problème. Lors du Red Hat Summit, le groupe a fait la démonstration en effet d’une technologie de contrôleur unifié qui permet de gérer Ceph et Gluster depuis une même console. La date de sortie n’a pas été confirmée.
Red Hat, face à des tarifs compétitifs
Mais cette rivalité (tarification au nœud contre à la capacité), n’est pas le problème de Red Hat en matière de prix. Car la concurrence - à la fois ceux qui proposent des offres reposant sur des briques Open Source, ou encore les fournisseurs de stockage bien établis - fait des offres à des prix quasi identiques, voire plus bas que ceux pratiqués par Red Hat, ont expliqué des participants présents à l’événement.
Selon David Manchado, architecte chez Produban, filiale IT de l’Espagnol Santander, les fournisseurs traditionnels comme EMC et Fujitsu souhaitent bien rester en place et rivalisent, en termes de prix, sur de vastes projets de déploiements, avec d’importants volumes de données.
« Nous avons reçu des propositions à la fois hardware et logiciel qui sont en-dessous des prix pratiqués par Red Hat », lance-t-il.
Santander stocke actuellement 30 To de données environ (copies non comprises) sur Red Hat Ceph Storage, détaille David Manchado. Toutefois, il note la facilité relative avec laquelle un utilisateur peut remplacer des solutions de Software-defined Storage, qui fonctionnent sur des serveurs de commodité, comparées aux offres de stockage traditionnelles. « Si dans le futur, quelque chose correspond mieux à nos besoins, nous ne sommes pas fermés. »
La concurrence est particulièrement féroce sur le front OpenStack. Selon Craig Hadix, un architecte de datacenter, Red Hat a besoin de baisser ses prix de moitié car des sociétés comme Mirantis, dans le monde OpenStack, sont dans la même gamme de prix.
« Les entreprises seront ouvertes à OpenStack car VMware s’exclut du marché », affirme Craig Hadix. « Red Hat a aussi commencé à le faire quelque peu, mais je pense que ce n’est pas intentionnel, juste de la négligence. Ils ne sont pas fixés sur le modèle tarifaire, et ils ont vraiment besoin de mieux le penser. » Selon lui, ses clients, des services financiers aux spécialistes du divertissement, disposent d’un budget et lorsque les prix deviennent trop élevés, ils sont passés au code source.
Traduit et adapté par la rédaction