Alter Way et 3 entreprises rejoignent la galaxie Econocom
Econocom poursuit sa stratégie de croissance externe. Après 2 acquisitions au premier trimestre, pas moins de 4 nouvelles entreprises rejoignent le groupe de Jean-Louis Bouchard. L’objectif reste inchangé : réaliser 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017.
Après ECS en 2010, Osiatis en 2013, Jean-Louis Bouchard avait annoncé en début d’année 2015 ne plus vouloir procéder à d’acquisitions structurantes pour son groupe. Et pourtant, jamais Econocom n’aura réalisé autant d’acquisitions en un semestre.
Après Helis et Clesys, Econocom a annoncé des investissements majeurs dans Alter Way, société de service bien établie sur les services liés à l’Open Source, dans la société de service italienne Bizmatica, dans l’hébergeur espagnol Nexica, et enfin dans un Français spécialiste de la mobilité, Norcod. Pour autant, il ne s’agit pas d’acquisitions « classiques » où l’acquéreur achète 100% de sa proie pour l’intégrer à sa propre structure. Econocom a ainsi acheté 66% d’Alter Way, 70% de Bizmatica et 45% d’Helis.
Prises de participations plutôt qu'acquisitions
C’est la clé de la nouvelle stratégie de développement d’Econocom, comme l’a expliqué Jean-Louis Bouchard (en illustration) aux investisseurs : « Chaque innovation technologique change les rapports entre les gens, entre les gens et les sociétés et entre les sociétés. Nous voulons anticiper les changements que vont engendrer le tsunami numérique que nous connaissons aujourd’hui. Les grands groupes réalisent des acquisitions et voient les fondateurs de ces start-ups partir, ce n’est plus un modèle d’avenir. Nous voulons créer autre chose, sur le modèle de la galaxie avec des satellites qui gravitent autour de la planète Econocom. »
Prises de participations et surtout maintient des fondateurs en place contre une garantie d’autonomie de gestion sont les recettes qu’applique Econocom dans son approche.
Ainsi, Alter Way va pouvoir poursuivre sa stratégie de développement de chiffre d’affaires et son déploiement sur l’Europe, avec la bénédiction d’Econocom et accessoirement le soutien de ses 600 commerciaux qui seront invités à pousser les services des nouveaux venus dans le groupe auprès de leurs prospects.
Pour limiter les risques, Jean-Louis Bouchard privilégie les entreprises qui sont profitables, d’une taille moyenne de 10 millions d’euros de chiffres d’affaires, et qui ont donc passé la phase start-up et sont déjà bien structurées.
Si Econocom limite ses prises de participation à des entreprises de taille moyenne, la multiplication de ces opérations a un impact important sur le chiffre d’affaires du groupe. Les 6 opérations menées au 1er semestre représentent un chiffre d’affaires additionnel de près de 60 millions d’euros pour 400 collaborateurs supplémentaires.
Bruno Grossi, Directeur Exécutif en charge des acquisitions, de la stratégie et de la communication d’Econocom a dévoilé ses objectifs pour cette année et le plus gros reste à faire : le chiffre d’affaires additionnel visé doit atteindre 200 millions d’euros cette année et l’effectif doit croître de 1 400 personnes.
Digital Dimension, le prototype du nouveau modèle de développement d’Econocom
La meilleure illustration de ce modèle de développement par « galaxie » est sans nul doute Digital Dimension, bras armé d’Econocom dans le monde du numérique (essentiellement le mobile et le Cloud).
Cette entreprise a été créée à partir d’une feuille blanche il y a 18 mois. Econocom n’en détient « que » 50,1% et Georges Croix, son président, dispose d’une grande autonomie pour gérer ce satellite mais aussi développer sa propre galaxie.
L’entité a déjà réalisé 7 acquisitions depuis sa création, accrochant ETS, TEM, Norcod, Rayonnance, DMS, Aragon-eRH et DMS à son tableau de chasse. L’ensemble compte 300 collaborateurs et réalise déjà un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros. L’entrepreneur dispose d’un budget « acquisitions » de 100 millions d’euros à dépenser sur 5 ans avec un objectif, celui d’atteindre les 120 millions de CA d’ici fin 2016.
Digital Dimension est positionné sur le marché avec 4 lignes de services. La mobilité en priorité numéro 1, devant l’hébergement « front office », les applications Saas et enfin une marketplace pour proposer l’ensemble des services Saas qui vont enrichir peu à peu son portefeuille.
