L’Elysée placé sur écoute par la NSA
Des documents rendus publics par Wikileaks montrent comment la NSA a écouté trois présidents français successifs. Les Etats-Unis étaient déjà soupçonnés d’avoir attaqué l’informatique de l’Elysée.
Wikileaks vient de publier plusieurs documents montrant que la NSA a surveillé les communications électroniques de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy, et de François Hollande.
Ces documents sont des résumés d’échanges portant sur la crise financière mondiale, la crise grecque, ou encore la gouvernance de l’Union européenne et les relations de François Hollande avec Angela Merkel. Sans compter de premières protestations françaises, en 2010, contre l’espionnage de l’administration de Nicolas Sarkozy par les Etats-Unis…
L’Elysée n’a pas manqué de réagir à ces nouvelles révélations, évoquant des « faits inacceptables » et soulignant qu’ils « ont déjà donné lieu à des mises au points ». Celle de 2010 semble avoir eu une portée relativement limitée. Et pourtant, selon le communiqué de la Présidence de la République, « des engagements avaient été pris par les autorités américaines. Ils doivent être rappelés et strictement respectés ». A moins que la France ne se décide à appliquer un principe très américain : faire confiance, mais vérifier. En ce sens, l’Elysée assure que l’Hexagone « a encore renforcé son dispositif de contrôle et de protection ».
Sans surprise, plusieurs proches de Nicolas Sarkozy lors de sa présidence, et des membres de l’opposition, n’ont pas manqué d’exprimer leur indignation face aux actes révélés par Wikileaks.
Reste que ceux-ci ne sont pas vraiment une surprise. Fin 2012, l’Express assurait ainsi que le piratage dont avait été victime l’Elysée au mois de mai précédent, trouvait son origine aux Etats-Unis. Un an plus tard, Le Monde révélait une note interne de la NSA montrait que l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) avait effectivement soupçonné l’agence du renseignement américaine pour cette attaque.
Reste toutefois des interrogations bien légitimes sur les difficultés réellement rencontrées par les services américains pour écouter les responsables politiques français.
Début septembre 2013, une note adressée aux membres du cabinet du Premier ministre rappelait « les règles élémentaires qui doivent être appliquées au sein de l’administration » pour les échanges d’informations classifiées et sensibles. Celle-ci recommandait notamment le recours au smartphone chiffré Teorem. Mais le chiffrement n’est efficace que s’il est appliqué de bout en bout…
Et certaines pratiques observées laissent imaginer que les règles « élémentaires » de sécurité ne sont pas toujours appliquées, comme lorsqu’un membre du cabinet du ministre de l’intérieur déverrouille son smartphone avec le code 0000 alors même que Bernard Cazeneuve s’exprime sur la scène du Forum International de la Cybercriminalité.
Voir un membre du cabinet du #MinInt qui verrouille son smartphone avec 0000. C'est aussi ça, le #FIC2015
— Valery Marchive (@ValeryMarchive)
January 20, 2015