Pure Storage revendique une baie Flash plus économique et modulaire
Avec sa baie 100% Flash, « FlashArray//m », Pure Storage veut remplacer les disques durs traditionnels et compte se donner les moyens commerciaux pour y parvenir.
Être plus original que les concurrents. Dans un contexte où beaucoup de fabricants cherchent encore la bonne formule pour vendre leurs baies de stockage 100% Flash, Pure Storage commercialise ces jours-ci une nouvelle solution affublée d’un nom iconoclaste - « FlashArray//m » - et, c’est peu commun, jure qu’on pourra la mettre à jour vers les technologies dernier cri durant au moins dix ans.
« Depuis 20 ans, tous les constructeurs imposent aux entreprises de remplacer leurs baies par de nouveaux modèles tous les trois, quatre ou cinq ans. C’est un non-sens, car pour augmenter en capacité, il faut commencer par racheter des To que l’on possède déjà. Au fil des ans, Pure Storage remplacera gratuitement les contrôleurs et les unités SSD défectueuses par des modèles de plus en plus denses, pour que l’ajout de capacité se résume au seul achat de modules Flash supplémentaires », lance Yann Le Borgne, directeur France de Pure Storage.
Il met au défi quiconque d’en faire autant. En vérité, il n’est pas le premier à promettre pareille chose; on se souvient par exemple de l’argumentaire des Pentium II upgradables sur carte fille, à la fin des années 90, ou encore de celui des serveurs lames interchangeables, vers 2006. De toute l’histoire de l’informatique, ces promesses n’ont jamais tenu plus de deux ans.
Proposer des ristournes pour concurrencer les baies à disques durs
Contrairement à ce qui a pu être écrit ailleurs, ni le programme commercial Evergreen (le prix de la maintenance n’augmente pas lorsque la baie a plus de trois ans), ni son option Forever Flash (on paie la maintenance plus chère pour bénéficier gratuitement de contrôleurs dernier cri tous les trois ans) ne sont nouveaux : Pure Storage les proposait déjà à ses clients depuis au moins deux ans. « Nous avons jusqu’ici gagné des contrats parce que nos baies de stockage sont économiquement les plus viables. C’est notre force. La nouveauté est que nous voulons désormais le faire savoir officiellement. C’est pourquoi nous avons décidé de donner des noms, Evergreen et Forever Flash, à ces concepts », reconnaît le directeur France.
Surtout, Pure Storage a la volonté de vendre à ses clients du stockage Flash pour tous les usages et de bannir les disques durs. « Il y a une inertie psychologique qui tend à faire penser que le Flash est plus cher et qu’il faut le réserver aux applications nécessitant d’importantes entrées-sorties. Mais les clients qui nous ont achetés des baies pour stocker du SAP, de l’Oracle ou de la Business Intelligence, ont fait leurs calculs. Tous, sans exception, ont alors migré des données classiques sur nos baies Flash car la solution était financièrement plus intéressante », raconte-t-il.
A noter que la seule véritable nouveauté commerciale est l’option dite « UpgradeFlex ». Elle consiste, si l’on ne souscrit pas à Forever Flash, à proposer des rabais sur le prix des contrôleurs selon la capacité supplémentaire que l’on achète en même temps. Pour le reste, si au bout de trois ans, un client dont le châssis est rempli veut augmenter sa capacité, Pure Storage s’engage à remplacer ses disques SSD par d’autres qui occupent moins de slots et à ne facturer que les unités Flash qui entreront dans les slots libérés.
Une double connectique interne pour préparer l’avenir
Yann Le Borgne se donne beaucoup de mal pour expliquer qu’Evergreen, Forever Flash et UpgradeFlex ne sont pas juste des approches commerciales, mais représentent de véritables avantages techniques. Il n’a pas totalement tort : la FlashArray//m dispose bien d’une conception modulaire qui lui assurerait, sur le papier, une pérennité au-delà de l’actuelle génération technologique.
Ainsi, la partie du châssis qui accueille aujourd’hui des disques SSD dispose en fond de panier d’une double connectique : à côté de chaque port SAS 12 Gb/s pour l’heure utilisé, on trouve un port PCIe/NVMe. « Ces connecteurs nous permettront demain de mettre dans la baie autre chose que des disques SSD. En effet, sachant que nous reléguons aux deux contrôleurs de la FlashArray//m toutes les fonctions de chiffrement et de Garbage collector, nous n’utilisons finalement que les composants Flash des disques SSD. Nous avons donc un intérêt à plancher sur notre propre design de modules Flash en NVMe pour condenser encore plus de capacité dans nos châssis », révèle Gabriel Ferreira, ingénieur avant-vente chez Pure Storage. Il indique que le PCIe remplace accessoirement le coûteux switch interne Infiniband des précédentes baies de Pure Storage, avec désormais 8 voies, à 1 Go/s chacune.
Les modules Flash NVMe ne devraient pas arriver avant 2016 ou 2017. Pour l’heure, les 20 slots du châssis de base accueillent... 40 disques. « Notre but était de proposer 40 To dans le châssis de base, mais au terme de nos tests, nous n’avons pas trouvé sur le marché de SSD de 2 To aussi fiables que les SSD de 1 To. En revanche, ces derniers sont désormais disponibles dans un format deux fois plus fin. Nous avons donc imaginé des modules Flash de 2 To composés d’une paire de SSD de 1 To chacun », explique Gabriel Ferreira. « Non seulement ce dispositif est extrêmement fiable, mais nous multiplions en plus les I/O par deux », ajoute-t-il. En face, la concurrence a eu moins de scrupules. HP, par exemple, propose des SSD de 3,9 To sur ses dernières versions de baies 3PAR.
2,6 fois plus dense
Parmi ses autres originalités, la FlashArray//m dispose de quatre modules NV-RAM de 8 Go chacun. « La raison d’être de ces modules est de stocker le contenu des tampons mémoire de la baie en cas de panne. Ils sont très importants car la FlashArray//m déduplique et compresse en mémoire les données avant de les écrire sur SSD pour économiser des cellules et ainsi allonger la durée de vie des unités Flash », détaille l’ingénieur avant-vente.
La FlashArray//m se compose en version de base, dite m20, d’un châssis 3U comprenant deux contrôleurs et 20 modules Flash (soit 40 SSD), pour une capacité totale de 40 To avec des performances de 150 000 IOPS. La version m50 dispose de deux tiroirs de disques additionnels, de 2U et 24 slots chacun, pour atteindre 88 To et 220 000 IOPS dans 7U. La m70 ajoute encore deux tiroirs de disques en plus pour 136 To et 300 000 IOPS dans 11U. A noter que les tiroirs de disques sont ceux de la génération précédente, qui n’acceptent que des SSD de 1 To. Il est probable qu’une nouvelle version, aussi dense que le tiroir interne du châssis de base, sorte avant la fin de l’année.
Comparativement, les anciennes baies Pure Storage FA420 et FA450 avaient deux contrôleurs autonomes de 2U chacun, puis les mêmes tiroirs de 24 disques SSD au-dessus. De plus, sur ces baies, les deux premiers tiroirs ne pouvaient accepter que des disques de 512 Go. Pure Storage avance avoir gagné 2,6 fois en densité et diminué par 2,4 la consommation électrique entre les deux générations. Reste à savoir ce qu’il en coûtera réellement aux entreprises pour migrer d’une FA450 à une FlashArray//m50 par exemple.
Le système, Purity OS, reste le même et ses mises à jour sont gratuites quelque soit le programme commercial auquel l’entreprise adhère.