Outre la poursuite des acquisitions, Digital Dimension s’attaque désormais au marché européen. Sur les 120 millions de chiffre d’affaires espérés en 2016, 70 seront réalisés en France, 20 millions en Espagne, les 30 millions restants devant provenir des Pays-Bas, des pays scandinaves, d’Allemagne, d’Italie et de Belgique. Si ce plan d’expansion est mené à bien, Jean-Louis Bouchard évoque déjà la piste d’une introduction en bourse de cette entité d'ici 4 à 5 ans.
Digital Security : nouvelle entité sur le marché de la sécurité de l'IoT
C’est sur ce modèle que Jean-Louis Bouchard a annoncé la création d’une nouvelle entité, Digital Security. Comme son nom l’indique, celle-ci est dédiée au juteux marché de la sécurité informatique. Cette entité est détenue à 55% par Econocom. Elle va devoir cohabiter avec les équipes sécurité d’Helis et surtout de Clesys/ B612, sociétés qui ont rejoint le giron du groupe au premier trimestre 2015.
Alors que la sécurisation des infrastructures informatiques réseau et serveur sont déjà occupés dans le groupe, Digital Security a pour mission de créer son marché en se positionnant sur la sécurité de l’Internet des Objets. Première initiative dévoilée lors de l’annonce officielle, la mise en place d’un CERT (Computer Emergency Response Team) dédié à la sécurité des objets connectés. Outre cette tour de contrôle de la sécurité des objets connectés de ses clients, un laboratoire de R&D doit être créé sur cette thématique de l’Internet des Objets.
L’ambition est claire pour Econocom : Digital Security doit être l’un des leaders du marché français de la sécurité et afficher une taille comparable à celles de Solucom, Lexsi ou Sogeti Sécurité. Econocom ne fait aucun mystère sur la façon dont il compte arriver à un résultat aussi spectaculaire : des entreprises de sécurité vont très rapidement rejoindre le groupe, d’ici la fin de l’année.
Il reste encore entre 150 et 200 millions d’euros dans l’enveloppe qu’Econocom compte investir d’ici 2017. Des millions qui iront vers des entreprises de sécurité, mais aussi vers des entreprises liées à l’e-Santé.
Investissement dans la e-Santé avec la BI médicale et la gestion des données cliniques
La création d’une nouvelle entreprise dans ce domaine est désormais à l’ordre du jour. Il s’agira d’une filiale à 100% Econocom qui aura pour mission de prendre des participations dans des sociétés du secteur. Avec une vingtaine de millions d’euros à investir, l’objectif de ce nouveau projet est de constituer un pole e-Santé constitué de 4 à 5 sociétés spécialisées dans le secteur dans un délai de 3 ans maximum.
Parmi les domaines privilégiés par le Comex d’Econocom, la Business Intelligence médicale, la gestion des données cliniques, la gestion des établissements, des soins et des patients. « Nous avons considéré avec Jean-Louis (Bouchard) que l’e-Santé, c’est maintenant qu’il faut y aller et nous pensons avoir créé le bon dispositif pour se positionner » argumente Bruno Grossi.
Les chiffres d’investissement avancés par Econocom pour cette stratégie d’acquisition peuvent donner le tournis. Econocom a réussi à lever plus de 100 millions d’euros en obligations Europe Placement Privé en mai dernier ; ce qui lui donne les moyens de multiplier ainsi les prises de participations.
Néanmoins, les domaines choisis par le groupe font consensus : transformation numérique, sécurité informatique, e-Santé. Jean-Louis Bouchard et son comex jouent la sécurité de même que chaque entreprise doit être profitable avant de devenir un satellite Econocom.
Objectif : un CA de 3 milliards d'Euros en 2017
C’est donc sereins que les dirigeants d’Econocom ont réaffirmé que l’objectif des trois milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 2017 serait bel et bien tenu - de même que l’objectif de résultat opérationnel de 150 millions d’euros.
Et si, en 2014, l’acquisition d’Osiatis avait permis à Jean-Louis Bouchard d’afficher une croissance de 18,4% (contre 3% seulement de croissance organique), le premier trimestre et surtout le second trimestre 2015 (qui « se profile très bien ») ont rendu plus que confiant les dirigeants du groupe sur le déroulement de cette mutation engagée en 2013.