Le CDO, futur DSI de l’entreprise ?
De plus en plus d’entreprises nomment un Chief Digital Officer. Quel est son rôle et son existence peut elle remettre en question celle des Directeurs des systèmes d’information ?
Il a fait son apparition il y a seulement deux ou trois ans mais déjà, il fait beaucoup parler de lui. Ce « Il » (ou « elle »), c’est le CDO, Chief Digital Officer (à ne pas confondre avec un autre CDO, le Chief Data Officer). Sa mission ? mener à bien la transformation digitale de l’entreprise en faisant l’interface entre les métiers, la DSI et la direction générale.
Selon une récente étude du cabinet Lecko, 40 % des sociétés du CAC 40 auraient déjà un CDO mais le mouvement se développe dans toutes les organisations moyennes et grandes. Si beaucoup sont issus de grandes écoles, ces CDO ont souvent un profil et un parcours assez variés à l’instar de Lubomira Rochet qui travaille chez l’Oréal, Yves Tyrode, à la SNCF ou Vivek Badrinath, chez Accor. « Beaucoup d’entre eux viennent du marketing digital. Ce sont souvent des cadres dirigeants qui ont travaillé sur des enjeux stratégiques et qui interviennent dans les Comex », souligne Arnaud Rayrol, directeur général de Lecko, agence de conseil qui accompagne les entreprises dans leurs projets digitaux.
Au CDO de savoir fédérer les équipes autour de lui afin de mener à bien les projets de transformation numérique. Non seulement au niveau des offres externes (applications mobiles, dématérialisation de la relation client…) mais aussi (et surtout) au sein de l’entreprise avec l’objectif de faire évoluer la culture interne vers plus de transversalité et d’engagement collaboratif
Le numérique requiert plus d’agilité
A priori donc, pas de confusion avec le CTO (DSI en bon français) mais plutôt un travail de partenariat entre les deux CxO. Pas si simple. Même si elles ne sont pas très nombreuses, certaines voix se demandent si à terme, le CDO ne pourrait pas venir supplanter le CTO. Leurs arguments : la part croissante du Cloud Computing qui voit l’entreprise externaliser un nombre grandissant de ressources (de la plateforme aux logiciels en passant par l’infrastructure) ; le poids également croissant des métiers qui lancent des projets numériques sans toujours en référer à la DSI (Shadow IT) et une certaine lourdeur des DSI qui empêtrées dans leur « legacy » auraient du mal à évoluer au rythme requis par la transformation numérique.
Arnaud Rayrol ne croit pas à ce scénario. Pour lui, « le DSI reste porteur du projet technologique. C’est un maillon essentiel de la transformation ». Néanmoins le patron de Lecko note que trop souvent encore, « l’IT dans les entreprises n’est pas adaptée aux nouveaux besoins d’innovation qui requièrent plus d’agilité pour pouvoir tester et recommencer de nouveaux projets. Par ailleurs beaucoup de DSI sont encore dans une résistance passive par rapport à ces changements car ils n’en comprennent pas les enjeux ». C’est pourquoi, si le rôle du DSI ne semble pas remis en cause, il est indispensable que ceux-ci s’adaptent vite s’ils veulent conserver leur place de pivot dans l’entreprise. Quant au CDO, Arnaud Rayrol estime que s’il réussit sa mission, « il sera le PDG de demain ».